P2 / Chapitre 15

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Le dimanche, Margot se réveilla de sa première nuit dans son appartement, son nouveau lit avec ses nouveaux draps et sa nouvelle solitude. Solitude qu'elle appréciait énormément. C'était chaque fois ce qui l'avait sauvée de la folie pendant cette décennie. Fuir et s'isoler, se retrouver avec elle-même, loin de tout le monde. Mais aujourd'hui, elle n'avait rien à fuir. Elle se réveillait à la fois heureuse d'être chez elle et impatiente de retrouver tout le monde. Surtout lui.

Florian descendit du train le premier, proposant à Christelle de descendre sa valise alors qu'elle veillait à ne pas manquer la marche avec ses chaussures compensées. Comme elle s'accordait un week-end à la campagne, elle s'était habillée en conséquence. Elle portait une robe longue mais légère sous un gilet en mailles ajourées, comme si elle était plus en route pour la plage que pour les champs. Ce look un peu bohème contrastait avec la working-woman dont Florian avait l'habitude.

Dès qu'il fut sur le quai il envoya un message à Margot pour lui dire qu'il était bien arrivé.


- Tu vas me laisser devant la porte et vite courir la rejoindre où tu vas me faire visiter le château d'abord ?

- Arrête de dire que c'est un château, c'est un manoir... il se rendit compte que c'était tout aussi prétentieux.

- Oh pardon mon seigneur, le petit peuple parisien ne fait pas la différence, à partir de deux pièces c'est un palace pour nous !

- Attends un peu de voir la baignoire, elle fait la taille d'une salle de bain parisienne, en rajouta le jeune homme en voyant la réponse de Margot.


Elle lui envoyait une photo de l'avancée de son emménagement en ajoutant « hâte de te voir ». Il remarqua qu'elle avait presque tout reçu. Et presque tout construit toute seule. Il aurait voulu être là pour l'aider.


- Est-ce que je suis au courant officiellement ou je dois faire semblant ?

- Y'a que toi, mon frère et sa sœur qui êtes au courant, alors, on fait semblant encore un peu. Je veux la laisser décider, je vais à son rythme.

- Et si vous alliez au tien ça donnerait quoi ?

- Je serais monté avec un mégaphone en haut de la tour Eiffel pour dire au monde que je sors enfin avec elle ?


Elle rit tout en le regardant hausser les épaules, comprenant qu'elle n'avait pas tort chaque fois qu'elle lui disait :


« T'es tellement foutu mon ami, tellement, tellement foutu. »


- Allez, ramène-moi chez toi et abandonne-moi seule dans ton palais pour la rejoindre !

- Un palais maintenant, toujours plus !


...


Margot regarda son téléphone plusieurs fois depuis qu'elle avait envoyé son dernier message. Il l'avait lu mais n'avait rien répondu. Elle s'occupait de découper ses cartons pour les descendre au local poubelle plus facilement en luttant contre ses pensées parasites. C'était plus facile parce qu'elle avait confiance en lui. Parce qu'elle n'avait pas la moindre raison de douter. Tout n'était que des ombres de son vécu. Mais lui n'avait rien à voir avec tout ce qu'elle avait connu avant.

Il faisait nuit quand elle descendit dans le local qui donnait sur la cour intérieure de la résidence. Elle y déposa toute une grande boîte remplie de morceaux de cartons au point de peser lourd. Et quand elle fit demi-tour, prête à entrer dans le hall, elle vit, derrière la grille métallique, Florian arriver à pied. Il ne la remarqua pas dans la pénombre et regarda vers le toit, tentant d'apercevoir les lumières de chez elle pour être sûr qu'elle ne dormait pas. Quand elle approcha à pas de chat jusqu'à lui, elle fut ravie de le voir sursauter :

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