CHAPITRE 16 : Quelques centimètres

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Nous avons feuilleté le reste du livre dans un silence presque total. Le parchemin usé glissait sur mes doigts et parfois sur les siens. Il étudiait chaque page comme si elle contenait une grande réponse s'il y regardait bien.

La lumière des bougies autour de nous dansait sur l'encre et caressait les runes. La lumière des étoiles scintillait faiblement au-dessus de nos têtes.

Je me rendis compte que j'étais incroyablement à l'aise ici, ce qui me frappa les lèvres et je mettais celle du bas entre mes dents. Je me sentais plus à l'aise dans le souterrain que dans n'importe quel autre endroit du château, à l'exception peut-être de la bibliothèque.

C'était peut-être le silence qui régnait dans ce lieu isolé.

La torsion de l'air et le mélange de la lumière des bougies et des étoiles.

Ou peut-être était-ce dû à la compagnie que j'avais en ce moment.

Je ne pouvais pas le nier, la chaleur du corps de Sébastien si près du mien était un réconfort dont je ne savais pas que j'avais besoin. J'aimais mon espace, j'aimais qu'on me laisse tranquille. Cela faisait deux ans que j'étais obligée d'être comme ça. Pourtant, avoir quelqu'un, avoir un ami, c'était incroyablement soulageant. Lorsque nous avons atteint la dernière page du livre, j'étais en train de cligner des yeux pour me rendormir et d'étouffer un bâillement. Aucune partie de mon esprit conscient ne voulait quitter cet espace, arrêter de feuilleter le livre, quitter Sébastien. Pourtant, mon corps réclamait du repos.

J'écartai les lèvres pour faire comprendre à Sébastien que nous devions nous arrêter pour la nuit, mais je remarquai que ses yeux s'étaient fermés et que sa tête reposait lourdement sur son bras droit, légèrement inclinée dans ma direction. Ses épaules se soulevaient et s'abaissaient régulièrement au suivit de son souffle, son regard était doux... Je ne l'avais jamais vu aussi paisible. Je savais que je devais le réveiller, aller me coucher, mais je n'y arrivais pas.

Les rides à côté de ses yeux avaient disparu, quelques mèches de cheveux pendaient sur ses sourcils, désordonnées et mal placées. La douleur dans ses yeux avait été engloutie par ses paupières fatiguées et j'ai tracé ma vision sur ses traits. Son nez, ses joues, ses lèvres. La flamme des bougies les plus proches les embrassait chaleureusement.

Les cernes sous ses yeux.

J'ai tendu la main doucement, sans réfléchir, et j'ai tapoté son genou.

Il s'est réveillé et mon cœur a sombré lorsque ses sourcils se sont froncés. Sa tête s'est renversée en arrière et ses mains ont frappé le sol.

"Je suis désolée, je voulais juste te dire que j'allais me coucher." J'ai essayé de parler doucement. J'ai toujours détesté ce que l'on ressent quand on se réveille soudainement et que l'on doit revenir à la réalité.

Il s'est essuyé les yeux avec la base de ses paumes, puis a cligné rapidement des yeux alors que le sommeil disparaissait de ses traits. "Oui, je devrais probablement y aller aussi." Il sourit avant d'ajouter rapidement et désespérément : "On se voit demain ?"

"Bien sûr."

J'ai remis le livre dans mon sac et j'ai levé mes os grinçants de leur campement. J'ai marché sur le sol en direction de l'entrée de la grille et j'ai senti le pas régulier de Sebastian qui marchait derrière moi.

Je lui souris par-dessus mon épaule et franchis à peine le seuil qu'il m'attrapa le bras et je reculai de surprise, manquant de tomber sur lui. Son autre main s'envola pour me retenir.

Nos visages étaient si proches maintenant.

Quelques centimètres.

"Je suis désolée ! Je voulais juste te remercier..."

"Pour quoi ?"

Ses yeux étaient sur mes lèvres.

La chaleur de ses paumes étreint mes épaules.

"Pour m'avoir fait confiance." Il me regardait à nouveau dans les yeux et l'air était si dense que je craignais de ne pas pouvoir respirer.

J'étais intensément consciente du bout de ses doigts.

J'ai retrouvé mes mots froissés à l'arrière de mon cerveau. "Tu n'es pas d'une si mauvaise compagnie pour un Serpentard."

Il a éclaté de rire et s'est éloigné de moi d'un pas, la chaleur s'attardant un instant avant de s'infiltrer à travers mes vêtements et dans ma peau. Il se frotta la nuque et ses joues rougirent légèrement.





"Bonne nuit Atley."





"Bonne nuit Sebastian."

Me and the Devil : Sebastian Pallow (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant