Chapitre 3 - Zoé

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J'aimerais beaucoup ne pas avoir à craindre d'ouvrir ma boîte aux lettres.

Pourtant, chaque jour, quand je finis mon travail et que je rentre chez moi, c'est la première chose que je fais.

Non pas que j'en meurs d'envie...

Mais je dois vérifier quotidiennement où j'en suis, pour savoir ce que je peux me permettre de payer, ou non.

La vérité, c'est que depuis la mort de mes parents, je suis absolument fauchée.

Ils nous ont laissé une montagne de dettes que je tente de rembourser, avec plus ou moins de réussite depuis plus d'un an maintenant.

J'ai essayé de trouver des solutions, tout ce que je pouvais en fait...

Mais toutes les portes que j'ai ouvertes se sont refermées devant moi avant que j'aie eu l'occasion de les franchir.

Et je me retrouve aujourd'hui à jongler avec les factures et à vivre dans un minuscule appartement dans un des quartiers que nos braves gouvernants jugent « mal famé ».

Dans mon malheur, j'ai de la chance.

Les gens ici sont super, pour la plupart. Bien loin des clichés que l'on fait d'eux.

Bien sûr, le quartier à son lot de drogués et de sales types, mais je n'ai jamais vu des gens aussi solidaires qu'ici.

Arrivée chez moi, je referme le verrou et m'installe à table avant d'ouvrir consciencieusement la première enveloppe.

Le fait qu'il y ait noté « urgent » en lettres capitales n'augure sans doute rien de bon.

La lecture des premières lignes me le confirme d'ailleurs immédiatement.

J'ai quarante-huit heures pour régler la facture avant que l'électricité ne me soit coupée.

Je consulte mon compte.

Je ne mangerais probablement pas grand-chose ce mois-ci, mais je devrais pouvoir la payer...

Je souffle longuement et mets en boule la facture avant de la jeter contre le mur.

J'en ai vraiment assez de vivre comme ça. J'ai l'impression que quoique je fasse, quoique je tente, ça me retombe dessus.

Je fais face du mieux que je peux, mais la vérité est que je suis moralement et physiquement épuisée.

La tête dans les mains et le moral à zéro, je m'apprête à passer une nouvelle soirée toute seule lorsqu'on sonne à la porte.

À cette heure-ci, il y a peu de gens susceptibles de venir me voir.

Les personnes qui savent que j'habite ici sont peu nombreuses.

Mais lorsque je regarde à travers l'œilleton, je suis soulagée de voir qu'il s'agit de ma meilleure amie.

— Tu as une sale tête.

— Je suis contente de te voir, moi aussi.

Mon amie m'offre un large sourire avant de sortir une bouteille de vin du sac qu'elle tient à la main.

— J'ai amené de quoi dîner.

Je souris en voyant son air enjoué.

— Tu as conscience qu'on ne peut pas se nourrir d'une bouteille de vin ?

— Évidemment, j'ai aussi pris des chips !

Elle sort fièrement le paquet et me le tend. Meryl a une montagne de qualités, mais savoir cuisiner n'en fait pas partie et chez elle, c'est son futur mari qui s'affaire en cuisine.

Une seule nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant