Façade

chapitre 3

Céleste

Tandis que la limousine arrive devant l'entrée du tapis rouge, nous sortons et immédiatement, les flashs fusent. Je fronce légèrement les sourcils, le temps que mes yeux s'habituent à cette lumière vive. Nous avançons donc jusqu'au tapis rouge et commençons à prendre la pause. William passe son bras autour de ma taille et me rapproche de lui avec un regard aimant. C'est tellement navrant.

Je baisse la tête sur ma robe en sentant un liquide couler le long de ma jambe. Sûrement du sang. Je commence à remuer la jambe et réajuster ma robe, mal à l'aise. C'est donc pour cela que j'ai mal depuis tout à l'heure. Je me suis ouvert la jambe en tombant. William semble alors remarquer mon malaise.

- Il y a les caméras, souris, me souffle-t-il discrètement.

- Mais je saigne...

- Je t'ai dit de sourire.

Je prends sur moi, soupire discrètement et affiche un grand sourire. Nous posons ainsi pendant quelques minutes avant de nous avancer vers les journaliste prêts à nous interviewer.

- Sacré soirée ! Vous êtes tellement beaux ! Un secret pour pouvoir faire durer une relation aussi longtemps que la vôtre ? nous demande une femme habillée d'un tailleur violet foncé.

- Oh, le secret c'est de savoir garder le romantisme ! Je lui offre un bouquet de fleurs chaque semaine, lance William avec un grand sourire.

Je souris à mon tour, même si tout cela est faux. Il ne m'a jamais offert de fleurs. Pas une seule fois.

- Et vous, Céleste, vous êtes toujours aussi raffinée et élégante ! On aurait presque l'impression que vous vous réveillez ainsi !

Un faux rire me prend.

- C'est beaucoup de travail, je vous rassure. Personne ne ressemble à une star de cinéma en se réveillant.

Elle acquiesce, nous pose quelques questions supplémentaires puis nous allons rencontrer quelqu'un d'autre. Ensuite, nous entrons dans la salle de cinéma et nous asseyons au premier rang, à côté de son père. D'ailleurs, ce dernier laisse traîner son regard sur moi un peu trop longtemps, comme d'habitude. William ne semble pas le remarquer et de toute façon même s'il le voyait, je ne pense pas qu'il y ferait grand chose. Il ne m'a jamais aimé, ça je l'ai bien compris. Ça fait longtemps que j'ai arrêté d'imaginer qu'il pouvait y avoir de la romance entre nous, mais parfois j'essaye d'imaginer à quoi cela ressemblerait. Je ne me suis jamais sentie désirée, jamais sentie aimé ou même appréciée. Mon père n'a jamais de temps à me consacrer et les seules fois où William m'en accorde, c'est seulement lorsque nous couchons ensemble. Je ne prends jamais vraiment de plaisir puisqu'il ne fait pas attention à ce que je ressens, mais ce n'est pas désagréable non plus. Et de toute façon, j'ai peur de la façon dont il pourrait réagir si je lui disais non un jour.

Je baisse le regard sur ma robe et remarque une tache rouge sur celle-ci à l'endroit où je suis ouverte. Je me
penche alors vers mon fiancé.

- William, passe-moi ta veste je saigne.

Il se tourne vers moi et me fusille du regard. Mais comme les apparences comptent plus que tout, il retire sa veste et me la tend. Je m'en empare et couvre mes jambes avec. De l'extérieur, n'importe qui pensera qu'il s'agit d'un geste attentionné d'un petit-ami aimant qui ne veut pas que sa copine attrape froid, alors que la réalité est toute autre.

Je soupire tandis que les lumières s'éteignent et que le film commence. Maintenant, je dois passer les deux prochaines heures à regarder un film dont l'acteur principal, mon beau-père, est un homme imbu de lui-même qui porte sur moi un regard inapproprié depuis que j'ai eu 16 ans...