CHAPITRE 6 : Amuse-toi bien

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Le soleil descendait rapidement dans le ciel et je fus frappée par le temps que nous avions passé à Pré-au-Lard.

À quelques tours à l'extérieur du village, Sebastian s'arrêta brusquement à un embranchement particulièrement étrange et je faillis lui rentrer dans le dos. Un panneau en bois émergeait du sol et indiquait le bas d'une colline. Le mot "lac" y était peint en lettres lisses et solides. Il se retourna rapidement vers moi et ses yeux s'écarquillèrent d'excitation.

Je l'ai regardé avec curiosité.

"Il faut qu'on y aille." Il a pointé le panneau derrière lui.

"Quoi ? Où ?"

"Ne me dis pas que tu n'as pas remarqué la gigantesque étendue d'eau qui entoure notre école ?"

Je croise les bras. "Bien sûr que je l'ai remarquée. C'est juste que... je pensais qu'on retournait à l'école. Tu n'as pas un dîner ce soir ?"

"Oh oui." Il a croisé les bras, reproduisant ma position jusqu'au même mouvement de hanche. "J'avais oublié que tu avais des choses à faire, des professeurs à satisfaire, du plaisir à aspirer dans la vie."

J'ai laissé tomber mes bras et me suis redressée, me sentant soudain consciente de ma propre valeur.

"Premièrement, c'est grossier. Deuxièmement, je n'aspire PAS le plaisir de la vie".

"J'ai juste supposé."

Il me fait un sourire en coin et me fait un signe de tête répété en direction du panneau "lac".

"Très bien."

"OUIIII". Il a levé le poing en l'air et a tourné les talons. J'ai dû trottiner rapidement pour rattraper son rythme accéléré.

"Pourquoi le lac ? Pourquoi maintenant ?"

"Tu verras.

Nous avons descendu la colline et nos orteils ont tapé régulièrement sur la pierre pavée pendant quelques pas jusqu'à ce que nous tournions à droite et suivions les marches en pierre qui descendaient en spirale. J'ai été surprise de la rapidité avec laquelle le lac est apparu et tout aussi choquée par la vue. Le petit quai, niché au bord du chemin, plongeait dans l'eau et, au-delà, dans le château, illuminé de teintes orange et rouge vives. Quelques bateaux se balançaient et grinçaient au bord du quai et l'eau clapotait le long de la rive. A part cela, il n'y avait aucun autre bruit, aucun élève ni aucune créature en vue.

"Par ici." Sébastien m'appela de ma gauche et je refermai la bouche, sans même me rendre compte que j'avais eu la mâchoire desserrée.

Nous contournâmes le petit hangar à bateaux et passâmes devant quelques dalles de pierre bizarrement empilées avant que le bruit d'un filet d'eau ne pique ma curiosité. Sur la gauche se trouvait une cascade brillante et simple. Elle tombait dans une vaste étendue de quenouilles et de rochers moussus. Juste après, il y avait une courte étendue d'eau et une petite île, quelques grands arbres la surplombant et des rochers moussus encadrant l'extérieur.

"Suis-moi !" Sébastien marcha jusqu'au bord de la cascade, posa ses achats et commença à enlever ses bottes boueuses, suivies de peu par ses chaussettes. Il s'accroupit pour retrousser son pantalon et me regarda curieusement, car je n'avais pas bougé d'un poil.

"Je veux dire, tu peux les garder si tu veux, mais tu seras incroyablement mal à l'aise plus tard". Il regarda de mes bottes à mon visage.

Sébastien se leva et s'enfonça jusqu'aux tibias dans l'eau sous les chutes.

"Hein ? Sébastien ! Je ne vais PAS entrer dans l'eau."

"Allez Barlowe, détends-toi !" Il appela par-dessus son épaule tout en continuant à marcher dans l'eau, des morceaux éclaboussant et mouillant les bords de son pantalon roulé en désordre.

Me and the Devil : Sebastian Pallow (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant