chapitre 5: rudiments magiques

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J'arrivais à mon premier cours de rudiments magiques avec une heure de retard.

L'ambiance sinistre de l'amphithéâtre s'imposa à moi. Les murs étaient sombres, le plafond haut, aucune lumière naturelle n'éclairait la pièce, seules des chandeliers disséminés ça et là donnait un peu de clarté. La pièce sentait le renfermer, il n'y avait pas la moindre décoration. Seuls les fauteuils en velours bordeaux, perchés sur des paliers de plus en plus haut, tous dirigés vers une sorte de scène, coloraient la pièce. Je m'excusai auprès du professeur d'interrompre son exposé qui n'avait l'air d'intéresser personne et pris place sur le fauteuil libre le plus proche, à côté du Fenrir à la peau mate qui avait tapé dans l'oeil de Charline la veille au soir. Le chat se mit à cracher contre lui dès que je fus assise. Idéal pour se faire de nouveaux amis.

Monsieur Sodiar, le professeur, était un Asime assez volumineux, peut-être même aurais-je pu le qualifier d'empoté. Les bougies de la pièce se reflétaient sur son crâne lisse et ses joues roses, fortement gonflées, fermaient un peu plus ses yeux déjà bridés. Il parlait d'une voix des plus monotone et ma courte nuit commençait déjà à peser sur mes paupières quand mon camarade de classe me donna un coup de coude.

Je me redressai subitement. Mon fauteuil grinça sous l'action. Le Fenrir sourit.

C'était vrai qu'il était beau. Enfin... Avec son masque de Mendrid. Les Fenrirs avaient la capacité de porter ce que l'on appelait un masque. C'était un sort qui leur permettait de changer leur forme de loup en corps Mendrid. Pratique pour passer discrètement en société et communiquer avec les autres espèces. Les Fenrirs étaient ce que la mythologie apparentait aux loups garous. J'était certaines que les Asimes utilisaient une chose similaire pour n'illuminer leurs yeux que lorsqu'ils le désiraient.

Le masque de ce garçon avait la peau tannée par le soleil, une barbe brune qui dessinait une ombre sous son menton, je fus surprise de me faire envouter si facilement par ses yeux bleus d'une clarté fascinante qui attiraient le regard tel un aimant. Pas mal, il n'était vraiment pas mal.

— En retard et qui s'endort au premier cours, tu vas impressionner Sodiar, s'amusa-t-il. Je m'appel Alex et toi?

Je serrais la main qu'il me tendait. Les contacts physiques avec un inconnu ne m'étaient pas familiers mais comment résister? Quand un canon vous tend la main, vous la prenez.

— Ethyléne DeTolane.

Il retira sa main comme si je l'avais brulé.

— Oh, la soeur d'Iode, ça ne doit pas être facile de passer après la future grande prêtresse.

— Pour l'instant ça va. Comment connais-tu ma soeur, m'étonnais-je?

— Je suis redoublant, je l'ai connu l'an dernier quand elle était en dernière année. Une fille étonnante.

Il pimenta sa phrase d'un sourire qui devait en avoir fait tomber plus d'une. Il paressait sympathique mais je ne pris pas soin de continuer la conversation. Mon estomac venait de faire un tour sur lui même après la déclaration qui tout droit sortie de la bouche du professeur Sodiar. Il voulait que nous fassions tous une démonstration de notre meilleur sort devant toute la classe afin d'évaluer notre niveau.

— Tu n'as pas l'air dans ton assiette, me dit Alex.

— La pression de passer après ma soeur je suppose.

— Si ça peut te rassurer, je ne connais que le sort de masque. Je ne pratique pas de magie.

— Ah oui? Aussi j'étais surprise de voir un Fenrir en cours de Magie. Tu es le seul.

— Oui, comme je te l'ai dit, je suis redoublant. Et, étant donné que j'ai validé les runes anciennes l'an dernier, j'ai eu le droit de choisir une option qui ne sera pas notée.

— Un cours gratuit en somme.

— Exactement.

Il me sourit à nouveau. Mais ce sourire ne dura guère. Le professeur Sodiar nous désigna de son doigt boudiné.

— Alexander Baritine, si ce que je vous raconte ne vous intéresse pas, vous avez la permission de sortir.

Alex se redressa sur son siège et prit un posture d'homme politique s'apprêtant à débattre.

— Excusez moi professeur, répondit mon camarade. J'étais pris dans une conversation très intéressante avec cette jeune fille qui me parlait de sa famille.

— Et qui est cette chanceuse qui a su accaparer votre attention plus d'une minute?

— C'est Ethyléne DeTolane.

Le silence se fit dans l'amphithéâtre et les visages de l'assistance se tournèrent vers moi. Je m'enfonçai dans mon fauteuil espérant disparaitre. J'aurais volontiers frappé ce Fenrir pour s'être servit de moi afin de détourner l'attention. Monsieur Sodiar sembla très intéressé par ma présence dans son cours et proposa que je sois la première à faire une démonstration de mes talents.

Il fallut quelques secondes à mes jambes pour qu'elles comprennent qu'il fallait que l'ensemble de mon corps se déplace. Je sentais les regards braqués sur moi pendant que je descendais les escaliers pour rejoindre le professeur, les genoux tremblant.

Ne pas tomber, ne pas tomber...

Je pris place sur l'estrade. Une boule au ventre me torturait. Je ne connaissais que le sort de téléportation et, pour être honnête, je ne le réussissais pas à tous les coups. Il fallait faire une longue incantation en se concentrant sur l'endroit exact où l'on voulait aller. En l'occurrence, un mètre plus loin. Seulement, au moment de frapper dans mes mains pour faire le transfert, je me sentais tellement oppressée, sur cette scène, devant tous ces inconnus qui attendaient quelque chose de moi, que j'ai pensé que je serais bien mieux à la maison.

C'était fait, je ne me téléportai pas du tout dans la salle de classe mais les fesses par terre devant le portail de l'école. Heureusement, je n'avais pas finir dans le mur, c'était déjà ça.

Je me relevai en essuyant l'arrière de mon pantalon. Je penchai la tête en arrière pour tenter de me vider l'esprit à l'aide d'une grande inspiration quand une musique vint chatouiller mes oreilles. La mélodie résonnait si fort qu'on aurait dit qu'elle était jouée pas un orchestre tout entier. Mon regard se porta sur chaque ailes du bâtiment autour de moi. Le son provenait de l'aile Sud, de la salle à manger plus précisément. Je m'approchai pour jeter un coup d'oeil par la fenêtre. 

Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et DiplomatesWhere stories live. Discover now