Une seule nuit

Chapitre 19 - Zoé

J'ai longtemps attendu un coup de téléphone qui n'est jamais arrivé.

En deux mois, Evan a eu mille occasions de me joindre. Mais il ne l'a pas fait.

Et je crois maintenant pouvoir dire que le message est clair.

Il ne veut rien avoir à faire avec moi.

Je ne comprends toujours pas pourquoi il a accepté qu'on échange nos numéros.

Si c'était pour m'ignorer totalement ensuite... Il aurait pu me le dire de suite.

Ça m'aurait blessé, sans aucun doute, mais je m'en serais remise.

Je veux dire... Tout ce que je voulais moi, c'était passer du bon temps.

Je ne demandais pas le mariage.

L'idée de le revoir à New York, c'était justement pour ça... Passer du bon temps. Encore. Parce que oui, Vegas et tout ce qui s'y était passé restaient gravés dans ma mémoire.

Aucun homme ne m'avait jamais offert autant d'orgasmes en si peu de temps et je dois bien reconnaître que ça m'avait vraiment impressionné.

J'avais pris mon pied comme jamais auparavant. La meilleure nuit de toute ma vie.

Et puis, il y avait eu ce truc entre nous...

Cette connexion, ce lien que j'avais ressenti.

Que je croyais avoir ressenti, du moins.

J'ai l'impression d'avoir rêvé tout ça. C'était la première fois de ma vie que je vivais un truc pareil. Et vu comment les choses se passent maintenant, on ne m'y reprendra plus.

Oui, cette nuit était incroyable.

Mais il n'y en aura pas d'autres. Plus jamais.

Alors je ferais mieux de me faire à cette idée.

J'ai longtemps cherché à comprendre pourquoi.

Pourquoi il ne répondait pas. Pourquoi il m'avait menti en me disant qu'il était d'accord pour que l'on se revoie lorsque je lui avais proposé. Pourquoi j'avais cru voir quelque chose là où il n'y avait rien...

Mais la vérité, c'est que je n'ai pas davantage de réponses à ces questions qu'à celles que je me posais déjà sur ma vie avant de partir à Vegas.

Elles sont juste venues s'ajouter à ce que je cherche déjà à résoudre.

— Allô la terre ?

Meryl claque des doigts juste sous mes yeux tandis que la couturière effectue les dernières retouches sur sa robe.

— Désolée, j'ai la tête ailleurs. Tu es vraiment magnifique.

Magnifique, oui. C'est le terme. Meryl est absolument resplendissante.

— Tu le seras aussi dans ta robe de demoiselle d'honneur !

Je souris en regardant la tenue posée sur la chaise à côté de moi. C'est vrai que cette robe est une merveille.

J'aurais aimé qu'Evan me voie dedans. Non, Zoé, ça suffit. Tu l'oublies. Maintenant.

Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Ce serait tellement plus simple si c'était le cas. Je veux dire... Nous sommes une génération de l'éphémère... On consomme le sexe comme n'importe quel autre produit, aujourd'hui.

Les rencontres d'un soir et le refus de s'engager sont monnaie courante. Je pensais être capable de ça, moi aussi. Mais ce n'est pas le cas.

Oui, j'avais franchi le pas en passant une nuit dans les bras d'un presque inconnu, mais il suffisait de me voir dès le lendemain... J'en voulais déjà plus. Je ne supportais pas l'idée que les choses s'arrêtent ainsi, au petit matin.