Chapitre 61 - Zoé

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Je suis allongée sur le canapé et fais défiler les chaînes de télévision en attendant le retour d'Evan.

Il m'a prévenu qu'il rentrait tard ce soir alors je fais de mon mieux pour m'occuper en son absence.

Abby est couchée depuis peu et je ne travaille pas demain alors je peux trainer un peu.

En pleine hésitation sur mon programme du soir, j'entends sa voiture se garer dans l'allée.

Je coupe le son et me dirige vers la porte d'entrée pour l'accueillir.

— Salut beauté.

Sa cravate relâchée et sa chemise entrouverte lui donnent un petit air sexy.

— J'aime beaucoup ce style hommes d'affaires un peu négligé, dis-je en passant mes doigts dans le col de sa chemise.

Il sourit puis m'attire à lui pour un baiser.

— La journée a été longue. Mais maintenant que tu es dans mes bras, tout va mieux.

Mes relations précédentes n'ont jamais été du genre à étaler leurs sentiments ou à beaucoup communiquer sur leur ressenti alors j'avoue que j'apprécie vraiment qu'Evan se montre si ouvert quant à admettre que ma présence lui fait du bien.

— Je pensais justement la même chose. Outre le fait que je t'attendais parce que je compte bien faire l'amour toute la nuit, j'avoue que j'aime vraiment quand tu me tiens dans tes bras.

Il resserre son emprise et m'embrasse de nouveau.

— Tu es un don du ciel, tu le sais ça ?

— Évidemment ! lui dis-je comme s'il s'agissait d'une évidence.

Je lui arrache un petit rire tandis qu'il dépose sa veste sur le porte-manteau.

— Est ce que je peux manger un morceau avant de te manger toi ?

— Mmmh, d'accord, mais seulement pour te donner des forces pour la suite.

— Bien sûr. Je suis à votre service Mademoiselle.

— Voilà quelque chose que j'aime entendre.

Nous rions en nous dirigeant vers la cuisine.

Je ne prétendrais jamais être une grande cuisinière, mais... je m'améliore.

J'ai investi dans quelques livres de cuisine qui me donnent les bases et, quand nous avons un peu de temps libre à la boutique, Rory m'apprend elle aussi quelques-unes de ses astuces.

Même si la pâtisserie est sa spécialité, elle est vraiment douée quand il s'agit de se mettre aux fourneaux.

Je tends à Evan une assiette de gratin que j'avais laissé au four pour lui. Et il en dévore le contenu en quelques minutes à peine.

Je suis heureuse de le voir faire parce que la première fois que j'ai voulu cuisiner pour lui, le résultat était comme qui dirait... catastrophique.

— Comment c'était ?

— Honnêtement ? Délicieux.

Je ne peux m'empêcher de sourire à ce compliment.

— Mais tu sais que je t'aime même si tu n'es pas une grande cuisinière n'est-ce pas ?

— Je sais, mais j'ai peur qu'un jour vous finissiez par vous lasser des macaronis au fromage.

Evan rit à gorge déployée.

— Tu plaisantes ? Abby et moi on adore les macaronis au fromage !

C'est à peu près le seul plat que je leur ai cuisiné depuis que je suis venue vivre ici. Mais je progresse alors, je suis heureuse.

Evan recule légèrement sa chaise et me fait signe de venir m'installer sur ses genoux. Je m'exécute et passe mes bras autour de son cou.

— Il y a quelque chose que je dois te dire.

— Vas-y.

— J'ai pris une décision.

— Une décision concernant ...?

— Le fait de parler de moi à la mère des garçons.

Je le sens légèrement crispé tout à coup, mais ne m'en formalise pas.

— Je veux lui révéler mon existence. J'y ai beaucoup réfléchi ces derniers temps. Et je pense que si j'ai une chance d'en savoir plus sur mon histoire, je dois l'exploiter.

Je dois reconnaître que pendant très longtemps, j'ai été du point de vue opposé. Et il m'a fallu effectuer un long cheminement pour en arriver là.

Mais depuis que je connais une partie de la vérité, j'apprends à connaître mes frères et ce sont des types formidables, tous les trois. Je me dis que je n'aurais probablement jamais eu cette chance si je n'avais rien su. Et ça me fait percevoir les choses de façon différente.

— Vraiment ?

— Oui, vraiment. Je veux savoir si elle est au courant de quelque chose. Elle est probablement ma dernière chance d'en savoir plus.

— Dans ce cas, il y a quelque chose que je dois te dire, moi aussi.

*************

— Vous êtes vraiment sûrs qu'elle veut me voir ?

— Elle a beaucoup insisté pour ça.

— Mais si... Je ne sais pas... Ce n'est peut-être pas une si bonne idée finalement.

Connor s'immobilise sur le pas de la porte et me fait face.

— Écoutes Zoé, aucun de nous trois ne peut imaginer ce que tu vis. Mais tu veux en savoir plus. Et notre mère a visiblement des réponses à t'apporter.

— Connor a raison. Et aucun de nous ne veut te mettre dans une situation délicate. Si tu ne veux pas franchir cette porte, personne ne te jugera.

— Je n'aime pas l'admettre, mais... les gars ont raison.

La remarque de Carter nous fait rire et détend un peu l'atmosphère.

— C'est à toi qu'appartient cette décision, ajoute-t-il. Et à toi seule.

Lorsque, hier soir, Evan m'a avoué que mes frères avaient révélé mon existence à leur mère, j'ai été finalement soulagée. Il avait peur que je sois fâchée, mais ce n'était pas le cas.

Ils ont agi tous les trois en pensant faire ce qu'il y a de mieux pour moi.

Ils ne lui ont pas dit qui j'étais. Ni que je vivais désormais ici, à deux pas de chez elle.

Mais ils lui ont dit que j'existais. Et que je souhaitais comprendre comment j'en étais arrivée là.

Alors nous nous sommes réunis pour en discuter de vive voix et j'ai pris la décision de la rencontrer. Dès le lendemain matin.

Evan pense que je dois y aller seule avec les garçons. Que les choses ne seront peut-être pas simples pour Mariana.

Et il ne souhaite pas lui imposer trop de regards extérieurs.

Même si j'aurais aimé l'avoir à mes côtés pour affronter ça, je pense qu'il a raison.

Et je me retrouve donc avec mes trois frères sur le pas de la porte de la maison dans laquelle vit leur mère.

Plus proche de la vérité que je ne l'ai jamais été de toute ma vie.

— Allons-y.

Une seule nuitWhere stories live. Discover now