Crush

P1 / Chapitre 5

Florian resta tard dans la cuisine avec sa mère et Katy. Il lavait la vaisselle pour que sa mère l'essuie et que Katy la range. Quand il arriva au bout de sa tâche, elles parlaient toujours de Margot sans qu'il n'ose s'intégrer à la conversation.

- Tout recommencer à 30 ans c'est pas si fou, défendait Katy. Elle est encore jeune.

- Non, bien sûr, elle a tout le temps devant elle, mais tenir presque dix ans, après avoir tout quitté pour le suivre, et finalement divorcer...

- On ne sait rien de son couple, elle avait sûrement ses raisons.

- Tu en sais plus Florian ? comméra sa mère.

- Je sais que ça ne me regarde pas, dit-il un peu sèchement en regardant l'évier se vider.

- Ohlala t'es d'une humeur en ce moment ! se plaignit Hélène.

- Maman je te rappelle que tu as divorcé deux fois avant tes quarante ans. T'es bien placée pour savoir que ça ne veut pas dire que tu as raté quoi que ce soit.

- En tout cas j'ai raté l'occasion de me taire, dit-elle en faisant les gros yeux à Katy.

Celle-ci s'amusait de les voir se chamailler, avec le temps elle avait appris que c'était leur façon de communiquer. Il fallait savoir tenir tête à Hélène et Florian ne se laissait jamais faire.

- Tu es content de la revoir ? tenta Katy.

- Bien sûr, on était amis alors...

- Surtout elle, se moqua gentiment sa belle-mère.

- Je pensais que tu irais dans mon sens, tu es tellement fleur bleue, tu veux toujours croire que les histoires d'amour durent toute la vie, reprit sa mère.

- Je crois qu'elles durent toujours avec la bonne personne, mais je ne crois pas qu'on trouve cette personne du premier coup.

- Là je te rejoins, des fois on prend son temps pour trouver notre âme-sœur.

Les deux femmes se tenaient la main en se sentant tout particulièrement concernées par cette vérité. Florian alla vérifier sur la terrasse qu'il n'avait rien oublié et entreprit de retourner les chaises pour les poser sur la table. Il remarqua que les deux femmes se dirigeaient vers la porte qui donnait sur leur appartement et leur fit un signe de la main pour leur dire aurevoir. Puis, il éteignit toutes les lumières avant de rejoindre l'étage. Il y faisait un peu plus chaud qu'en bas parce que l'isolation n'avait pas été refaite partout. Depuis le couloir qui donnait sur sa chambre, il devinait les reflets colorés des vitraux de la fenêtre qui donnait sur la terrasse où ils avaient mangé. C'était ce qu'il préférait dans ce manoir, ce qui l'avait convaincu, en plus de l'enthousiasme de sa famille, d'investir dans cet achat. Même si le manoir était démesurément grand, trop grand pour lui. Même s'il avait l'impression que plus il avait d'espace autour de lui, plus il avait de vide à combler. Et puis le frais bienvenu de l'été devenait vite le froid redouté de l'hiver. Il aimait cet endroit, il s'y sentait bien le plus souvent. C'est juste qu'il s'y sentait seul, tout le temps.

...

Le surlendemain, il sortait en ne portant qu'un short de sport et un t-shirt sans manches. Il avait mis ses écouteurs sur ses oreilles et tenait son énorme gourde à la main. Il avait ses habitudes sur l'immense propriété qui entourait le manoir. Celle-ci donnait sur la forêt par un chemin qui formait une boucle autour de l'étang et revenait en longeant les champs voisins. Depuis qu'ils vivaient là, c'était devenu son circuit de course quotidien.

Margot le vit boire une longue gorgée d'eau avant de laisser sa gourde sur un vieux banc en bois à l'entrée du chemin que Fanny lui avait indiqué. Elle tenta d'appeler le jeune homme avant de remarquer qu'il portait des écouteurs. Celui-ci commença son jogging avant qu'elle n'arrive à sa hauteur. Alors, pour attirer son attention, Margot arracha une petite touffe d'herbe sur le bord du chemin pour se dépêcher de lui lancer dans le dos avant qu'il ne soit trop loin.

Surpris, Florian se figea avant de se retourner. Il retira ses écouteurs en voyant Margot trottiner jusqu'à lui.

- Tu partais sans moi ! dit-elle en s'arrêtant juste à côté de lui.

Elle portait un cycliste et une veste de sport fermée jusqu'au cou.

- Je pensais...

- Tu m'avais oublié ?

- Je ne pensais pas que tu viendrais vraiment, se défendit-il.

- Pourquoi je ne serais pas venue ?

Il haussa rapidement les épaules en se passant une main dans le dos avant de se mettre à sourire.

- Est-ce que tu m'as jeté de la terre ?

- Non...

- Margot ?

- J'ai pas vu qu'il y avait autant de terre accrochée à la touffe d'herbe que j'ai arrachée...

- Tu aurais pu simplement me rattraper ?

- Je voulais pas risquer de t'humilier en te montrant d'entrée de jeu que je suis bien plus rapide que toi.

- Avec tes mini jambes ?

Elle se pencha pour regarder ses jambes, elle n'étaient pas si courtes, si ?

- Elles sont de taille tout à fait raisonnable, contesta-t-elle en mettant ses mains sur ses hanches.

- Ok, alors essaye de me suivre !

Il la planta là en partant à toute vitesse. Et elle oublia une seconde le défi qu'il venait de lui lancer tant elle était surprise par son attitude aujourd'hui. Le jour de son retour il avait eu l'air si maladroit et timide. Là, il était presque intimidant. Mais elle comptait bien lui montrer ce qu'elle avait dans le ventre. Alors elle se lança à sa poursuite pour tenter de gagner !