chapitre 35

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Lorsque les plats arrivent, je finis ma coupe de champagne d'une traite sous les yeux agacés de mon père.

- Tu dois garder une image irréprochable, Céleste. Or, paraître ivrogne ne t'aidera sûrement pas à être attirante.

J'ai très envie de lever les yeux au ciel, mais je m'en empêche puisque les paparazzis sont encore là.

- Par contre elle était bien cette photo postée par William, tu devrais faire plus de photo de ce genre.

Je fronce les sourcils.

- Des photos dénudées tu veux dire ?

Il hausse les épaules.

- Pas spécialement dénudée mais... découverte oui, pourquoi pas. Ça attire toujours plus d'audience.

- Des pervers de cinquante ans en manque de sexe vous voulez dire ? répond Exton en haussant un sourcil.

Mon père tousse, c'est ce qu'il fait à chaque fois qu'il est mis dans une situation embarrassante. Je lance un sourire à Exton, puis nous commençons tous les trois à manger nos plats dans le plus grand des silences. Un serveur vient meme nous voir en nous demandant si tout va bien avec nos plats. Heureusement, ils sont bons, ça contre un peu ce repas pourri.

Lorsque nous finissons, on nous débarrasse et mon père reprend la parole.

- Au fait, le père de William m'a dit qu'il n'était pas ravi que son fils ait une ordonnance restrictive pour toi. Pourquoi est-ce que tu as fait cela ?

Je ne précise pas que l'idée vient d'Exton, je ne tiens pas à ce que mon père lui fasse des reproches à lui.

- William était un enfoiré, tout comme son père. Et tu le sais.

Il fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que tu me racontes ?

Cette fois-ci, je ne me retiens pas et lève les yeux au ciel. Oh je sais de quoi ça a l'air de l'extérieur : un père qui découvre que sa fille était maltraitée par son fiancé et sa fille qui le blâme pour cela. Mais je connais mon père.

- Papa, ne me dis pas que tu croyais ce que je te disais quand j'arrivais à tes meetings avec un coquard et que la seule excuse que j'ai trouvé à chaque fois c'était que j'avais trébuché sur un trottoir. Je ne me promène même pas, comment est-ce que je pourrais autant me ramasser à cause des trottoirs ?

Et voilà, il recommence à tousser.

- Ce n'est ni le lieu, ni le moment, Céleste. On passe au dessert ?

- En fait je pense qu'on va y aller, je suis crevé, intervient Exton. Je vais payer, je vous invite.

Et il se lève sans laisser le temps à mon père d'argumenter. Un serveur le remarque et vient prendre sa carte.

- Bon euh... merci, dit mon père.

Exton hoche la tête et tandis que nous récupérons nos manteaux, nous prenons la direction de la sortie.

- Allez à la prochaine, je lance en sortant la première pour aller directement rejoindre le chauffeur.

Exton me rejoint peu de temps après.

- Si je peux me permettre, ton père est un sale type. Je ne voterai pas pour lui aux prochaines élections.

Il parvient à me faire rire.

- Je dois bien avouer que le jour des dernières élections j'ai voté pour son concurrent parce qu'il m'avait pris la tête le matin même.

Et nous rions tandis que la voiture démarre et que nous prenons le chemin de l'appartement.

Moi aussi je suis fatiguée et j'ai hâte de m'allonger dans mon lit. Mais je sais déjà que tous les mots blessants que mon père a eu à mon égard vont repasser en boucle dans ma tête et que ça risque de m'empêcher de fermer les yeux pendant un bon bout de temps malgré moi...

FaçadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant