Chapitre 51: examen final

391 49 0
                                    


Dimitri se retourna précipitamment.

— Oh, des invités!

La forme sombre dans les flammes s'approcha de nous. Elle sortit de la colonne. C'était bien l'Elfe blonde du souvenir de Sam, avec des yeux emplis de magie noire, et le visage parcourut de veines sombres.

— Alexander, Samanta, je ne m'attendais pas à vous voir ici.

Alex prit la parole.

— Alors, pendant tout ce temps, tu étais là. Tu nous as laissés sans nouvelles, sans savoir si tu étais en danger et tu n'as pas songé une seconde à nous informer que tu allais bien.

— Vos petites vies ne m'importent peu.

Je tournais la tête, regardant Sam et Alex à tour de rôle. Après tout ce que nous venions de traverser, je craignais que cette rencontre ne soit l'événement de trop pour eux. La trahison de celle qu'ils avaient aimé, la seule famille qu'avait connu Alex et le premier amour de Sam. Ils la fixaient tous les deux. Ils n'étaient pas en état de choc, c'était de la peine que je lisais dans leurs yeux.

Lucie ne s'en souciait guère.

— Je prends des forces grâce à la magie noire depuis un an maintenant, dit-elle fièrement, pour pouvoir détruire les protections d'Emmerson.

— Mais pourquoi, demanda Sam?

C'est Dimitri qui répondit.

— Parce qu'une guerre se prépare.

— Contre les Asimes, demandai-je à mon tour?

— Non, répondit sèchement Lucie. Une guerre bien plus grande, bien plus grave, qui entrainera l'extinction de toute magie.

— Arrêtes tes délires, dit Alex.

L'Elfe noir se redressa, toisa son ex-frère avec dégout.

— Tu ne comprends rien, imbécile. Quand l'Archange attaquera, il s'en prendra à tous les peuples, mais qui défendra les Elfes? Hein? Qui défendra les esclaves? Cette source est notre seule chance.

Sam fit un pas en avant pour la défier.

— Tu es consciente qu'on ne va pas te laisser faire.

Les coins de la bouche de Lucie se relevèrent en un sourire sadique.

— Si quelqu'un m'en empêche, je doute que ce soit toi.

La blonde agita ses doigts en direction de son ex copine. Une fumée noire, opaque, en sortit. Sam en prit une grande inspiration, la magie noire entra en elle. Sam s'avança vers Lucie et Dimitri jusqu'à les rejoindre. Quand elle se tourna vers nous, ses yeux étaient les mêmes que ceux de nos adversaires. Elle banda son arc dans notre direction.

Je connaissais cette magie. On l'avait étudié avec Sodiar. De la suggestion, imposer sa volonté à quelqu'un d'autre. Seuls les Elfes en étaient capables. Mais prendre le contrôle de quelqu'un comme cela, même si Lucie avait emmagasiner autant de magie noire, ça ne fonctionnait que si l'on ressentait un amour sincère pour son oppresseur. Cette idée piétina les miettes qu'il restait de mon coeur.

— Elle est possédée, elle a changé de camp, dit Alex avant de se changer en loup.

Il était en position d'attaque, les babines retroussées, faisant claquer ses crocs, prêt à bondir. Lucie donna ses ordres avant de retourner dans les flammes.

— Sam, dresse moi ce chien, Dimitri se chargera de l'autre.

Sam tira une flèche qu'Alex esquiva par la droite, il tenta de lui sauter dessus. J'aurais voulu intervenir, les séparer, mais j'avais d'autres problèmes à régler. Dimitri, épée à la main, se dirigeait vers moi.

— Examen final sale Nymphe.

Je brandis devant moi l'épée empruntée plus tôt dans le bureau de Madame Barium. Il chargea le premier. Je tentai une parade similaire à celles que l'on m'avait enseignée. Les épées s'entrechoquèrent, mais contrairement aux armes factices que nous utilisions à l'entrainement, les lames affutées glissèrent l'une contre l'autre, si bien qu'il m'atteignit tout de même. Le sang qui s'écoula de mon bras gauche me rappela que je risquais ma vie dans un combat avec pour seule armure une robe de soirée. Chaque fois que sa lame m'approchait, une nouvelle entaille tatouait ma peau. En plus, ma bague violette choisit ce moment pour chauffer. Elle devait réagir à la magie noire et enflammait la peau de mon annulaire gauche. J'aurais voulu l'enlever mais Dimitri ne m'en laissait pas le temps. J'avais beau esquiver ou parer ses coups, il ne faiblissait pas.

Heureusement, l'entrainement d'Iode portait ses fruits. Je sautais, me baissais, me décalais, il ne faisait que me frôler. Mais il était si rapide que je n'avais pas le temps, d'aucune façon, de tenter une attaque. La magie noire le rendait plus fort, augmentait sa vitesse et sa dextérité. Je n'avais pas le droit à l'erreur.

Pendant ce temps, Sam et Alex luttaient toujours l'un conte l'autre. Le loup pourchassait l'elfe dans toute la pièce, la talonnant de près, poussant celle-ci à esquiver ses crocs en bondissant d'un mur à l'autre. Elle allait jusqu'à se servir de ses pouvoirs de télékinésie pour marcher au plafond. Elle profitait de chaque occasion pour tirer une flèche sur son adversaire. Je me félicitais de ne pas lui avoir confier un arc elfique qui lui aurait simplifié la tache. Toutefois, la vivacité du loup lui permit d'atteindre l'elfe noir. Ses dents se refermèrent sur sa jambe qui ne subit aucun dommage: elle était comme protégée par une armure invisible. Je compris que ça lui venait de son collier, mon collier, qui luisait d'une aura magique.

À force d'acharnement, Dimitri réussit à m'entailler la jambe droite de plusieurs centimètres. Mon genoux plia. J'étais accroupie devant lui, à sa merci. Il prit son épée à deux mains, la brandit au dessus de sa tête. S'en était finit de moi, mon examen final s'arrêtait là. En désespoir de cause, je me protégeai la tête avec les mains et fermai les yeux, attendant la sentence.

Un bruit métallique résonna. J'ouvris les yeux. Un bouclier violet, transparent, était sorti de ma bague, me protégeant du coup fatal. Mieux encore, la lame s'était brisée dessus. Dimitri ne l'avait pas vu venir. Prit au dépourvu, il me laissa le temps de le toucher au côté. Je me relevai et lui envoyai un coup avec la garde de mon épée en plein visage. Il tomba, inconscient.

— Examen réussi, petit con.

Je ne pus retenir mon envie de lui envoyer un ou deux coups de pied dans le ventre.

De son côté, Sam venait atteindre sa cible qui gisait sur le sol. Elle banda son arc, visant directement sa tête. Elle allait l'achever.

Je ne réfléchis pas: je sautai sur son dos, arrachai la chaine de son collier et lui envoyai un coup de poing de toutes les forces. Elle tomba à côté des autres.

— Désolée chérie.

J'étais essoufflée, à bout de force et ma jambe me faisait souffrir le martyr. Sur le bandeau à mon poignet, la plaque inscrivait « vivre ».

J'entendis rire derrière moi. Lucie était sortie des flammes.

— Sam a toujours aimé les relations conflictuelles. Il va falloir que je m'occupe de toi moi même. 

Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et DiplomatesWhere stories live. Discover now