P1 / Chapitre 6

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Florian se laissa tomber dans l'herbe quand il décida qu'il avait suffisamment fait courir la pauvre Margot qui arriva juste après lui.


- T'es parti en avance, c'est pas juste, protesta la jeune femme essoufflée.

- Avoue ta défaite, ça restera entre nous !

- Jamais !


Margot vint s'asseoir pas loin de lui, dans l'herbe fraîche, le temps de reprendre son souffle.


- C'est beau ici, dit-elle en remarquant les jeux de lumière du soleil entre les branches.

- Je viens tellement souvent que j'oublie de le remarquer parfois.


Le jeune homme s'allongea dans l'herbe, une main sous sa tête pour regarder les branches danser dans la brise une seconde. Il avait beau lutter pour faire celui qui n'avait pas besoin de reprendre son souffle, il n'en pouvait plus en réalité ! Il redoutait déjà de finir son footing en gardant le rythme.

Margot avait furtivement observé Florian qui s'était allongé à côté d'elle, une main sur son ventre, relevant légèrement son t-shirt. Furtivement parce qu'elle n'avait pas osé s'attarder sur la parcelle de peau nue qu'il exposait sans s'en soucier. Elle s'étonnait de le trouver autant à son goût alors qu'elle n'avait plus le goût de rien depuis si longtemps. C'était nouveau et déstabilisant. Et ridicule, il ne fallait pas qu'elle oublie le ridicule. L'ancien crush qui se rend compte trop tard que finalement... En même temps à l'époque c'était déjà perdu d'avance, il était trop jeune pour elle et elle ne le voyait pas autrement que comme un enfant. Mais, l'homme d'aujourd'hui était-il encore trop jeune pour la femme qu'elle était ?

Elle n'essaierait pas de répondre à cette question, c'était une mauvaise idée de penser à ce genre de chose alors qu'elle était si perdue dans sa vie.

Quand elle osa à nouveau le regarder, il avait fermé les yeux. Elle se permis de le détailler davantage, son pouls s'accélérant. C'était peut-être seulement parce qu'elle se sentait seule ? Et indésirable ? Et seulement qu'elle le trouvait beau ?

La sonnerie de son téléphone la fit revenir à la réalité, faisant également se redresser Florian.

Margot s'éloigna de quelques pas pour répondre en voyant le nom de son ex-mari s'afficher sur l'écran.


- Allô ?

- Tu es bien arrivée ?

- Je suis arrivée avant-hier en fait.


Elle restait froide, mais l'homme ne semblait pas s'en soucier.


- Tu n'es pas trop fatiguée par le voyage ?

- La France c'est pas si loin, le vol est vite passé, dit-elle.

- Non, maintenant c'est la Suède qui n'est pas si loin.

- C'est vrai, je suis chez moi à présent.


Il ne répondit pas, elle devina simplement son soupir. Combien de leurs disputes avaient commencé par cette idée qu'elle ne se sentait pas chez elle ?


- Comment va Lily ? demanda-t-elle en serrant les dents.

- Bien...Tu n'as pas le mal du pays alors ? changea-t-il de sujet.

- Non, Jon, rien ne me manque.

- Peut-être qu'un jour tu reviendras me voir ?

- Non.

- Je pensais à nous ce matin.

- Il faut que tu arrêtes.

- Pourquoi ça a l'air plus facile pour toi ?

- Parce que je n'ai rien qui me pèse sur la conscience ?

- Qu'est-ce que j'étais censé faire, elle était enceinte... et puis tu n'as rien dit, tu ne dis jamais ce que tu penses, tu t'en vas, c'est tout.

- Je ne parle qu'à ceux à qui il y a encore quelque chose à dire.

- Alors...

- Aurevoir Jon, dit-elle la voix tremblante avant de raccrocher.


Florian avait vu ses épaules s'affaisser minute après minute alors qu'elle lui tournait le dos. Et quand il l'avait vue se retourner, à la fin de sa conversation, elle pleurait sans sanglots. Comme dans la cuisine l'autre jour, elle chassa les quelques larmes de ses joues et inspira un grand coup pour repousser les suivantes.


- Ça va aller ? s'enquit-il en la voyant revenir s'asseoir à côté de lui.

- Je passe pas ma vie à pleurer, je pleure même jamais d'habitude.

- C'est rien, une rupture c'est pas...

- Décider de rompre a été une décision facile, je crois que c'est pour ça que je pleure. Tout ce temps pour réaliser que je n'ai jamais voulu le suivre...


Il ne dit rien en retour. Elle avait replié ses jambes et refermé ses bras autour de ses genoux, observant toujours les mouvements des arbres dans le calme de la forêt. Des cheveux s'étaient échappés de son chignon dans sa course. Certaines mèches virevoltaient avec la brise, offrant des reflets cuivrés au contact des rayons du soleil.


- Tu mens en fait, dit-elle soudain.


Et le cœur de Florian eut un raté, de quoi parlait-elle ?


- Tu prétends faire du sport mais tu viens juste te cacher ici pour glander dans l'herbe c'est ça ?

- T'as découvert mon plus grand secret, dit-il, amusé.


Elle rit en le regardant par-dessus son épaule, et il la trouva tellement craquante que ses joues prirent feu.


- Et je viens aussi ici pour voir une fille, en cachette.

- Oh, alors j'ai fait foirer ton rencard aujourd'hui ?


Est-ce qu'il voyait vraiment quelqu'un ?


- J'irai la voir même si t'es là, rien ne peut nous séparer, continua-t-il en se relevant.

- T'as l'air accro, s'amusa-t-elle en se levant à son tour.

- Tu vas l'adorer tu verras !

CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant