Chapitre 72 - Evan

627 53 3
                                    

Je sais que Zoé apprécie quand les choses sont un peu sauvages...

Elle aime me laisser prendre le dessus et je ne vais certainement pas m'en plaindre.

Je ne lui ai pas laissé le temps d'hésiter et j'ai fondu sur elle dès mon retour.

Je ne voulais pas discuter. Je voulais oublier tout ce que ma mère venait de me dire. J'avais besoin d'évacuer et de me concentrer sur le point positif de ma soirée.

À savoir, elle.

J'avoue que le fait de ne pas avoir Abby m'a permis de profiter de ce moment comme rarement et je me sens vraiment mieux maintenant.

Désormais nus et blottis l'un contre l'autre dans notre lit, je me sens prêt à parler.

Elle mérite de savoir comment les choses se sont passées.

— Par quoi est ce que tu veux que je commence ?

— Mmmh... peut être par la façon dont elle vous a retrouvés?

Je me redresse légèrement dans le lit, l'entraînant avec moi pour ne rien perdre du contact de sa peau.

— Elle s'est remariée à un flic. Qui l'a aidée à nous retrouver.

J'ai toujours été prudent mais ni Sofia ni moi n'avons disparu des écrans radars pour de bon. Quelqu'un avec les bons moyens pouvait nous retrouver et c'est visiblement ce qui s'est passé.

— Est-ce que c'est légal ?

— J'en doute. Elle nous a dit qu'il pourrait perdre son travail si ça se savait mais qu'il l'avait fait par amour pour elle.

— Et ton père dans tout ça ?

— Il est en prison. En plus de sa consommation personnelle, il s'était mis à dealer lui aussi et c'est comme ça qu'il s'est fait prendre... Un soir il a battu ma mère si violemment que la police a dû intervenir. Avec ce qu'ils ont retrouvé sur lui, il y avait de quoi l'envoyer à l'ombre pour un moment. Et puis ma mère a porté plainte... Comme elle était consommatrice elle aussi, les flics lui ont proposé de témoigner contre lui pour lui éviter une peine de prison. Et c'est ce qu'elle a fait.

— Comment est-ce que tu vas ? demande-t-elle en caressant ma joue du bout des doigts.

J'intercepte sa main pour y déposer un baiser.

— Je vais bien. Grâce à toi.

Elle me sourit tendrement et se blottit de nouveau contre mon torse.

— Elle dit que c'est son nouveau mari qui l'a aidée à s'en sortir. Qu'il était l'un des officiers qui sont intervenus le soir où ils ont embarqué mon père et qu'il l'a pris sous son aile... Et je dois reconnaître qu'elle n'a plus rien de la femme dont je me souvenais.

— Je n'ose pas imaginer ce que tu dois vivre en ce moment. Et ta sœur ? Comment elle prend tout ça ?

— Plutôt bien au final. Elle était vraiment bouleversée au début mais ma mère et elle ont longuement discuté. Et je crois que ça l'a soulagée.

— Tu dois être rassuré.

— En partie, oui. Je crois que Sofia a vraiment envie de lui laisser une chance et si c'est ce qu'elle veut, alors je jouerais le jeu moi aussi.

— Est-ce qu'elle vous a... tu sais... donné des explications ?

Je ne suis pas certain de vouloir retranscrire cette partie de la conversation mais je choisis de le faire néanmoins. Parce que c'était douloureux à entendre mais que ça a éclairci la situation.

En partie.

— Elle nous a dit que c'était notre père le premier à être tombé dans la drogue. Qu'au début elle a essayé de l'en sortir mais qu'elle n'a pas réussi. Que ça a pris de plus en plus d'ampleur... Que... Il l'a mis sur le trottoir pour se payer ses doses...

Zoé se redresse brusquement.

— Oh mon dieu Evan... Je ne sais pas quoi dire...

— C'est pour ça qu'elle aussi s'y est mise... Elle était sous sa coupe.

Elle attrape ma main et la place contre son cœur.

— Tu le savais ?

— Non. Mais maintenant... Je vois les choses différemment. Je peux comprendre qu'elle ait cédé à cette saloperie. Même si ça n'excuse pas tout.

— Je comprends.

— En revanche en ce qui concerne mon père, les choses sont finies. Malgré ses... défauts, ma mère nous aimait. Alors que pour mon père, on a toujours été un poids... Maintenant que je sais ce qu'il lui a fait, je ne veux plus jamais entendre parler de lui.

— Tu sais de combien d'années il a écopé?

— Dix-huit ans. Il sortira potentiellement dans quelques années...

— Je suis tellement désolée que vous ayez eu à vivre tout ça, tous les deux.

— Je t'ai à mes côtés pour affronter la situation alors je peux y faire face.

Zoé me sourit.

Je ne me lasse pas de la voir passer de la fille sexy et coquine au lit à cette personne si incroyablement douce et compréhensive en un rien de temps.

— Tu lui as parlé d'Abby ?

— Un peu. Elle connait déjà son existence ainsi que celle de mes neveux. Je crois que j'ai besoin d'un peu de temps. Pour digérer tout ce qu'elle vient de me dire. Et ensuite... Peut-être que je serais prêt à faire un pas vers elle.

— Quelle que soit ta décision, je te soutiendrais.

— Je te remercie. Mais pour l'instant ma priorité absolue, c'est que toi, Abby, et notre bébé soyez en sécurité.

— Entre toi et mes quatre frères, je doute qu'il puisse nous arriver quoique ce soit. Au fait... Il fallait que je m'occupe l'esprit en ton absence alors je suis allée voir Connor pour lui montrer les plans que j'ai dessinés.

— Et qu'est-ce qu'il a dit ?

— Que c'était super pro et que j'avais fait du très bon travail. Il a aussi dit que si ça me tente, une certaine Madame Rivers cherche quelqu'un pour décorer sa maison.

— Oh oui, c'est une dame qui s'est fait construire une villa sur les hauteurs de Hillsborough.

— C'est exact. Il dit que ça pourrait être une façon de voir si ça me plaît vraiment et si je peux envisager de faire ça sur le long terme. En intégrant l'entreprise de façon officielle.

— Waouh, Zoé. C'est super !

Elle ne peut retenir un large sourire.

— J'avoue que maintenant que j'ai mis un pied dedans, je me sens vraiment motivée. Je me rends compte que j'ai des tas d'idées en tête.

— Et tes études d'infirmière ?

— Honnêtement ? Je ne pense pas les reprendre. Tout ce que j'ai vécu avec mes parents... C'est comme si ça me laissait dans ce schéma pour toujours...

— Tu as raison de ne pas poursuivre si ça ne te convient plus. La vie est trop courte pour s'enfermer dans de mauvaises décisions.

Zoé acquiesce. Elle a eu beaucoup de choses à gérer elle aussi ces derniers temps mais je trouve qu'elle s'en sort très bien.

Nous avons tous les deux encore du chemin à parcourir mais je sais qu'on y arrivera. Ensemble.

Et cela inclut aussi le fait d'essayer de pardonner à ma mère.

Une seule nuitTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon