Chapitre 30: retour à Emmerson

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Je me réveillai groggy, hébétée, ne me souvenant plus vraiment où j'étais. Puis, je compris qu'il s'agissait de ma chambre à Tolane, inchangée depuis la veille alors que mon état d'esprit, lui était totalement différent, assailli d'un milliers d'inquiétudes, notamment à propos de Tristan. À côté de moi, le lit était vide. Iode était déjà levée.

La cuisine était dépeuplée de tout accueil chaleureux, je n'y trouvais qu'un petit mot à mon attention. Il flottai au dessus de la table, virevoltant à son gré, tel un enfant s'occupant comme il peut durant une longue attente. Je le libérai de ses obligations en le posant sur le chêne du plan de travail.

« Je suis au marché, ton père travail et ta soeur est partie au temple. Tu as à manger dans le placard.

Maman. »

Je mis fin à mes gargouillements avant de rejoindre la forge. J'avais dans l'idée de faire un cadeau à Sam. Je fus reçue par le tintement sonore de coups de marteau. Mon père frappait avec acharnement sur un bout d'Ulrik avec une masse plus grande que lui.

— Alors ma chérie, qu'est-ce que tu fais là?

— Je voudrais faire un pendentif pour l'offrir à une amie.

— Tu veux le faire en quoi?

Mon père était toujours ouvert à mes requêtes lorsqu'elles concernaient la fabrication de quelque chose. Toujours près à se plier en quatre, d'une patience à toute épreuve pour m'expliquer les rouages de la découpe, l'art de la soudure, les méthodes pour polir. Il aurait fait un très bon professeur de forge. Demandez lui un conseils en communication, il ne vous accorderait pas un regard.

— Je ne sais pas, c'est pour une Elfe, répondis-je avec les seuls détails que je voulais bien lui fournir.

Il gratta sa barbe poivre et sel en regardant en l'air.

— J'ai ce qu'il te faut, dit-il après dix secondes de réflexion. L'Elfe qui a amené le bâton à ta mère m'a demandé de lui fabriquer une armure en bois. Une armure en bois... C'est bien une idée d'Elfe ça. Enfin bref, il a amené ses propres matériaux, du bois en provenance de leur grand arbre magique là, il parait que ça les renforce ou je ne sais pas quoi. Il reste des petites chutes dans le coin là bas. ça devrait lui plaire à ta copine.

J'aimais travailler à la forge. Cet atelier brouillant et des plus bordélique où s'étaient succédé plusieurs générations de DeTolane. Des peaux tannées et divers morceaux de taules côtoyaient les enclumes et les marteaux dans une odeur de fumée qui s'engouffrait dans chaque parcelle d'air respirable. On pouvait compter au moins cinq établis, les autres se dissimulaient sous des montagnes de clous et divers accessoires dont je ne connaissais pas l'utilité. Sur les poutres étaient accrochées des armes en attente d'acquéreurs, elles soutenaient l'épaisse charpente de l'édifice où Tristan et moi avions gravé nos noms quelque part. Quand j'étais petite, mon père me laissait enclencher les gros soufflé qui attisait les flammes des différents foyers. Maintenant, j'avais le droit d'utiliser les outils. La scie, le rabot, la lime...

Il me fallut toute une matinée pour arriver à faire quelque chose de potable avec un bout de bois. J'avais vite renoncé à lui donner une forme de coeur et m'étais contentée d'une étoile, forme rectiligne beaucoup plus facile à façonner à la lime. Je fis un trou en son centre et l'accrochai à une petite chaine en acier. Quand je l'eus emballée, Monseigneur Kigrat m'apporta une lettre.

« Cher Titi,

Tout d'abord, bonne année, ce que tu n'as pas l'air de me souhaiter. Voilà exactement pourquoi je ne t'ai pas prévenu de mon stage. Faut toujours que tu flippes pour un rien. J'apprends des manoeuvres militaires et je mets des raclés au sprint à des Mendrids. La chose la plus dangereuse que j'ai faite, c'est de monter à la corde (ils ont pas idée de les percher si haut... ). Je ne suis même pas sure d'être prit en deuxième cycle là bas. Mais oui, j'aimerai bien.

Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et DiplomatesWhere stories live. Discover now