CHAPITRE 72 : Rumeurs

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Tourbillonnant autour de moi, ma baguette levée et Sebastian prêt à lancer une poignée de cailloux sur la voix, j'avais le cœur dans les oreilles.

Juste sous l'arbre sans feuilles du jardin se dessinait l'ombre d'une jeune fille à la frange désordonnée, quelques couvertures enroulées autour de ses épaules.

"Putain de merde, Anne ! On aurait pu te tuer !" Siffle Sébastien en se serrant la poitrine.

"Hé, fais gaffe à ce que tu dis". Elle sourit, les bras croisés. "Elle aurait pu, mais je n'imagine pas qu'une bande de petits cailloux soit particulièrement mortelle."

Elle s'est penchée vers l'avant, les pommettes captant la lumière de la lune, et j'ai remarqué à quel point ses yeux étaient enfoncés maintenant. Sa silhouette était frêle et ses doigts enveloppés dans d'épais gants. Salomon n'avait que trop raison lorsqu'il avait dit que son état avait empiré.

La plaisanterie que Sébastien avait sur le bout de la langue fut vite avalée lorsqu'il l'aperçut, laissant tomber les cailloux et s'agenouillant devant elle pour prendre ses mains gantées dans les siennes. "Oh Anne !"

"Ne fais pas ça. S'il te plaît, je vais bien." Elle lui a passé une main dans les cheveux et il a laissé tomber ses mains sur les côtés, se penchant à son contact. Elle me sourit d'un air épuisé. "Je suis juste contente que vous soyez enfin tous les deux là."

"Qu'est-ce que tu veux dire par 'il était temps qu'on arrive' ? Tu nous attendais ?"

Elle pencha la tête et fronça les sourcils, tournant son nez vers Sébastien. "Oncle Salomon ne t'a pas écrit pour que tu viennes à ma demande ?"

Mon sang se glaça et je vis les ongles de Sébastien s'enfoncer profondément dans ses paumes.

Il prit un moment pour se mordre la langue avant de relever ses yeux vers les siens. "Il a dit que tu n'allais pas bien et que tu avais besoin de repos. Que je devais rester à l'écart."

Une lueur de douleur a traversé les yeux d'Anne, je n'étais pas sûr qu'elle soit mentale ou physique.

"Oh, je vois." Ses doigts ne se sont arrêtés qu'un instant avant de recommencer à lui caresser la tête. "Je suis sûre que ce n'était qu'une erreur de communication, Sébastien. Je me suis juste effondrée l'autre nuit dans le cercle de la ville alors que je me promenais avec lui... Je me suis réveillée dans mon lit avec un linge chaud sur la tête et me sentant particulièrement malade. J'ai pensé égoïstement qu'une visite de vous trois me ferait du bien."

La mâchoire de Sébastien trembla avant de se resserrer, les yeux brillants d'étoiles et de larmes. "Je suis vraiment désolé de ne pas avoir été là pour toi..."

Anne se moque et lui ébouriffe les cheveux. "Comment aurais-tu pu l'être ? Tu étais à l'école, espèce d'idiot."

Sa voix est à peine plus forte qu'un murmure. "Je ne parle pas de cette nuit-là."

Silence.

"Sébastien..."

J'ai fait un pas en avant et j'ai posé mes mains sur les épaules de Sébastien en les serrant fort. "Eh bien, nous sommes ici maintenant." Je souris à Anne, espérant et souhaitant que mes yeux brillent positivement. "Nous nous sommes éclipsés pour la nuit. Sébastien tenait absolument à ce que nous fassions un autre voyage."

Un sourire s'est dessiné sur ses lèvres et elle a secoué la tête. "Tu t'es éclipsé pour moi. Ha ! Je sais que je t'ai dit de lui éviter des ennuis, mais je ne voulais pas dire que tu devais risquer ta propre paix et ton ordre."

Elle me tendit une main gantée que je pris en la serrant.

"J'ai bien peur que ce ne soit le cas avec ton frère". J'ai fait un clin d'œil.

Me and the Devil : Sebastian Pallow (FR)Where stories live. Discover now