Une seule nuit

Chapitre 58 - Evan

C'est un peu étrange de voir Zoé entourée de ses quatre frères. D'autant que je connais trois d'entre eux depuis des années.

Les choses évoluent naturellement entre eux, chacun prenant le temps de découvrir l'autre et pour l'instant, c'est plutôt réussi.

Zach a passé un peu de temps seul avec elle avant l'arrivée des garçons.

Ils avaient des choses à se dire et j'ai voulu leur laisser un peu d'intimité.

Je pense que c'était important pour eux de rester rien que tous les deux.

Ils sont partis se promener au bord du lac pendant que je finissais de préparer la fête d'anniversaire d'Abby.

J'admire Zach pour le soutien dont il fait preuve à l'égard de sa sœur parce que la situation ne doit pas être simple pour lui. Zoé est la seule famille qui lui reste et elle vient de découvrir une partie de ses origines.

Des origines qu'ils ne partagent pas.

Je sais qu'il traine derrière lui certaines erreurs de son passé, mais c'est un type bien. Et il fait de son mieux pour mener une vie saine désormais.

— Je vous ai vu tous les trois en photo, mais là... c'est fou, vous vous ressemblez vraiment.

Zoé sourit tandis que son regard se pose tour à tour sur chacun des garçons Coleman. Il a raison. Ces quatre-là se ressemblent. Mais je trouve aussi que Zoé ressemble à Zach.

Elle a les mêmes yeux que lui. Ceux de leur mère.

— C'est ce que tout le monde dit.

— Parce que c'est vrai ! dit Lena qui me fait beaucoup rire.

Elle qui, ces derniers temps, s'intéressait beaucoup à la psychologie à trouvé un sujet d'étude inespéré dans cette révélation surprise. Elle en analyse chacun des rebondissements.

Nous sommes installés dans le salon depuis près d'une heure et l'ambiance est bon enfant.

Sofia me rejoint dans la cuisine tandis que je viens refaire le plein de bières fraîches. Depuis l'entrebâillement de la porte, elle observe Zoé.

— Elle a l'air heureuse, me dit ma sœur.

— J'espère qu'elle l'est.

— Si ce n'est pas le cas, c'est officiellement la meilleure comédienne du monde.

Sa réflexion me fait sourire. C'est vrai que j'ai le sentiment que Zoé s'ouvre davantage ces derniers temps. Et je pense que le fait d'apprendre à connaître ses frères y est pour beaucoup.

Il est vrai qu'elle ne connaîtra jamais son père biologique, mais elle ne perd pas au change. J'en suis convaincu.

— Ça fait plaisir de te voir aussi heureux, tu sais.

— Je reviens de loin.

— Oui, mais regarde-toi... Ça fait des semaines que tu arbores ce sourire béat. Zoé te fait du bien.

— Je ne vais pas te dire le contraire. Je suis vraiment amoureux d'elle. Après Kate, je ne pensais jamais revivre ça.

— Elle me manque beaucoup. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à elle, mais je suis certaine qu'elle est très fière de la façon dont tu as repris ta vie en main. Et je suis certaine qu'elle approuve ton choix. Zoé est super.

Sofia a les larmes aux yeux. Et moi aussi désormais.

L'évocation de ma femme disparue ne peut pas me laisser de marbre.

Elle est et sera toujours dans un coin dans mon cœur. Je ne pourrais pas et ne veux surtout pas l'oublier. Le deuxième anniversaire de sa mort approche et je dois reconnaître que j'appréhende énormément ce moment même si je ne serais pas seul pour l'affronter cette fois-ci.

Mais plus le temps passe et plus j'apprends à faire de la place à Zoé.

Le plus difficile dans tout ça, c'est que je dois de nouveau prendre le risque de perdre la personne avec qui je partage mon cœur. Je n'ai pas peur de m'engager. Je suis certain de mes sentiments et de l'amour que je lui porte.

Le fait que je lui propose de faire un bébé est pour moi une évidence.

Elle a le désir profond d'être mère et je veux qu'elle partage ce rôle à mes côtés. Je suis certain qu'elle fera une maman formidable et je le lui ai dit.

Il faut juste que j'accepte l'idée que rien dans ce monde n'est éternel. Je ne le sais que trop bien.

— Pourquoi vous pleurez ?

Ma petite fille débarque dans la cuisine alors que nous sommes en pleine conversation. Et elle a raison, sur la joue de Sofia roule une larme. Je me rends compte que sur la mienne aussi.

— On ne pleure pas. N'est-ce pas Sofia ?

Ma sœur sourit à Abby.

— Bien sûr que non ! Comment ça se passe à l'étage ?

— Arthur et Ivy dessinent des cochons sur le mur de ma chambre !

Sofia a l'air horrifiée, mais moi ça me fait rire de les imaginer.

— OK ma puce, je ferais mieux d'aller voir ça. Tu viens avec moi ?

— D'accord ! lui dit Abby en lui tendant la main.

Je souris en les regardant partir en direction de la chambre.

Je ne pourrais décidément pas être plus fier de ce qu'est devenue Sofia. Tout le monde me dit que c'est grâce à moi, mais ce cheminement, c'est elle qui l'a fait. Elle qui a grandi sans parents depuis ses douze ans. Et pourtant c'est aujourd'hui une femme accomplie.

Elle aime ce qu'elle fait au sein de l'entreprise des Coleman et elle est douée pour ça.

Je dois dire que Carter est lui aussi d'une importance capitale dans le fait qu'elle se sente si bien désormais. L'amour qu'il lui porte malgré les années qui passent est toujours aussi grand et je ne regrette pas de lui avoir fait confiance lorsqu'elle est tombée enceinte de Charlie.

Elle ne pourrait rêver d'un meilleur partenaire.

Mais alors que je suis perdu dans mes pensées, une fois de plus, Zoé arrive à son tour.

Avec l'automne désormais bien installé, elle a opté pour une petite robe beige et des bottines assorties. Je trouve que ça lui donne un air de lycéenne. Une lycéenne hyper sexy.

— Tout va bien par ici ?

Elle glisse ses bras autour de ma taille et j'en profite pour respirer le parfum d'amande que ses cheveux dégagent. J'adore cette odeur.

— Tout va bien. Et dans le salon ? Comment ça se passe entre tes quatre frères ?

— Connor a lancé un concours de rattrapage de cacahuètes en vol. Et c'est Charlie qui se charge de les jeter.

Nous éclatons de rire.

— Il semblerait qu'ils soient bien partis pour s'entendre.

— C'est vrai.

— Tu me donnes un coup de main pour amener de quoi ravitailler tout ce petit monde ?

Elle sourit et acquiesce en attrapant un pack de bières.

— Avec plaisir