chapitre 47

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Une heure a passé, et personne n'a remarqué notre présence. C'est d'ailleurs étonnant que personne n'ait eu besoin d'accéder à la réserve.

- Rouge ? Sérieux t'es pas originale, lance Exton alors que je viens de lui dire ma couleur préférée.

- Et alors ? C'est quoi la tienne ?

Ça fait une heure qu'on discute, ou plutôt qu'on se crêpe le chignon pour tout et pour rien et j'ai eu le temps de penser à pleins de trucs, notamment le fait que si j'avais été enfermée dans cette pièce avec William, j'aurais été vraiment très mal à l'aise, alors que je n'ai pas ce problème avec Exton.

- Le vert.

Je me redresse et m'étire tout en me moquant de lui.

- Bah quoi ? Au moins c'est pas du bleu.

- C'est équivalent au rouge.

Il se lève à son tour.

- C'est à dire ?

- Le bleu pour les garçons est équivalent au rose pour les filles, et le vert pour les garçons est équivalent au rouge pour les filles.

Il hausse un sourcil et me dévisage de haut en bas.

- Je suis certain que t'étais prof de philosophie dans une autre vie.

- J'avais les meilleures notes à l'école, je suis une personne intelligente.

Un rire moqueur lui échappe. Je l'interroge du regard avec un petit air hautain qui m'est propre.

- T'es sûre que t'as pas plutot soudoyée tes profs ou même tes camardes pour qu'ils fassent tes devoirs à ta place ?

Je lève les yeux au ciel.

- Non, jamais. Les seules fois où des garçons ont fait des devoirs pour moi à ma place je n'ai pas eu besoin de les soudoyer ou de leur promettre quoique ce soit.

Il secoue la tête.

- Au lycée j'étais le genre de gars qui aurait tout fait pour attirer l'attention de la jolie fille du bahut.

- Je ne t'aurais sûrement pas calculer, ne rêve pas trop.

Il lève un regard quasiment sidéré sur moi.

- T'es vraiment une garce, en fait.

- Seulement avec toi, bien sûr.

Il se rapproche de moi d'un air assuré.

- Et maintenant, tu ne me calcules toujours pas ?

- Comment ça ? je demande, prise au dépourvue.

Il se rapproche un peu plus.

- J'ai grandi, j'ai pris en maturité, et j'ai commencé à plaire, tout comme toi. Alors je te demande si je te plais, à défaut de pouvoir t'avoir plu à ma période lycée.

Un rire nerveux me prend.

- Pourquoi cette question ?

- Tu l'esquives, ma question ?

J'entrouvre légèrement la bouche. Bien décidée à le faire taire, je prends un air fier et confiant et lui réponds.

- Physiquement oui, tu me plais. Mais ce n'est pas bien compliqué, tu plais à toutes les célibataires d'Amérique avec ton corps d'athlète.

Il fait exprès de contracter ses muscles et même si c'est extrêmement beauf et que c'est sûrement le but recherché, je ne peux m'empêcher de regarder.

- Dis-donc, je savais pas qu'il suffisait d'un beau corps pour te charmer. Tu es pire qu'un homme, en fait.

Je m'approche de lui à grandes enjambées et lui écrase le pied. Il grimace.

- Si je veux être pire qu'un homme, c'est mon choix. Mais ne te sens pas pousser des ailes trop vite, je te rappelle que je n'ai absolument pas de goût dans les hommes que je choisis.

Il se rapproche un peu plus, et cette fois-ci mon regard ne peut plus quitter son corps musclé.

- Ah ouais, t'as mauvais goût ?

Je hoche la tête tandis qu'il fixe mon visage avec intensité. Merde, je ne serais pas contre un nouveau baiser pour tester s'il m'attire réellement ou non.

Il semble presque lire dans mes pensées puisque la seconde qui suit, il place ses mains autour de ma taille pour me rapprocher à lui et sceller nos lèvres. Nos langues se rejoignent et ses mains ainsi que les miennes commencent immédiatement à parcourir le corps de l'autre avec envie. La tension monte et l'excitation aussi, aucun de nous deux n'est prêt à s'arrêter.

Et alors que le baiser prend en intensité, le bruit d'une serrure qui se déverrouille retentit et nous avons à peine le temps de nous décoller l'un de l'autre qu'une aide soignante entre. Elle nous dévisage tour à tour, confuse, tandis que je tente de réguler la chaleur de mon corps et le rouge sur mes joues.

- M... merci beaucoup, nous étions coincés, je lance pour combler le silence et la gêne qui s'empare de moi en sachant pertinemment qu'elle sait ce qui était en train de se passer.

Et tandis qu'Exton passe devant moi pour sortir le premier, il s'arrête une petite seconde et vient me murmurer à l'oreille :

- Tu vois, je t'avais dit que ça ferait intervenir quelqu'un...

FaçadeWhere stories live. Discover now