Chapitre 6.2

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MEA CULPA ! je vous ai posté le chapitre 7 avant la deuxième partie du 6...



Chris n'était toujours pas convaincu lorsqu'il suivit Cam jusqu'au salon où sa mère regardait un téléfilm de Noël en compagnie de Lise.

— Madame Heuron, Chris a un truc à vous dire !

A l'écran, l'image se figea. Puis la mère de Chris reposa la télécommande pour se tourner vers les deux garçons.

— Voyez-vous ça ! Mon grand fils qui sort de son antre et qui, de surcroit à quelque chose à me dire !

— Il va neiger demain j'suis sûr, gloussa Lise.

— S'il me dit qu'il a passé l'aspirateur, c'est une tempête de plusieurs jours, qu'on aura ! renchérit Madame Heuron.

Chris se renfrogna, vexé, et recula d'un pas en bougonnant un "je t'avais prévenu" à l'intention de Cam. Il détestait autant être le centre de l'attention que celui des moqueries, et même s'il savait que ni sa mère ni sa sœur ne pensait à mal, ce n'en devenait pas miraculeusement un moment agréable.

[On m'a souvent taxé de "susceptible". De "garçon qui se vexe facilement". En réalité, c'est juste que chaque remarque me fait réfléchir pendant des heures. Je me demande comment j'aurais pu éviter cette situation, ce que j'aurais dû dire ou faire pour éviter ce malaise. Je me remets en question, j'analyse mes comportements et, inévitablement, j'en arrive à la même conclusion : quelque chose ne va pas chez moi.

Combien de fois me suis-je dis que mes réactions étaient inappropriées ? Exagérées ? Que je ne devais pas être câblés normalement puisque les autres ne semblaient pas y voir de problème ?

Dans ces moments-là, je me sentais différent; Et seul. Et anormal.

Le garçon bizarre du lycée.

Et Cam, cet ange, a perçu cette sensibilité. Il la protège. Il la choie.

Le fait-il depuis que nous nous connaissons ? Je l'ignore. Mais ce samedi après-midi, alors que j'essayais de me tirer du guêpier dans lequel une bière, un paquet de bonbons et la promesse d'un repas m'avait mis, je m'aperçus pour la première fois que je pouvais compter sur mon voisin.]

— Rassurez-vous, nous gardons l'aspirateur pour demain ! A chaque jour suffit sa peine. Pour aujourd'hui, c'est juste que je traîne de force votre fils dehors !

— T'as raison, il voit pas assez le soleil, ce grand dadais, rigola Lise. Même les cachets d'aspirine le trouvent pâle !

— Raison de plus pour sortir au plus vite, vous nous excuserez si on ne reste pas !

Cam attrapa la main de Chris, tourna les talons et l'entraîna à sa suite, laissant les deux femmes sans voix. Mais alors qu'ils atteignaient la porte, Lise les rejoignit.

— Fallait que j'aille à la cabane à livres, alors j'en profite pour faire un bout de chemin avec vous !

— Y a une cabane à livres ?

— Bon sang, Chris, ça fait au moins six mois qu'elle a été installée ! Elle est dans le jardin des Sorcières, juste derrière la bibliothèque.

— Oh, intéressant. On devrait y aller aussi, non ? demanda Cam, un sourire aux lèvres.

Lise pencha la tête de côté et les observa un moment. Leur mains liés. Les rougeurs sur les joues de Cam. Chris qui se laissait faire d'un air un peu perdu.

— Au début, je pensais que ta rupture avec cet attardé de Côle te démoraliserait, mais finalement... je crois que je sais pourquoi tu vas si bien !

— Hein ?

— Vous deux... vous êtes ensemble, non ?

— Juste parce qu'on se tient la main ? Tu fais des raccourcis aussi gros que les viewers d'hier soir, sœurette.

— Je ne comprends pas ta référence, s'amusa-t-elle en enfilant son trenchcoat.

Cam lâcha la main de Chris et remonta ses lunettes sur son nez.

