Chapitre 44.2

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[L'avouer à Cam ne fut pas facile. Ni pour lui, ni pour moi. Il m'a avoué hier soir s'être demandé de nombreuses fois s'il devait persister ou abandonner, et s'il n'avait pas vu que je me comportais avec lui différemment d'avec les autres, s'il n'avait pas su décrypter mes regards sur lui, mes hésitations, il serait allé avec la voisine d'en face depuis bien longtemps.]

Cam accorda à Chris un répit avant de reprendre : il fallait que le jeune homme trouvât le moyen d'y mettre un terme pour sa santé mentale et que si cela devait en passer par une conversation avec celui qu'on doit pousser dans les douves, alors conversation il y aurait. Et comme Chris le lui avait demandé quelques jours plus tôt, Cam serait présent. À ses côtés si Côle allait encore une fois trop loin. À ses côtés pour couper internet si nécessaire. À ses côtés, enfin, pour le soutenir et le consoler.

Puis il se leva et se dirigea vers la cafetière alors que Chris digérait ses mots.

[Cam avait raison, bien sûr. J'avais de gros non-dits à régler avec Côle pour aller de l'avant. Sauf qu'après l'avoir croisé dans le jeu, je n'avais plus du tout envie de le faire en la présence de mon trop beau et adorable voisin. Parce que je venais de débloquer une nouvelle peur : celle que Cam décide, finalement, que Côle méritait une autre chance et pire encore, qu'il s'amuse à jouer les Cupidons pour nous rabibocher sans avoir conscience de mon attirance pour lui.

Oui. Je sais. J'aurais dû comprendre que c'était tout l'inverse. Que mon voisin préféré voulait : s'assurer de virer définitivement Côle de ma vie sans lui laisser aucun espoir de revenir.

Et il y est presque arrivé, d'ailleurs ! Si nous avions été les seuls impliqués, il y serait arrivé !

Sauf par malchance...

Hmmm.

Était-ce vraiment de la malchance ?

Avec le recul, il est plus que probable que tout ce qui s'est passé ensuite ait été pernicieusement fomenté dans l'ombre par Côle. Impossible que son flirt avec... elle, ne soit qu'une coïncidence.

Mais heureusement pour moi ( et pour Cam !), j'avais encore quelques jours de répit avant que tout ne parte en vrille, dix jours exactement.]

Tu devrais vraiment regarder ce que dit Lizzie avant qu'elle ne pète un câble, lui lança Cam depuis le coin cuisine. Et arrête de regarder mes fesses.

— Pas ma faute si elles sont...

— Bandantes ? le taquina Cam.

Chris avala sa salive, laissa ses yeux traîner quelques secondes encore avant de hocher vivement la tête.

— Promis... la prochaine fois, je te laisserai faire ce que tu veux avec, souffla Cam dont les joues rosissaient. Un café ? Même si, à ton air vif et alerte, je sais que tu en as déjà pris un ou deux.

— Deux, confirma Chris en posant enfin les yeux sur l'écran de son téléphone. J'ai déjà une tasse, je te l'apporte.

Mais Cam le lui interdit et vint lui-même chercher le mug. Chris suspendit son souffle lorsque la peau nue de Cam frôla la sienne. Si le jeune homme continuait comme ça, il allait finir par croire à un flirt sérieux.

[Sans déconner. On ne peut pas dire que Cam ne donnait pas tout ce qu'il avait, là !]

— Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu dis que tu galères avec ton crush. Si il te voyait comme je te vois, il...

— Il ? s'enquit Cam, plein d'espoir.

— Il craquerait. Parce que tu es... séduisant. Enfin, d'un point de vue purement esthétique, je te drague pas ! Je drague pas mes potes !

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlWhere stories live. Discover now