Chapitre 62 - Zoé

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C'est une femme élégante qui nous accueille.

Elle a les mêmes grands yeux verts que mes frères.

Les filles avaient raison quand elles disaient que c'était la marque de fabrique de la famille.

Tous mes neveux et nièces ont ce même regard perçant. Et il est très difficile de s'en détacher.

Malgré la situation plus qu'atypique, Mariana nous fait rapidement rentrer tous les quatre avec un sourire bienveillant.

— Tu dois être Zoé.

J'acquiesce.

— Bonjour.

Il est vrai qu'elle a l'air particulièrement sereine et je suis un peu étonnée de la voir ainsi parce que de mon côté, je peine à réprimer mon agitation.

Pendant une fraction de seconde, elle semble vouloir m'observer avec davantage de détails, mais elle ne le fait pas et nous invite à la suivre dans le salon après avoir embrassé ses garçons.

C'est drôle de les voir ainsi.

À l'extérieur, ils ont tous l'air si... indépendants

Alors qu'ici, confrontés à leur mère, aucun d'eux ne fait le fier.

Quant à moi, si je pouvais disparaître dans un trou de souris, je le ferais.

Mais jusqu'à maintenant, elle ne m'a pas sauté dessus ni hurlé que je n'avais rien à faire ici. J'imagine donc pouvoir dire que c'est un bon début.

Nous prenons place chacun notre tour dans une jolie pièce lumineuse et décorée avec goût.

Sobre, mais chic. Un équilibre difficile à trouver selon moi, mais que Mariana maîtrise visiblement à la perfection.

— Est-ce que vous voulez boire quelque chose ?

Cette question s'adresse à nous quatre, mais tout le monde y répond par la négative.

Angoissée comme je suis, je ne pourrais pas avaler quoique ce soit. Je pense que Mariana le comprend rapidement et elle s'assied à son tour.

Je n'ose pas parler, de peur qu'un mot mal formulé ou mal interprété déclenche les hostilités.

Mes frères m'ont dit que je n'avais rien à craindre d'elle et je les crois. Je sais qu'ils ne m'auraient jamais encouragé à venir ici s'ils pensaient que les choses pourraient mal se dérouler.

Mais ce serait mentir de dire que je suis sereine.

— Bien. Puisqu'aucun de vous ne dit un mot, j'imagine que c'est moi qui vais devoir commencer, nous dit-elle.

J'essaie de lui faire quelque chose qui ressemble à un sourire, mais je ne suis pas certaine du résultat.

J'ai l'impression que mon corps a du mal à répondre aux injonctions de mon cerveau et je reste là, patiemment, à attendre.

— Zoé, j'imagine que tu dois avoir un tas de questions et je pourrais probablement répondre à certaines d'entre elles. Mais je ne te promets pas de pouvoir tout résoudre.

Avec le nombre d'interrogations qui ont traversé mon esprit ces deux dernières années, je dois dire que même répondre à une poignée d'entre elles me conviendrait.

— Je comprends.

Enfin j'arrive à articuler deux mots à la suite. On progresse...

— Alors, j'imagine qu'on a déjà dû te le dire, mais... tu ressembles beaucoup aux garçons.

Une seule nuitWhere stories live. Discover now