Chapitre 45: entrainement intense

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 Le crissement du cuir de mon armure retentissait dans ma tête fatiguée d'avance pendant que je suivais Alex à l'extérieur de l'enceinte de l'école. Il marchait gaiement en passant entre le lac et le champs de tir. Quelques élèves du professeur Asimaria révisaient leur tir à l'arc pendant qu'Emilie et d'autres Nymphes s'entrainaient en magie de l'eau aux abords de l'étang. Nous, nous nous dirigions vers la forêt Fenrir. Je retins Alex dans son élan.

— Tu m'emmènes où comme ça?

— Courir, dans la forêt.

Je retroussai le nez dans une grimace, l'idée était loin de m'emballer.

— Tu sais, tu n'es pas obligé de faire ça, je ne dirais rien à Iode.

— Ce n'est pas pour Iode que je le fais mais pour toi. Se sera beaucoup plus efficace si c'est toi qui met une raclée à Dimitri plutôt que si je dois m'en charger moi même.

Sur ces mots, et alors que nous étions en lisière du bois, il quitta sa veste et se mit torse nu. Je réitérai ma grimace.

— Et tu as besoin de te déshabiller pour ça?

— Iode m'a dit que ton endurance progressait mais qu'il faudrait que tu cours plus vite. Je pense qu'un loup plus grand que toi qui essaie de te mordre sera une bonne motivation.

Je fronçai les sourcils.

— Et c'est quoi le rapport avec ton côté exhibitionniste?

— J'en ai marre de déchirer mes fringues quand je me transforme. Mais rassure toi, je n'enlèverai pas mon pantalon.

Il montra l'intérieur de sa poche. Quatre petites runes y étaient brodées.

— J'ai appris à coudre des runes de dédicace. Ce pantalon fait partie intégrante de mon masque. Si je le porte quand je passe en loup, il réapparaît quand je reprend une forme Mendrid. Plus d'apparition les fesses à l'air devant tout le monde, s'exclama-t-il joyeux en levant les bras.

Une question subsistait toujours.

— Et pourquoi ne pas l'avoir fait sur ton haut, demandai-je.

— Deux raisons. La première c'est que ça me donne un prétexte pour exhiber ce corps de rêve, dit-il en désignant les ados qui se dessinaient sous sa peau mate. La deuxième, c'est qu'il m'a fallut trois semaines pour broder des runes fonctionnelles sur deux de mes pantalons. Le reste de mes fringues attendra.

Ceci expliquait cela... Il fit craquer sa nuque et commença à me donner des ordres.

— Aller, vas-y, cours, je te laisse un peu d'avances.

Je n'en avais aucune envie. C'est alors qu'il fit tomber son masque. Ses membres s'allongèrent comme si quelqu'un les étiraient. Son dos se courba et des canines sortirent de sa bouche. Peu à peu tout son corps se recouvrit de poils noirs et il grandit. En l'espace de seulement quelques secondes, Alex avait prit l'apparence du grand loup noir de deux mètres qu'il était à l'origine.

Mon seigneur Kigrat se mit à cracher, le poil tout hérissé, face au gros chien.

Quand celui-ci comprit que je n'avais pas l'intention de courir. Il commença par grogner et faire claquer ses dents. Comme cela ne fonctionnait toujours pas, il me pinça le mollet. Mais il m'avait fait mal cet imbécile! Il adoptait les même techniques pédagogiques que ma soeur. Il se remit à grogner. Bon, ben quand il faut y aller...

Je me mis d'abord à trottiner entre les arbres, de la même façon que je l'avais fait à Tolane la semaine précédente. Je n'allais pas assez vite à son goût. Il me poussait avec son museau et si ça de suffisait pas, il mordait. Je due accélérer la cadence. Est-ce qu'il se rendait compte que je ne pouvais pas aller aussi vite que lui avec ses grandes pattes, et que j'étais moins agile? Ça n'avait pas l'air de l'affecter. Il continuait de me pousser au bout de mes limites. Si j'avais le malheur de trébucher sur une racine, il attrapait le col de mon armure entre ses dents et me projetait deux mètres plus loin.

Sa technique avait le don de me motiver, il fallait bien l'avouer. Même à bout de force, je continuais, de peur d'une nouvelle trouvaille qu'il imaginerait pour me forcer à avancer. Les poumons en feu, les mollets en bois, je continuais d'accélérer. J'étais tellement concentrée sur ma course que je ne vis pas le ruisseau qui avait creusé la roche. Alors que je courais à pleine vitesse, mon pied glissa dans la crevasse de quatre mètres de large et de profond. Le loup me rattrapa par le bras avant que mon crâne d'aille se fracasser sur les galets du lit de la rivière. Il me reposa sur la terre ferme avant de reprendre l'apparence que je lui connaissais. J'étais contente qu'il ait dédicacé son pantalon...

— Nous sommes arrivés, dit-il.

Je regardais autour de moi en tentant de reprendre mon souffle. Mes poumons semblaient inhaler et recracher l'oxygène sans s'en nourrir le moins du monde. Je ne voyais que des arbres, cette fameuse rivière et un tronc tombé à cheval sur le ravin, formant une sorte de pont.

— On va pécher, demandai-je?

Je n'étais pas contre l'idée de faire une longue pose sans la moindre sollicitation physique.

— Non, on va s'entrainer au corps à corps.

Il se dirigea vers l'arbre mort, avança pied nu sur le tronc horizontal jusqu'à à peu près la moitié.

— Ici, m'étonnai-je?

— J'ai vu comment Dimitri prenait l'ascendant sur toi en corps à corps. Il essaie de te mettre au sol pour avoir l'avantage de son poids sur toi. Alors on va t'apprendre l'équilibre. Viens.

Je serrai les dents en m'approchant de cette poutre improvisée. Il y avait bien quatre mètres entre Alex et la rivière. S'il tombait, elle était loin d'être assez profonde pour lui éviter de se casser tous les membres.

Il vit mon hésitation et se mit à sourire.

— Un autre moyen de te motiver à rester debout.

C'était officiel, Alex et Iode voulaient ma peau.

J'aurais tout donné ce soir là pour que l'on mange au rez de chaussé de la cafétéria. Mais non. Mes amis avaient choisit une table au premier étage. Chaque marche semblait vouloir me rappeler l'ensemble des muscles que l'entrainement d'Alex avait sollicité, chaque ascension de ces quelques centimètres tirait jusque dans mes épaules, je ne rêvais que d'une chose, dormir. Ou prendre un bain chaud... J'aurais des courbatures pour les dix années à venir.

À table, Charline rit de bon coeur de ma démarche de canard et proposa de monter dans la salle 314 à ma place pour vérifier que Sam et moi n'étions pas passé à côté d'un truc lors de notre investigation. Elle se tut dès que Mathilde posa son plateau sur la table. La Nymphe du vivant me tendit une tasse de café avant que je ne m'endorme dans mon assiette.

— Tiens, dit-elle sur un ton que je croyais sympathique, il te faudra ça pour qu'on révise tes spécialisations Nymphe ce soir.

Soit mes amis étaient les plus attentionnés du monde, soit ils étaient simplement sadiques.

Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et DiplomatesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant