Emmerson école pour futurs Guerriers, Mages et Diplomates

Chapitre 41: Amir

Aux premières lueurs du jour, la chambre se réveilla avec entrain. Sam comptait consacrer sa journée à un entrainement au tir pendant que je suivais Charline et Mathilde à Kadoff pour nous balader.

Nous marchions tranquillement dans les rues, dont la majorité des occupants étaient eux aussi des élèves d'Emmerson, quand mes amies remarquèrent que la boutique de chaussures était ouverte. Je n'avais pas du tout le coeur à les regarder essayer toutes les paires qui pouvaient leur passer sous la main. Leur enthousiasme résonnait beaucoup trop aigu à mes oreilles à cette heure ci de la journée. Le concept de crier de joie devant une paire de bottines échappait encore à ma compréhension. Je les laissais pour rejoindre Alex au Tonneau Devint. Je n'étais même pas sûre qu'elles aient remarqué mon absence.

L'apprenti tavernier était en train de mettre les tabourets sur les tables et me gratifia d'un sourire jovial lorsque je passais la porte. Amir nettoyait le bar. C'était le grand ménage en l'absence de clients.

— Hé, m'interpella le patron! Que viens-tu faire dans notre humble établissement, fille de Tim DeTolane?

Alex m'avait prévenu qu'Amir était toujours au courant de tout, un des pouvoirs réservé aux aubergistes et aux espions. Il m'invita à m'assoir au bar. Alex s'arma d'un balai pour combattre toutes traces de la soirée d'hier.

— Alors, raconte moi Ethyléne, que se passe-t-il de beau à Emmerson? Celui là ne veut rien me raconter.

Il désigna Alex d'un signe de tête qui ne réagit pas, aux prises dans une lutte sans merci avec une chaussette abandonnée là.

— Pas grand chose, répondis-je.

— Tu plaisantes? Il parait qu'il y a de la magie noire qui circule dans les couloirs.

Je n'en revenais pas, il était au courant de ça aussi. S'il avait d'autres renseignements, il fallait que j'en sois informée. Je rentrai dans son jeu, appuyant mon coude sur le comptoir, le corps un peu inclinée vers lui, prête à boire ses paroles.

— De la magie noire, jouai-je l'innocente?

— Oui, de la magie noire, j'ai même dû en confisquer quelques fioles l'autre soir. J'ai voulu prévenir l'inquisition avant que ça me soit reprocher mais ils m'ont dit qu'ils étaient déjà au courant.

— Et ils ne font rien, demandai-je?

— Ils n'ont pas d'autorité à Emmerson. Enfin, en théorie si, mais la grande prêtresse ne se risquerait pas à y envoyer l'inquisition à moins que se soit la directrice qui le demande. Elles sont... Comment dire... Elles ne sont pas en froid, mais la grande prêtresse laisse Madame Valdés diriger l'école comme elle le souhaite et en échange la directrice ne se mêle pas du gouvernement.

— Pourquoi la directrice s'en mêlerait?

— Parce qu'elle pourrait remplacer la grande prestesse! Elles sont de force égale tu sais.

La réputation de notre directrice n'était plus à faire apparemment, plus j'en apprenais sur elle et plus elle m'impressionnait. Mais tout cela ne me renseignait pas plus sur le sujet qui m'intéressait.

— Mais si il y a de la magie noire qui circule, il faut bien que quelqu'un l'amène jusqu'ici. Personne n'a rien remarqué?

— C'est bien là tout le mystère. Non seulement toutes les voies sont surveillées et personne ne s'est fait arrêter, mais en plus, aucune fuite n'a été repérée sur les Terres Maudites. Les Succubes n'en sont pas sorties depuis des mois, elles ont été vu sur place et ne cherchent pas plus à sortir que d'habitude. La seule explication se serait que...

Il se pencha sur le bar pour se rapprocher de mon oreille comme s'il ne voulait que personne ne l'entende alors qu'il n'y avait qu'Alex et mon chat dans la salle.

— Se serait qu'il y ait une autre source dans l'école elle même.

Alex reposa son balai et vint se joindre à nous.

— Se serait possible, demanda-t-il? Il pourrait y en avoir une autre sans que personne ne le sache?

Amir se recula en haussant les épaules.

— Peut-être. Qui sait? L'école a plusieurs siècles, elle pourrait être cachée par un sort puissant.

— Pfff, c'est n'importe quoi.

Alex reprit son balai. Amir m'adressa un nouveau clin d'oeil avant d'attraper un torchon et se remettre au travail. Charline et Mathilde vinrent me rejoindre les bras encombrés pas des dizaines de paires de chaussure.