Chapitre 75 : J'espère en tout cas que ça ira mieux pour elle comme pour toi.

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MAËLLE

« Bonjour, bonsoir ! Vous êtes bien sur la messagerie d'Anaïs Jones, alors merci de laisser un message et je vous rappèlerais. »

J'inspire profondément, m'éclaircis la voix, renifle et commence :

- Hum, Anaïs ? C'est Maëlle... Écoute, hum, j'ai bien reçu ta lettre et je l'ai lue. Elle m'a profondément touchée et choquée, et je m'en veux de t'avoir envoyée balader la dernière fois, lorsque tu voulais me parler. Rappelle-moi quand tu auras reçu ce message, j'aimerais... Enfin, si tu veux, j'aimerais t'inviter à déjeuner. Rappelle-moi. Bisous.

Je raccroche et enregistre son numéro dans mes contacts. Au moment où je verrouille mon portable, Ashley revient au salon :

- Qui est Anaïs ?

Elle relève les yeux de son portable, fronce les sourcils en me voyant par terre et en pleurs, et se précipite sur moi.

- Eh, Maëlle, qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ?

- Oui, oui, ne t'en fais pas.

Je renifle à nouveau et passe ma main sous mon nez.

- Tu pleures ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'on t'a fait ?

Je ne peux pas lui parler de ce qu'à vécu Anaïs, pour la simple et bonne raison qu'il ne s'agit pas de ma vie privée, mais de la sienne. Elle a décidé de me faire part des horreurs qu'elle a vécu, mais en aucun cas ne m'a autorisée à aller le raconter à quelqu'un d'autre.

- Rien, laisse tomber. Je vais bien.

Je tente un sourire totalement médiocre.

- Qui est la fille que tu viens d'appeler ?

Elle ne connaît pas Anaïs, car je ne trouvais aucun intérêt à lui en parler. Surtout qu'il y a encore vingt minutes, je ne pouvais toujours pas la supporter. La pauvre...
Rien que repenser à cette lettre me donne envie de fondre en larmes... A nouveau.
Je la détestais alors qu'elle vivait les pires moments de sa vie et que moi, au contraire, j'étais heureuse et comblée.

- Maëlle ?

- Quoi ?

Je reviens à la réalité et pose mes yeux sur Ashley.

- C'est qui, Anaïs ?

- Ma meilleure amie.

Elle hausse les sourcils, comme si ma réponse l'avait surprise.

- Merci, c'est sympa, marmonne-t-elle.

Je me repasse les cinq derniers secondes avant de me rendre compte à quel point je suis maladroite.
Zut.

- Non... Désolée. Ce que je voulais dire, c'est qu'il s'agit de ma première meilleure amie. Mais on s'est perdues de vue et là, elle vient de me retrouver.

- Il s'est passé quoi ? Pour que vous vous éloigniez.

- Je suis tombée enceinte et je suis partie vivre avec les garçons.

J'omets volontairement le fait qu'elle ait mis un terme à notre amitié, car connaissant Ashley, je sais qu'elle va la descendre et je ne veux pas me remettre à pleurer devant elle, ni me disputer avec elle.

- Et pourquoi revient-elle dans ta vie maintenant, comme une fleur, et surtout après tout ce temps ?

Je me souviens de ce soir où Anaïs m'a rappelée après plusieurs jours - voire même semaines - de silence pour que nous nous réconcilions, avant de me demander, comme si de rien n'était, si je pouvais la présenter aux garçons. Cela m'avait mise hors de moi, car j'avais compris qu'elle souhait juste m'utiliser et lorsqu'Harry est entré dans la chambre pour me demander ce qui se passait, j'ai craqué et lui ai raconté que celle que je considérais comme ma meilleure amie m'avait rappelée pour que nous fassions la paix et avant que je ne lui explique que c'était à cause du magazine sur lequel nous apparaissions tous les deux, il m'avait fait exactement la même remarque qu'Ashley.

- Elle a vécu quelque chose de monstrueux et a voulu m'en parler.

Elle ne répond pas directement.

- C'est ce qui te met dans cet état ?

Je hoche lentement la tête... Avant de me remettre à pleurer.
J'ai tellement mal au cœur pour elle. Ces mots, les mots qu'elle a elle-même couchés sur cette feuille de papier, ses mots à elle étaient pleins d'une douleur sourde, d'une sincérité infinie et d'une âme brisée. Celle d'Anaïs Jones.

- Oh, mais, bébé...

Ashley me prend dans ses bras, me câlinant gentiment et tentant de m'apaiser comme elle peut.

- Tu veux m'en parler ?

Je secoue la tête contre sa poitrine.

- Non... S'il te plaît, non...

Elle resserre son étreinte autour de moi en disant :

- Ça marche.

Puis m'embrasse le haut du crâne.

- J'espère en tout cas que ça ira mieux pour elle comme pour toi.

J'espère encore plus qu'elle réussira à s'en remettre et qu'elle sera heureuse.

- Merci, murmuré-je.

C'est tout ce qu'elle mérite, du bonheur et de l'amour, et je veux tout mettre en œuvre pour qu'elle le soit.

Je ne sais pas combien de temps Ashley et moi restons dans cette position, dans les bras l'une de l'autre, assises au sol, se berçant doucement, mais nous sommes tirés de nos pensées respectives par la sonnerie de la porte d'entrée.

Come back to me » h.s ─ TOME 2 (PARTIE 1)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu