P3 / Chapitre 12

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Fanny se réveillait tôt, avant le levé du soleil. Tranquillement, malgré tout ce qui se bousculait dans sa tête, elle prépara un thé parfumé qu'elle posa sur la table basse avant de s'installer dans le canapé avec son ordinateur. Elle voulait voir ce qu'il se disait le deuxième jour. Ses mails s'accumulaient, elle se contentait de les lire sans y répondre. Et puis elle s'attarda sur quelques articles qui parlaient du couple de sa sœur.

Florian disait que tout allait se tasser, que ça ne se passait que sur internet et que tout le monde savait combien les gens étaient extrêmes en ligne. Il s'était persuadé que ça ne changerait rien à leurs vies.

Après avoir fait le tour, elle envoya les liens à son beau-frère pour qu'il les lise s'il en avait envie et referma son PC. Personne ne semblait s'inquiéter. Et quand bien-même sa petite voix intérieure énumérée les bonnes raisons de paniquer pour cette histoire qui allait clairement trop vite, elle avait confiance. Et elle y croyait.


- À quoi tu penses assise toute seule comme ça ? demanda David en se penchant sur le canapé derrière elle pour l'embrasser sur la tête.

- À toi évidemment, dit-elle en se retournant.

- Tu n'as pas ce regard là quand tu penses à moi.

- Qu'est-ce que tu en sais ?

- Si tu pensais à moi avec cet air ça voudrait dire que je vais passer un sale moment, sauf que j'ai rien à me reprocher !

- Rien du tout, tu es sûr ?


Il se figea alors qu'il lui tournait le dos, en était-il sûr ?


- Je rigole, détends-toi, dit-elle en le rejoignant dans la cuisine.

- Me fais pas des frayeurs comme ça...

- Tu as donc si peur de moi ?


Elle enroula ses bras autour de sa taille et appuya sa tête contre son dos. Ce dos large et solide. Il était si grand qu'il put se retourner sans échapper à son étreinte en passant ses bras au dessus de sa tête. La plupart du temps, elle portait des talons. Fanny c'était le genre de personne qui se tenait toujours prête. Toujours habillée et chaussée, comme si elle allait partir d'une minute à l'autre. Mais le matin, quand elle s'autorisait à traîner un peu pieds nus et en pyjama chez eux, c'est là qu'il la préférait.


- On fait quoi aujourd'hui ? demanda David.


Elle aurait pu répondre qu'elle avait mille choses à faire alors qu'il n'y avait finalement rien d'urgent, rien qu'elle puisse vraiment faire, rien qui ne puisse attendre. Alors, pour une fois, elle répondit :


- Ce que tu veux.

- Ce que je veux? Vraiment ?

- Sauf ça, dit-elle en secouant doucement la tête.

- Allez...

- Non, je vais pas retourner me coucher, il faut que...

- T'es épuisée, tu mérites de faire une grasse matinée, négocia-t-il.

- T'as aucune intention de me laisser dormir, je connais aussi tes regards dit-elle en s'éloignant déjà.


Mais elle souriait parce qu'il avait déjà gagné, c'était trop tard, elle y pensait aussi.


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