Chapitre 55

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16 décembre

— On y est, souffla Cam en garant sa voiture.

Une atmosphère étrange régnait dans l'habitacle depuis qu'ils avaient déposé Lise et Lizzie. Un silence gêné qu'ils n'avaient pas l'habitude de partager.

[La vérité, c'est que Cam redoutait que je change d'avis autant que je craignais qu'il décide finalement de dormir chez lui.] 

— Tu... as prévenu ta mère ? demanda Chris parce qu'il ignorait quoi dire.

— Pas vraiment... je lui ai juste dit que je dormais chez un ami. 

— Oh...

— Si je lui avais parlé de toi, elle se serait braquée. En ce moment, elle est en boucle sur ta sexualité, c'est fatigant et j'ai pas envie de gérer ça. 

— Je comprends...

[Faux. Complètement faux. Je ne comprenais pas et je ne comprends toujours pas, d'ailleurs ! Je n'avais juste pas l'énergie pour lui demander des précisions... et puis, j'admets que j'avais trop peur que ça casse l'ambiance déjà pas au top.]

Cam serra le frein à main avant de se tourner vers Chris, lequel avait déjà posé la main sur la poignée pour ouvrir sa porte.

— Si ça te contrarie, je la préviens. Je ne veux pas que tu penses que je te cache ou un truc du genre...

— Pourquoi tu la préviendrais ? Tu dors juste chez un de tes potes. Même si... voilà, quoi. 

— Ouais, souffla Cam après avoir pris une longue inspiration. Juste un pote. C'est tout à fait ça.

[Évidemment, Cam était ironique. Ou sarcastique ? J'ai toujours eu du mal à faire la différence entre les deux. Toujours est-il qu'il pensait l'inverse de ce qu'il disait tout en étant désespéré par ma vision des choses. Et moi, j'étais désespéré par la sienne que je prenais littéralement alors même que j'avais lancé le sujet.]

Chris eut l'impression qu'une boule se formait dans sa gorge. Soudain, il ne savait plus trop si c'était une bonne idée, de passer la nuit avec Cam.

Un bref regard en coin à son ami qui sortait à son tour du véhicule lui confirma qu'il en avait envie. Indéniablement. Il se demandait juste si, au final, il n'allait pas souffrir bien plus de ne l'avoir qu'une nuit plutôt que pas du tout. 

Ils quittèrent le parking sans un mot, marchant côté à côte sans pour autant se frôler. Comme deux bons amis. Un peu avant de s'engager sous le beffroi, Chris se figea et leva le nez en l'air.

— C'est magnifique... J'avais pas vraiment fait attention à ça la dernière fois qu'il y a eu beaucoup de neige.

Cam suivit son regard, et après un bref instant, s'approcha de lui, glissa ses bras autour de sa taille et posa le menton sur son épaule.

— C'est magnifique et tellement romantique, souffla-t-il. 

La neige scintillait sur les toits, le sol et les murets. Les illuminations des maisons et du village la paraient de couleurs joyeuses et festives. En fond sonore, les haut-parleurs chantaient Noël.

— Il ne manque que l'odeur des marrons chauds pour que la scène soit parfaite, murmura Chris.

— Et un baiser sous le gui, comme dans les téléfilms. 

— Ha non, protesta Chris. Ça, c'est juste pour le soir de Noël ! Et il faut que la neige soit en train de tomber ! Je le sais parce que ma mère regarde ce genre de films quand elle plie le linge. 

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlWhere stories live. Discover now