Chapitre 49: Sortez nous de là

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Les éléments se mirent en place. Ça ressemblait à la cour du temple de Tolane. Une petite Charline, d'à peine cinq ans, jouait sur les marches en granite avec un bilboquet, toute souriante dans une petite robe colorée. Ses cheveux bouclés ondulaient dans le vent, ça ne présageait aucun événement traumatisant. Pourtant, la grande Charline, elle, devenait folle. Elle hurlait qu'elle voulait sortir en tapant dans tout ce qui était solide autour d'elle.

— Non, pitié! Pas ça! Pitié laissez moi sortir! À quoi ça sert de faire une épreuve de volonté s'il n'y a pas de porte pour fuir et échouer!

La grande prêtresse descendit les marches entourée de deux nains. Sam demanda de qui il s'agissait. Entre deux sanglots, Charline hoqueta:

— Lui, c'est mon père et l'autre, mon beau père.

Sa mère fit un long discourt cérémonieux dont je ne comprenais pas les détails. Pendant ce temps, sa grande fille s'était réfugiée dans un coin alors que la petite observait la scène du haut des marches. En gros, si j'avais bien interprété ses propos, la grande prêtresse demandait aux deux Nains de combattre à mort pour savoir qui aurait l'honneur de devenir l'époux de la Grande Prêtresse.

Un combat à mains nues commença. Je connaissais déjà l'issu du match, étant donné que mon amie vivait avec son beau père. Pourtant, son père semblait dominer largement le combat. Puis, tout à coup, après un coup dans les côtes, il s'écroula au sol, le regard vide. Du sang s'écoulait de son côté et bientôt il baigna dans une marre rouge. L'autre essuya une lame sur la jambe de pantalon. Je regardais le visage de la Grande Prêtresse. Elle sembla troublée, l'espace d'un instant, puis alla saluer le vainqueur.

Les deux Charline hurlèrent à l'unisson en courant vers le corps de leur père.

— Papa!

Mais il disparut en fumée avec le décor. Je comprenais beaucoup mieux les tensions entre Charline et sa mère. Je n'avais pas la moindre idée de la façon dont j'aurais réagi à sa place mais j'étais persuadée d'être moins forte qu'elle.

La fumée laissa place à une nouvelle salle vide. Elle comprenait deux portes. L'une était celle par laquelle nous étions entrés, l'autre portait l'inscription de la prochaine épreuve, force.

Sam et moi nous dirigions vers cette dernière mais Charline et Alex fixèrent l'autre un certain temps. C'était là l'épreuve de volonté. Allaient-ils nous suivre? Sans un mot, Charline revint vers nous et nous fit un signe de tête pour nous dire d'ouvrir la porte. Alex hésita plus longtemps, encore groggy de toutes ces révélations. Puis, il tournant la tête vers moi. Il n'avait pas son sourire habituel. Je ne le reconnaissais pas, c'était très déroutant.

— Ça va, dit-il d'un ton lourd et glacial. On continu.

La troisième pièce était en fait un long couloir, tapissé de dalles rouges et blanches au sol, qui menait à une nouvelle porte. Je m'apprêtai à le traverser quand Sam me retint pas le bras. Eu moment où j'avais posé le pied sur une dalle blanche, le sol s'effondra. Il ne laissa plus que quelques carreaux rouges entourés de blancs sur des piliers. Les colonnes en pierres qui les maintenaient à notre hauteur baignaient dans ce qui n'était plus qu'une rivière de lave en fusion, 3 mètres plus bas.

— De la lave, s'indigna Alex! C'est une blague. Ce Emmerson était plus balaises que je ne le pensais.

Il hésita encore un instant. Toutes ces nouvelles l'avaient plus affecté qu'il ne voulait le laisser paraitre. Il tentait de sauver les apparences.

— Bon, quand faut y aller...

Il enleva sa veste et son pantalon. Sam et moi esquissions une grimace. Charline ne réagit même pas, elle fixait la lave. Alex tomba le masque, se changea en loup et entreprit de sauter de pilier en pilier.

— Vise les rouges, lui conseilla Sam!

Il arriva à franchir les quatre premiers mais glissa sur le quatrième, marchant sur une dalle blanche. Six flèches sortirent du mur. Sam les dévia grâce à un sort de télékinésie. Elles allèrent se planter dans le mur d'en face. Alex émit un couinement. C'était passé très prêt. Il atteint enfin l'autre côté du couloir.

Charline n'avait pas bougé. Elle avait gardé les yeux fixés sur la lave depuis son entrée. Était-elle en état de choc? Je lui demandai si elle voulait faire demi tour. Elle releva lentement la tête vers moi. Je l'avais sorti de ses pensées.

— La lave, ce n'est que de la roche en fusion, pas de l'Ulrik?

Je lui confirmai d'un signe de tête.

Elle posa ses deux mains au sol, ferma les yeux et incarnat. La lave perdit peu à peu de sa luminosité. La rivière incandescente se refroidit doucement, cristallisant petit à petit jusqu'à se changer totalement en pierre. La voie était libre.

— Et dire que je me servais de ce sort pour refroidir ma tasse de thé, ajouta-t-elle.

Sam sauta la première sur cette nouvelle route, je m'emparai du pantalon d'Alex avant de suivre Charline. Cette dernière réussit à creuser une sorte d'escalier pour nous faire sortir de là. Cette fois, elle se tourna avec nous pendant qu'Alex se rhabillait. Il était furieux.

— T'aurais pu dire que tu pouvais faire ça avant que je tente de traverser.

— Il y a plein de choses que tu aurais pu me dire plus tôt toi aussi.

Ils échangèrent le même regard qu'elle avait eu avec Mathilde seulement deux heures plus tôt. Ils me cachaient quelque chose, mais ce n'était pas le moment de leur demander. J'étais déjà heureuse qu'ils se soient remit de la salle précédente et qu'ils soient redevenus eux-même.

Quand il fallut passer la dernière porte, j'hésitais. Résistance, qu'est-ce qu'Emmerson allait encore nous demander.

— Ça fait un peu porte-monstre-trésor cette aventure, ironisa Sam.

Elle posa sa main sur la mienne, me sourit et tourna la poignée. De l'autre côté, le corps de Lise était étendu aux côtés de celui de Choris. 

Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et DiplomatesWo Geschichten leben. Entdecke jetzt