Chapitre 50 : Piste et détours

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PoV Park Ji Hyuk

Il y a cinq jours, après avoir quitté Tan, j'étais allé rejoindre mes soldats sur le camp que nous avions fait déplacer. Après avoir sélectionné cinq de mes hommes les plus fidèles, nous avions chevauché brides abattues vers le Nord pour pouvoir passer la frontière dans les deux jours. Il nous avait fallu contourner les patrouilles de l'Empire et passer par des chemins escarpés, mais nous avions réussi à passer sans nous faire repérer.

Nous transportions le strict minimum en matière d'arme et de vivres. Il nous fallait être rapide, s'encombrer de choses inutiles nous aurait ralenti.

Nous nous trouvions dans une forêt de bambou à mi-chemin de la ville d'Hanzu, le passage obligé pour tout voyageur pour refaire des provisions et se reposer. Les braises du camp de fortune que nous avions monté la veille fumaient encore. Je me trouvais assis en face d'elles, les regardant mourir doucement, le regard perdu dans le vide.

Ma femme m'inquiétait. L'esprit qui en avait pris le contrôle m'avait garanti qu'il ne lui ferait aucun mal et qu'au contraire il ferait tout pour la protéger. Ou plutôt, qu'elle ferait tout pour la protéger.

Mais comment croire un esprit ? Je n'avais que sa parole et aucune véritable preuve de la survie de l'âme de Yung Sook à l'intérieur. Cette Lee-Ra, où peu m'importait son nom, pouvait tout aussi bien m'avoir menti depuis le début.

Cela voudrait dire que je me serais fait avoir comme un idiot.

Pourtant, au cours de nos échanges, j'avais bien senti que devoir me mentir à propos de son identité l'avait vraiment embarrassée. De plus, l'histoire du mouchoir en soie ne pouvait être une ruse. Seuls Yung Sook et moi savions pour lui. Il était mon gage d'amour pour elle. Bien qu'à ce moment là, je l'ai fait passer pour la preuve de notre engagement l'un envers l'autre. Une sorte de pacte de protection.

Je savais depuis longtemps qu'elle avait des sentiments pour moi. D'une certaine manière, j'en était flatté, mais une relation entre nous deux était exclue. Mon père ne l'aurait jamais accepté. Il avait déjà un mariage en tête pour moi, avec une aristocrate d'un rang moins élevé mais possédant une fortune supérieure à celle du Ministre Kim.

Quand je l'avais demandé en mariage, je voulais avant tout me débarrasser de l'influence néfaste de mon père sur mon destin. Libérer Yung Sook du jou de sa belle-mère me permettait de faire d'une pierre deux coups. Je savais qu'elle serait heureuse d'être avec moi et qu'elle ne me demanderait rien en contrepartie.

Mon départ, quelques semaines plus tard n'était pas prévu. Si j'avais pu rester avec elle plus longtemps, je l'aurais fait. Je ne me sentais pas obligé de quoique ce soit en sa présence, je pouvais être moi, pas le général Park ou le fils de l'intendant Park.

Juste Ji-Hyuk.

Mais les ordres du prince héritier valaient plus que celles des dieux à mes yeux. Mon devoir, avant mes sentiments ou ma propre vie. C'est ce que je pensais avant de partir de la maison.

Quel imbécile, je faisais.

Sur ce point, Lee-Ra avait bien raison. Il aurait été plus sage d'emmener ma femme avec moi. Je n'aurais jamais dû la laisser à la merci de sa belle-mère. J'aurais dû me douter que cette mégère n'hésiterait pas à la maltraiter de nouveau. Dénoncer ses exactions au ministre Kim l'aurait forcée à calmer ses ardeurs, mais Yung Sook ne me l'aurait jamais pardonné.

En faisant cela, j'ai trahi le premier serment de la Garde. Celui de protéger les faibles.

- Général. M'appela un de mes hommes, me sortant de ma contemplation des braises.

Par une nuit sans étoile...Where stories live. Discover now