P3 / Chapitre 13

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Fanny voyait le jour forcer pour entrer dans leur chambre derrière les rideaux. Mais elle resta couchée contre le corps de David qui venait de s'endormir. Leurs peaux collées, leurs jambes emmêlées. Alors que sa respiration changeait, signe qu'il n'avait fait que somnoler, il tourna la tête vers elle et passa un bras autour de sa taille. Il faisait chaud, dehors, ici, sous ces draps, dans ses bras. Mais elle ne voulait plus jamais ressentir autre chose.

- J'adore avoir la maison pour nous.

Il glissa son corps sur le sien, posant son menton sur son ventre avant de reprendre.

- On devrait faire ça plus souvent, sourit-il.

- Tu veux dire le matin ? Parce qu'on est plutôt du soir d'habitude, elle jouait encore.

- Je veux dire prendre du temps, tous les deux.

- J'aimerai ça aussi.

- On travaille ensemble, on vit ensemble, mais finalement, on est plus si souvent que ça « ensemble ».

- Les frères Rodriguez auraient-ils tous les deux envie de changer leurs façons de vivre ?

- Pas trop, disons quelques ajustement d'emploi du temps ?

- Oui, c'est ce que je veux aussi.

...

(Flash Back)

Fanny avait beaucoup observé David après le concert. Elle le regardait en cours, au self, pendant les pauses. Il parlait à tout le monde, il ne restait jamais vraiment avec quelqu'un. Des filles lui tournaient autour mais il n'avait pas l'air intéressé. Parfois, il semblait deviner sans la voir qu'il était observé. Et quand leurs regards se croisaient, Fanny se sentait rougir.

Elle avait repensé à quand il était parti sous la pluie après le concert. Quand elle avait essayé de le retenir. Et elle se demandait depuis ce qu'elle avait voulu faire au juste ? Le retenir et après ?

Surtout que maintenant qu'elle avait refusé ses avances il ne semblait plus jamais faire attention à elle. Bon, elle n'avait jamais remarqué qu'il faisait attention à elle avant non plus, alors comment savoir ?

L'été était arrivé avec la fin des cours. Et parce qu'elle ne savait jamais se poser, elle courait toute la journée pour rejoindre tels ou tels amis un coup à la piscine, un coup au terrain de skateboard, un coup dans le parc. Un soir, alors qu'elle roulait à vélo pour rentrer à la maison, elle le vit remonter la rue en skate dans la direction opposée. Leurs regards se croisèrent et il lui sourit une seconde avant de continuer sa route. Fanny s'arrêta brusquement, au milieu de la route, ne comprenant pas pourquoi son cœur était si agité dans sa poitrine. Et, sans plus réfléchir, elle abandonna son vélo contre le mur pour lui courir après.

- David ! cria-t-elle en le voyant tourner au coin de la rue.

Elle cru qu'encore une fois elle n'avait pas su le retenir et sentit ses épaules s'affaisser alors qu'elle peiner à reprendre son souffle, déçue. Mais il revenait, sa planche à la main, un peu surpris qu'elle ait crié son nom au milieu de la nuit.

- Tu vas bien ? s'enquit-il en approchant d'elle tranquillement.

Elle ne savait pas quoi lui répondre. Elle ne savait pas pourquoi elle l'avait appelé.

- Tu m'as couru après ? se rendit-il compte en voyant son vélo plus loin.

- Peut-être.

- Ok.

Ok ? OK ??? Elle avait une de ces envies de lui en coller une avec ses « ok » bordel !

Mais David sourit, le sourire révélateur qui indiquait que son calme n'était qu'apparent. Il avait hésité un quart de seconde, caché derrière le coin du mur, à revenir vers elle après avoir entendu sa voix. Depuis le concert il s'était acharné à l'ignorer mais elle ne lui rendait pas la tâche facile à toujours se retrouver dans son champ de vision où qu'il soit. Parfois il avait eu l'impression qu'elle le regardait. Mais ce n'était pas possible, elle lui avait dit qu'il n'avait aucune chance.

Fanny avait du mal à maîtriser sa respiration, et ça se sentait quand elle parlait. Pourtant si elle ne disait rien il allait simplement partir.

- Tu as froid ? demanda David tout proche en touchant son épaule qu'il voyait frissonner.

Au contact de sa main, le frisson se répandit sur toute sa peau, jusqu'à la base de ses cheveux, créant comme un effet de frais qui lui fit monter le rouge aux joues.

- Non, avait-elle soufflé en regardant sa main s'éloigner d'elle.

- Il est tard je vais...

- Tu as dit que je te plaisais l'autre jour...

- Oui, il rit en se passant la main dans les cheveux, je m'en souviens.

- Je t'ai dit de laisser tomber.

- Je m'en souviens aussi, et tu vois, j'écoute.

- Laisse pas tomber.

- O...

- Répond pas ok, dit-elle presque comme une menace.

- J'ai jamais laissé tomber, j'ai juste fait comme avant.

- Comme avant ?

- Quand tu ne savais même pas que j'existais, je continue de penser à toi dans mon coin et...

- Je sais que tu existes, ça y est.

Il souriait comme s'il voulait lui envoyer toute sa joie en pleine face, elle avait presque envie de mettre sa main en rempart pour ne pas être irradiée par ce visage. David fit un pas vers elle, ça l'obligeait à baisser la tête pour la regarder dans les yeux, mais elle ne recula pas.

- Tu penses à moi aussi maintenant ?

Et ce fut le premier de ces sourires qu'elle ne destinait qu'à lui.

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