[Un tic qu'il faisait de plus en plus souvent et qui lui donnait un air vulnérable ô combien adorable]

— Hier soir, des internautes ont cru que je faisais des avances à Chris et...

— Et c'est aussi ridicule que de penser que des amis qui se tiennent la main sont amants, trancha Chris. Franchement, c'est quoi ce cliché...

[Même si je sortis en claquant la porte, je n'étais pas réellement énervé. Pas contre ma sœur, en tout cas. Plutôt contre moi. Parce que je me trouvais faible de commencer à regarder Cam autrement pour si peu. Et aussi parce que je n'étais pas prêt à regarder de nouveau un homme comme un potentiel petit ami.

Malgré ce que j'en disais, je ne m'étais pas remis de ma rupture avec Côle. Cet imbécile m'avait fait mal. Vraiment mal.

Notre histoire avait commencé en ligne. Sur E&W. Une belle histoire d'amour, un ennemie to lovers comme on en voit jamais !

Côle, clerc des Vamp's, se moquait perpétuellement de moi et de ma Team. Et à chaque fois, je le laminais en beauté. Une sorte de fascination a fini par naître de son côté. Il a commencé à m'envoyer des messages privés, à me demander de faire quelques quêtes en solo avec lui.

Evidemment, Py et Clem trouvaient ça suspicieux, alors c'est plutôt en tant qu'espion que j'ai accepté ces "rendez-vous". De nombreuses piques ont été échangées. Très vite, Côle m'a dragué. Je continuais de le tacler.

Et puis, sans que je m'y attende, je me suis retrouvé piegé. Accro à ces petits rendez-vous sur des maps peu fréquentées. Accro à ces quelques heures d'entente en plein milieu de nos guerres d'alliance.

Il faut dire que, malgré mes soucis de sociabilisation, j'ai tendance à m'attacher très rapidement aux personnes sur les jeux en ligne et cette fragilité m'a valu quelques crises de larmes. Beaucoup de crise de larmes, d'introspection, de boîte de mouchoirs.

Ma mère pensait que je regardais des pornos en douce dans ma chambre alors que je chialais comme un gosse sur une amitié virtuelle perdue.

Bref, là n'est pas le sujet.

Côle, donc, s'est révélé adorable. Dragueur. Et franchement beau gosse. Il ma envoyé une photo ultra hot de lui au bout d'une semaine. Je lui ai envoyé ma tronche grimaçante après un mois.

Ça lui a plu. On a commencé à " sortir ensemble". Deux mois de délires par écrit, de quêtes en douce, de carnage entre nous en Stream.

Au début, il ne disait rien. Puis il a commencé à se montrer jaloux. A exiger que les Slayers laissent de temps à autre gagner les Vamp's. J'ai refusé, mais en contrepartie, j'ai accepté de faire des face time avec lui.

Bon, "face", ce n'est pas trop le mot. Il a dû voir ma touffe de cheveux une fois, et sinon, c'était une autre touffe qu'il voyait. Un jeune de 20 ans et un de 23 ans, forcément, on ne pensait pas qu'à jouer aux petits Elfes. Ou alors, des Elfes avec des épées durement forgées.

Je m'aperçois aujourd'hui que ces échanges étaient toxiques. Est-ce que je voulais réellement m'envoyer en l'air par vidéo interposée ? Avec un homme auquel je n'avais même pas envie de montrer mon visage ? Non. Au fond, je n'en avais pas envie. Mais il me faisait croire que c'était juste de la timidité. Que nos séances étaient hot et tout à fait normales. Et je le croyais.

Mais il faut croire qu'un dernier rempart refusait de céder, sinon, je crois bien que j'aurais accepté qu'il vienne chez moi.

J'ai bien failli, mais j'avais peur. Peur de ce qu'il pourrait me faire. Peur qu'il ne s'arrête pas.

Bourbe ! Comme c'est étrange de s'en apercevoir si longtemps après !

Mais ça me conforte dans mon choix actuel.

Parce que ces sentiments négatifs, jamais je ne les ai ressenti avec Cam... bien au contraire.]

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin