Chapitre 23 - Zoé

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Je suis épuisée.

Entre ma démission la nuit dernière, la préparation du mariage et cette journée de folie tout entière, c'est à peine si je tiens sur mes jambes.

J'avais beaucoup ri lors de l'enterrement de vie de jeune fille de Meryl, à Vegas, mais ce soir, je me suis vraiment éclatée.

Il se trouve que j'ai beaucoup discuté avec Rory et son mari Connor.

Ma meilleure amie avait raison, ce sont des gens adorables.

Ils viennent tout juste de quitter la fête, mais Rory et moi avons échangé nos numéros et promis de nous revoir rapidement.

On dirait bien que je me suis fait une nouvelle amie et j'en suis vraiment ravie.

La soirée aurait difficilement pu être meilleure.

Meryl a bien essayé de me jeter dans les bras de son cousin pour me faire oublier Evan, mais autant dire que c'était peine perdue.

Après ce qui s'est passé à Vegas, je n'envisage plus de relation d'un soir.

Si je m'accroche comme ça à chaque fois alors que c'est censé être temporaire, je vais me pourrir la vie. Et étant donné que les galères ne semblent pas vouloir arrêter de me tomber dessus ces derniers temps... Je ne vais pas tenter le diable comme on dit.

Il est tard désormais et tout le monde ou presque a déserté les lieux.

À vrai dire, il n'y a que Meg qui semble encore être en forme. Mais elle a toujours été hors compétition comme je lui dis souvent. Cette fille-là, c'est une boule d'énergie et je n'ai encore jamais vu personne réussir à la suivre sur le long terme.

Même son grand frère, Tom, ne parvient pas à la canaliser.

Et pourtant ce gars, c'est l'incarnation même du calme absolu.

C'est fou de se dire qu'ils ont été élevés par les mêmes parents et que cela ait pu donner des résultats aussi différents.

Les jeunes mariés se sont éclipsés il y a peu de temps et la salle se vide désormais à grands pas.

Je ne vais pas tarder à y aller, moi aussi.

Je passe voir Meg pour lui dire au revoir.

— Oh, tu pars déjà ?

— Meg, il est presque trois heures du matin, ça me paraît raisonnable, non ?

— Si tu avais accepté les avances de Josh, il y a un moment que tu serais partie de la fête, dit-elle en me faisant un clin d'œil complice.

Josh est le cousin de Meryl, celui avec qui elle a essayé de me caser toute la soirée. Lui avait l'air emballé, moi... un peu moins.

C'est vrai que c'était un beau garçon, mais je ne suis juste pas d'humeur. Surtout pas en ce moment.

— Une prochaine fois, peut-être.

Elle rit et me serre dans ses bras.

— On n'attend pas le prochain mariage pour se voir, d'accord ?

— C'est promis.

Je réunis mes affaires et me dirige vers la sortie.

L'air s'est considérablement rafraîchi et la nuit est noire et profonde. Je frissonne.

Même si cette soirée a été extraordinaire, j'aurais aimé pouvoir la partager avec quelqu'un. Le fait de rentrer seule chez moi après avoir vu tant d'amour autour de moi toute la journée, c'est finalement un peu éprouvant.

Plus que ce que je pensais.

Mais alors que je commence à me diriger vers le taxi auquel j'ai fait appel, je crois sentir comme une présence non loin de moi. Les poils de mes avant-bras se hérissent et je ne peux retenir un sentiment de malaise face à cette situation.

La salle que Meryl et Tom ont louée pour la soirée est dans un beau quartier, mais ça ne veut pas dire qu'il ne peut rien s'y passer et alors que j'accélère le pas, j'entends la personne derrière moi prononcer mon nom.

Et cette fois, si mes poils se hérissent, ce n'est pas dû à la peur. Parce que cette voix... Je la reconnais. Ou plutôt je crois la reconnaitre.

Mais il est trois heures du matin et je suis épuisée alors... Je n'ose pas me retourner, mais je choisis tout de même de m'arrêter.

La main qui se pose sur mon épaule me fait sursauter légèrement, mais sa prise est douce. Rassurante. Et ce parfum... C'est le même. Le même qui m'a enivré ce soir-là, à Vegas.

— J'avais peur de t'avoir loupé.

J'ai l'impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine. C'est forcément un rêve. Ça ne peut pas être vrai. Ça ne peut pas...

— Zoé, regarde-moi.

Cette fois, je trouve le courage de lui faire face, mais j'ai les jambes tremblantes et je ne suis pas certaine de la réaction que je vais avoir... Si toutefois c'est bien lui.

Je m'exécute, les yeux fermés.

Quand je les rouvre, je me demande pendant une fraction de seconde si tout ça n'est pas simplement le fruit de mon imagination.

Evan se tient là, devant moi, avec le même sourire stupidement sexy qu'à Vegas.

J'ai envie de lui rendre, mais je suis submergée par les émotions.

Je n'arrive pas à croire qu'il soit vraiment là.

— Salut, me dit-il calmement.

Sa main vient à la rencontre de ma joue, mais, même si j'ai rêvé ce moment au moins une centaine de fois, je me recule. Il a peut-être oublié qu'il vient de m'ignorer royalement pendant deux mois... Mais moi non.

Il a l'air un peu penaud tout à coup. Peut-être s'attendait-il à ce que je lui saute dans les bras.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Comment est-ce que tu m'as retrouvé ? Pourquoi...

Il m'interrompt en posant un doigt sur mes lèvres.

— Je sais que tu dois avoir un tas de questions et je te promets d'y répondre. Est-ce qu'il y a un endroit où on peut discuter ?

Il m'est difficile de réfléchir tant cette situation est inattendue. Et le chauffeur de taxi qui m'interpelle ne m'aide pas à réfléchir sereinement.

— Je... euh. Laisse-moi une minute.

Je me dirige vers le chauffeur pour lui expliquer que je n'ai plus besoin de lui. Evan arrive derrière moi et lui tend un billet de cinquante dollars.

— La demoiselle va rentrer avec moi, dit-il.

Après s'être assuré que tout allait bien pour moi, il me fait un signe de tête puis redémarre.

— Tu n'étais pas obligé de faire ça.

— Ce n'est rien. Et puis c'est de ma faute, alors...

Mon Dieu, mais qu'il est beau. C'est la seule chose qui me vienne à l'esprit quand je le vois se pencher à nouveau vers moi. J'avais peur de l'avoir idéalisé avec toutes ces semaines venant de s'écouler, mais je suis heureuse de constater que ce n'est pas le cas. Mais la question est... que fait-on maintenant ?

L'amener chez moi ? Hors de question. Retourner dans la salle ? Je n'y tiens pas non plus... Le quartier est sympa et le décor plutôt agréable. Ça me semble être la meilleure option. Parce que dans une pièce fermée... Je ne sais pas si je pourrais me retenir de l'envie qui revient à grands pas de lui arracher ses vêtements...

— Tu veux marcher un peu ?

Il me sourit de nouveau, semblant reprendre un peu confiance. Mais il reste à distance. Ce que j'apprécie.

— Avec plaisir. 

Une seule nuitWhere stories live. Discover now