Chapitre 29

102 23 8
                                    

2 décembre

Chris avait mis de longues minutes avant de se remettre de la rencontre fortuite avec Lizzie. Heureusement que la Team n'avait prévu aucun Stream ce soir-là, parce qu'il aurait été d'une rare inutilité.

Rincé. Essoré. Vidé.

Ces derniers jours le laissaient dans un état de délabrement mental avancé. 

Cam n'avait rien dit après l'avoir ramené chez lui. Il lui avait fait une soupe chaude avant de presque le traîner sous la douche. Sans pitié, il lui avait ordonné de se déshabiller et de se mettre sous le jet avant de tourner les talons pour le laisser seul.

Puis Chris était ressorti de la salle de bains, trempé, pas essuyé et nu comme un vers. Il s'était planté au milieu de son studio, le regard dans le vague.

[Si j'avais été seul, je serai resté debout toute la nuit, amorphe et dans l'incapacité de faire quoi que ce soit. Je me serai enrhumé, aussi. Et je n'aurais pas dormi. J'aurais donc rattrapé ma nuit la journée du samedi et ne me serait réveillé que pour le seul Stream hebdomadaire obligatoire. 

Et même si, pour cette fois, ça n'incluait pas Cam (pas directement en tout cas), j'aurais loupé une étape importante pour la suite.

Importante ? Que dis-je... primordiale, et pas seulement pour moi !]

Inquiet, Cam avait tenté de lui parler sans obtenir la moindre réaction. Il était allé chercher une serviette, l'avait enroulée autour du corps de Chris avant de le pousser vers son lit, non sans tenter une pointe d'humour qui avait arraché un demi-sourire au pâle jeune homme.

[Pas seulement un sourire, en vérité, sa blague (qui n'en était pas vraiment une) avait connecté entre eux "cam" et "espoir". 

Bon, ce soir-là, ce fut très bref, comme un éclair, mais ça a eu le mérite d'exister.

Quant à la fameuse phrase de Cam ? Je ne me lasse pas de me la répéter, encore et encore, d'autant qu'elle a trouvé un adorable écho hier soir.

"J'aurais préféré t'emmener au lit dans d'autres circonstances"... " Tu vois, Chris, quand je te parlais d'autres circonstances, l'autre jour".

Un des souvenirs les plus chauds de mon existence. 

Ha, ce sourire en coin. Cette sensualité alors qu'il s'effeuillait, habit après habit. Ces yeux pétillants. La lueur clignotante des guirlandes sur sa peau pâle. Celle des bougies sur ma peau tannée.

Oui, parce que naturellement, je ne suis pas du tout "coquille d'huitre déteinte par la pleine lune", non. Ma peau a une belle couleur ambrée, à peine plus claire que le sable du Sahara grâce à la personne mâle qui m'a transmis la moitié de mon patrimoine génétique. 

C'est bien la seule chose qui me vienne de lui et dont je sois fier.

Bref. Cam m'avait mis au lit. Il s'était ensuite éclipsé le temps d'aller chercher un pot de glace au noix de macadamia avec deux grosses cuillères parce que, je le cite "Nous en avons franchement besoin tous les deux."

Parce que Cam avait dégusté, lui aussi. Pas autant que moi, certes, mais de découvrir la manière dont Côle me traitait l'avait retourné et avait réveillé une part de lui avec laquelle il avait beaucoup de mal à faire la paix : son peu de maîtrise face aux situations qu'il percevait comme injustes... ou qui l'agaçaient.

Et Côle faisait bien plus que l'agacer. 

Mais ça, je ne le découvrirai qu'un peu plus tard. Le soir du 5 décembre, si je me souviens bien. Oui, c'est ça. Le 5 décembre.

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant