P1 / Chapitre 7

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- C'est une vache ! s'étonna Margot en voyant le bovin courir joyeusement vers eux.

- C'est Véronique, c'est plus qu'une vache, c'est la meilleure vache, ok ?

- Il faut que tu me donnes le contexte, je suis perdue !


Le jeune homme s'occupait d'arracher des plantes pour les proposer à la vache qui tendait le cou par-dessus les barbelés pour les manger.


- Je l'ai connue quand elle était toute petite !

- Oh mon dieu, c'est la vache qui était sur la route dans ton vlog ?

- Mais tu regardes vraiment toutes mes vidéos en fait ? apprenait Florian, flatté.

- T'en es là un peu grâce à moi, je vérifie que tu gères ce cadeau avec sérieux.

- Grâce à toi ?

- Tu vas nier peut-être ?

- Non, mais je m'attendais pas à ce que tu sois si fière de m'avoir brisé le cœur !


Elle tendait un énorme pissenlit à Véronique tout en s'amusant de sa répartie.


- Bon, alors, qu'est-ce qu'elle fait là ?

- Si tu as suivi ses aventures dans mes vlogs à l'époque, elle était destinée à l'abattoir. Alors j'ai proposé de la racheter et de lui trouver une solution pour qu'elle ait une belle et longue vie.

- Mon héros, lança Margot en croisant ses mains sur sa poitrine.


Et Florian ne manquait pas d'afficher un sourire fier en continuant de nourrir son amie gourmande.


- Il y'a d'autres vaches ! remarqua Margot.

- Le pré m'appartient, confia Florian, je l'ai mis à disposition d'une association locale qui offre une retraite aux animaux de la ferme. En contre-partie, ils s'occupent d'elle et je suis son parrain.

- Tu avais raison, je l'adore déjà, approuva Margot qui se penchait vers le museau tendu de la vache amicale. Je pensais pas que les vaches pouvaient apprendre à répondre à leur nom, c'est adorable.

- Je te préviens, interdiction de venir faire copine-copine avec elle dans mon dos !

- Je te savais pas si possessif. C'est évident qu'il y a un truc qui se passe entre elle et moi, tu peux rien faire contre ça !


Florian souriait tandis qu'elle grattait la tête de Véronique. Elle avait l'air beaucoup mieux qu'après sa conversation téléphonique. Et ça le rendait heureux.


...


Avant de repartir après le petit week-end à la campagne, Hélène s'aventura à l'étage pour trouver son fils. Celui-ci était allongé dans son lit défait, occupé à lire un de ses livres d'enquêtes policières qui lui servaient à écrire ses vidéos. En la voyant toquer à la porte ouverte de sa chambre, il retira ses écouteurs et se leva pour la rejoindre.


- C'est le départ ?

- Katy t'embrasse, elle est descendue chez ton frère pour lui laisser la bouteille de vin qu'on a entamée hier soir.

- Ok, tu lui diras que je l'embrasse aussi.

- À propos des rendez-vous, commença-t-elle en lissant un pli sur le t-shirt détendu de son fils, j'ai préparé les mails pour tout annuler, je vais informer tout le monde de ta décision de faire une pause.

- Fais une pause aussi, profites-en.

- Tu sais que je ne sais pas m'arrêter...

- Heureusement, dit-il en passant un bras autour de son épaule avant de déposer un baiser sur son front. Si t'étais pas toi je serais pas là où j'en suis aujourd'hui.

- Je suis désolée d'avoir insisté, dit-elle en refermant ses bras autour de sa taille.


Il n'y a que quand ses fils la prenaient dans leurs bras qu'elle réalisait combien le temps passait vite. Ils étaient des hommes, plus des enfants. Mais elle avait souvent tendance à l'oublier.


- Je sais que tu dis toujours que ça va mais je te trouve...différent. Tu es heureux ?

- Je te jure que ça va, j'ai besoin d'une pause alors je fais une pause.

- Mais tu fais pas de pause de ta mère, d'accord ?

- Non, promis !

- Je t'appelle quand on est arrivées !

- Je t'aime, dit-il en déposant un nouveau baiser sur son front.

- Je t'aime aussi, j'y vais.


Il descendit avec elle pour la regarder partir. Le manoir se vidait, il ne restait que lui. Un peu songeur, il se dirigea vers le salon pour se mettre devant un jeu vidéo.

Elle se demandait s'il était heureux, lui aussi, souvent. Et surtout il se demandait si qui que ce soit était capable de répondre à cette question ?

C'était quoi le bonheur ? Un état constant, un but à atteindre ? Ou juste des instants furtifs qu'il faut s'efforcer de collectionner ?

Fanny, la pro des réseaux sociaux, lui demandait toujours de penser à alimenter ses story Instagram. Il n'avait pas le réflexe, il n'y pensait pas. Il y avait pensé ce matin en rentrant de son footing avec Margot, prenant la forêt en photo pour informer le monde qu'il venait de faire un peu de sport comme si qui que ce soit en avait quelque chose à faire. Et en entamant son livre cet après-midi, il avait fait une photo de la couverture. C'était un exercice qu'il ne comprenait pas, mais les résultats étaient là, les gens s'intéressaient, répondaient, partageaient. Et chaque jour, il recommençait.

Cette fois, il voulut annoncer à Instagram qu'il allait entamer une partie, prenant sa manette en photo devant l'écran. Et une fois la story publiée, il se demanda si ça intéressait aussi Margot ? Est-ce qu'elle regardait ses publications ? Il entreprit de la chercher dans la longue liste de pseudos qui avaient vus ses partages, sans succès. Et quand il la chercha par son pseudo directement dans la barre de recherche, son compte n'existait plus.

L'avait-elle effacé ? Ou l'avait-elle bloqué ?

CrushWhere stories live. Discover now