chapitre 14: les Asimes, des gens bizarres

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Les semaines suivantes se déroulèrent de façon similaire. J'arrivais à tenir deux secondes de plus en corps à corps, je ne me débrouillais pas trop mal en magie de l'air. Après mon exploit au premier cours de magie du feu, et depuis que le temps s'était amélioré, non seulement je ne lançais plus d'éclairs mais je n'arrivais même pas à obtenir la moindre petite étincelle. Les ricanement de Sarah n'en avaient été que décuplés à chacune de mes tentatives.

Le professeur Pierik semblait lassée de moi, au point qu'un jour, elle me garda à la fin du cours. Elle me demanda si je rencontrais les même difficultés en magie de l'air.

— Non, répondis-je un peu honteuse de la faire passer pour un mauvais enseignant. Je me débrouille même plutôt bien.

— C'est bien ce que je pensais, dit-elle. Vois-tu, tu te nourris des éléments autour de toi. Hors, l'air est présent partout. Pour le feu, c'est différent. Il faudrait peut-être que tu songes à changer de spécialité. Je ne peux tout de même pas allumer un feu de joie au milieu de la salle à chaque fois que j'ai cours avec toi.

— Quelle spécialité me conseillez-vous?

— Terre... Ou magie de l'eau. Les cours se déroulent au bord de l'étang pour éviter les inondations. Dis moi quand tu auras choisi. J'en parlerai à ma mère, tu pourras attaquer la semaine suivante.

— Votre mère professeur?

— Oui, la directrice.

Elle me dit cela comme si c'était évident.

Je ne savais pas si je devais me sentir vexée de me faire renvoyer de son cours, ou flattée de l'importance qu'elle donnait à mon éducation magique. Sa considération pour mes pouvoirs était bien plus significative que celle de ma propre mère.

Je sortis de sa classe pour rejoindre la bibliothèque afin de terminer un devoir d'histoire. Je m'assis à la table de Kenza et Lise au milieu des dizaines d'étagères regorgeant de livres sous les toits de l'aile Ouest. Il me fallut demander à Lise si elle savait qui était le premier empereur d'Asilan. Je n'avais trouvé que Kimko qui était le nom de l'empereur actuel. Elle se moqua de moi sans aucune retenue.

— Bleu, ne compte pas avoir la moyenne à ce devoir.

— Pourquoi?

— Alors déjà parce qu'Asilan n'est pas un empire mais un royaume.

— ça change quelque chose, demandai-je septique?

— ça change, en premier lieu, qu'on ne dit pas empereur Kimko mais Roi Kimko.

— Ok, je note. Et alors? Tu connais le nom des autres?

Elle rit de plus belle.

— Si tu n'en as pas trouvé, c'est simplement parce qu'il n'y en a pas eu d'autres.

Très étonnée, je replongeai tête première dans mes recherches.

— Mais c'est impossible, la corrigeai-je. L'empire... Pardon. Le Royaume d'Asilan à plus de deux cent ans.

— Kimko est un démon. Quand le Mendrid en lien avec lui meurt, il se lie à un autre. Actuellement, l'Asime au pouvoir à 13 ans.

— Les démons sont immortels?

— Non, ils n'ont pas la même espérance de vie c'est tout. Choris me survivra, mais elle n'aura pas le droit de se lier à quelqu'un d'autre.

— Mais du coup, demandai-je, ce n'est pas vraiment lui qui gouverne mais le Mendrid auquel il est lié. Comme toi avec Choris, c'est toi qui décide même si elle est dans ta tête?

Elle comprit que je n'assimilais toujours pas le fonctionnement des Asimes. Elle prit la peine de m'expliquer.

— Le démon est présent dans notre esprit. Si un démon aussi puissant que Kimko créait un lien avec moi, autant dire que mon esprit à moi ne pourrait pas lutter.

— ça veut dire que tu es en combat constant contre Choris?

— Non, ça va. On s'entend plutôt bien. Elle se matérialise quand elle a besoin de faire quelque chose. Elle est un peu nulle en fait, du coup personne ne la prend pour une réel menace. Quand elle est dans ma tête, elle se contente de commenter.

— Du style?

— Du genre « Quel naze! Pauvre tache! Tue le, égorge là... » .

J'étais horrifiée. Avoir quelqu'un en permanence dans sa tête, qui partage toutes nos pensées les plus intimes, ce devait être épuisant. D'autant plus si on devait cohabiter avec un démon assoiffé de sang.

Il allait falloir que je reprenne l'intégralité de mon devoir.

Puis vint l'heure de manger. À table, je demandai à Charline et Mathilde leurs avis afin de m'aider dans le choix d'une nouvelle spécialité.

— Viens avec moi dans le vert, insista Mathilde! On fait cours en forêt, il y a de longues balades et on joue avec les animaux. Nous sommes en train d'apprendre à soigner les écorchures!

Charline fit semblant de s'enfoncer les doigts dans la gorge pour vomir. La seule chose qui me vint à l'esprit fut que l'hivers approchait, que la forêt était à vingts minutes de marche de l'enceinte de l'école, et que je n'avais aucune envie de faire ce trajet deux fois par semaine sous la neige. Charline, elle, fut catégorique.

— Quoi qu'il arrive, ne choisit pas Terre, c'est d'un ennui mortel. Je pensais qu'on apprendrait à faire tomber des pluies de météorites ou au moins à déclencher des coulées de boue. Pour l'instant, tout ce que j'ai appris comme sort, ce sont des sorts de protection... La boue dans ton lit, je l'ai amené à la main.

Par élimination, il me restait l'eau.

À la fin du repas, alors que nous rangions nos plateaux vides sur le buffet, le Mendrid au drôle d'accoutrement passa dans les cuisines. Il portait une toge verte avec une rune que je connaissais pas sur la poitrine. Charline l'observa attentivement avec son regard de prédatrice.

— Je suis amoureuse.

Mathilde leva les yeux au ciel.

— Jusqu'à jeudi prochain. 

Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et DiplomatesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant