Chapitre 43: pédagogie selon Iode

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Nous attaquions la fin de l'année scolaire. À la fin de la semaine, nous aurions une semaine de libre pour les vacances de printemps, suivit d'une semaine de révision à Emmerson, puis viendrait le bal de fin d'année pour nous faire décompresser avant les examens. Ce bal, qui était censé nous détendre, ne faisait, en réalité, qu'accroitre la détresse des premières années.

On aurait dit qu'il n'y avait plus que deux catégories d'élèves, ceux qui cherchaient ce qu'ils allaient porter et ceux qui cherchaient un moyen d'y échapper.

Pour notre derniers cours de corps à corps de l'année, mon adversaire ne fit pas les choses à moitié. Lorsqu'il comprit que désormais j'anticipais ses coups à l'avance lors de nos combats à l'épée, il s'énerva. Il commença par frapper plus fort. Ces attaques m'obligèrent à me courber pour une parade. C'est alors qu'il prit son arme factice à l'envers et me frappa en plein visage avec la poignée. Il n'avait pas retenu son coup et me mit à demi-inconsciente.

La suite me fut racontée par Alex. J'étais au sol, le visage recouvert de sang, il en profita pour m'achever à grands coups de pied dans le ventre. Tout ce dont je me souvenais était la douleur de mes cotes que je sentais peu à peu se fêler à chaque impact.

Alex dut intervenir, ce qui alerta Madame Barium. Elle demanda à mon ami de m'amener à l'infirmerie. J'avais un vague souvenir qu'il m'ait prise dans ses bras, les miens s'accrochèrent à son cou. Ma tête reposait sur son épaule. Sur mes joues le sang se mêlait aux larmes, c'en était trop. Cette école en avait contre moi. Entre les réflexions anti-racinars, les Nymphes qui ne supportaient pas qu'une spécialiste du vide soit en cours avec elles et les Elfes qui s'acharnaient contre moi en corps à corps... J'étais à bout de force. À cet instant, seul l'étreinte rassurante de mon ami m'apportait un peu de réconfort. Alex resta avec moi à l'infirmerie toute la matinée.

J'avais une grande entaille à l'arcade et trois cotes cassées. Le chaman Fenrir de l'infirmerie arriva à tout soigner. Il me demanda si je voulais que le professeur de magie du vivant viennent faire disparaitre les bleus et cicatrices de mon visage. Je déclinai la proposition. Je voulais, dans un excès d'égaux très certainement, prouver à Dimitri que je n'avais pas peur de lui ni peur de ce qu'il pourrait me faire. J'avais choisi ce cours pour être un guerrier, j'en assumais les conséquences. Si cette école voulait ma peau, je ne me rendrais pas sans combattre. Même si un oeil au beurre noir n'aiderait pas à paraitre élégante en robe de soirée pour le bal.

Quand Iode vint me chercher le vendredi soir, alors que je m'attendais à ce qu'elle rit aux éclats, elle me toisa d'un air grave.

— Qui t'as fait ça?

— Ce n'est rien, un mauvais coup en corps à corps.

Elle inspira profondément en serrant la mâchoire.

— Je suis en vacances cette semaine, dit-elle d'un ton froid. On va s'entrainer pour que ça ne se reproduise pas.

Pour m'entrainer, elle m'entraina. Tous les matins, elle me réveilla aux aurores pour me faire faire le tour de Tolane au pas de course, en armure. Mes cotes étaient encore douloureuses et me faisaient souffrir le martyr, mais je ne lâchais rien. S'en suivaient quatre heures de combat intensif à l'épée.

— Le secret, c'est l'endurance. Savoir encaisser les coups sans que ça n'affecte ta force, disait-elle. Comme ça, il se fatiguera avant toi.

Ainsi, elle passait les trois premières heures à me tabasser pour ensuite me faire couper du bois. J'avais le droit de manger quelque chose uniquement si je le faisais en moins de dix minutes. Puis elle me faisait revoir les passes que j'avais vu en cours. Ces « entrainements » étaient pire que ceux de Madame Barium. La suite de l'après-midi était consacrée à la révision de la magie. Le soir, elle m'obligeait à réciter mes cours de soins et d'histoire jusqu'à ce que je tombe d'épuisement.

Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et DiplomatesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant