Chapitre 4 - Evan

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Il est déjà tard lorsque je consulte ma montre.

Je devrais être parti d'ici depuis trente minutes déjà, mais Madame Culkin, qui garde Abby depuis qu'elle est toute petite à l'habitude de me voir arriver plus tard que prévu et ne m'en tient jamais rigueur.

Je jette un dernier coup d'œil à mes mails, satisfait des résultats que j'ai obtenus aujourd'hui.

La seule chose positive dans le fait de se lancer à fond dans le travail comme je l'ai fait ces derniers temps, c'est que l'argent coule à flots.

C'est peut-être stupide, mais j'en ai tellement manqué étant jeune que je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour économiser et préserver ma fille du besoin.

Ceci dit, aucun billet de banque n'aura jamais la saveur du temps que je passe avec elle.

Et c'est donc d'un pas décidé que je quitte mon bureau, prêt à aller la retrouver.

La maison de Madame Culkin ne se trouve qu'à quelques rues de la mienne et je la rejoins depuis mon travail en une vingtaine de minutes.

Je gare ma voiture comme à mon habitude, juste devant chez elle.

Derrière la vitre, j'aperçois Abby qui danse dans le vaste salon, avec une montagne de peluches dans les bras.

Attachés en petites couettes, ses cheveux ondulés, hérités de Kate, lui donnent un air absolument adorable.

Mon cœur se serre un instant en la voyant faire et en pensant au fait que jamais sa maman ne pourra être là pour la voir. Mais je me reprends vite.

Je ne veux surtout pas que ma petite fille me voie triste.

Je fais en sorte que sa vie à elle ne soit que joie et éclats de rire même si un voile de noirceur s'est abattu sur la mienne et que j'ai bien du mal à m'en défaire.

— Bonsoir Evan.

— Bonsoir Janet.

— Papa !

À peine ai-je fait un pas qu'Abby envoie valser ses peluches et se précipite dans mes bras.

— Salut ma grenouille ! dis-je en l'embrassant.

Je me tourne vers Janet, qui est tout sourire.

— Désolé pour le retard.

— Pas de soucis, vous savez bien que c'est toujours un plaisir de garder cette petite princesse.

Il y a peu de gens à qui je confierais ma fille les yeux fermés, mais Janet Culkin en fait partie.

— On rentre à la maison ? intervient Abby.

— Tu ramasses d'abord les peluches que tu viens d'éparpiller jeune fille.

Elle se tortille pour descendre de mes bras et s'exécute en un temps record.

— Est-ce que tout va bien ? Vous avez l'air fatigué.

— Beaucoup de boulot, c'est tout, dis-je en haussant les épaules.

— Vous savez Evan, vous et moi en avons déjà discuté... Mais, je sais ce que vous vivez. Et croyez-moi, je suis bien placée pour savoir qu'Abby a avant tout besoin de vous.

Janet a perdu son mari il y a des années, dans un accident de voiture, alors que ses enfants n'avaient que quatre et six ans.

Elle a fait preuve, dès lors, d'un courage et d'une force extraordinaire en les élevant seule, à une époque où les choses n'étaient sans doute pas aussi simples qu'aujourd'hui.

Une seule nuitWhere stories live. Discover now