Un verre à la main, je m'enfonçais dans ce canapé que je connaissais si bien, j'étais de retour dans la maison des Kappa Tau pour une nouvelle soirée. Ils m'avaient manqués, malgré le fait que cette solitude m'ait fait du bien, je réalisais peu à peu que j'avais besoin d'eux. Il y avait toujours cette partie de moi qui leur en voulait de m'avoir laissé m'éloigner, enfin il fallait bien avouer que je n'étais pas de tout repos, lorsque j'avais une idée en tête difficile de me faire changer d'avis. J'avais eu besoin de solitude, maintenant j'avais besoin de mes amis. Louis s'installa à côté de moi en souriant. Rien n'avait changé et ça ne m'étonnait pas. Le monde ne pouvait pas s'arrêter de vivre parce que j'avais décidé de m'éloigner d'eux.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Louis après m'avoir dévisagé quelques secondes. Je bu une gorgée de bière et haussa les épaules en souriant.
- C'est étrange de revenir ici, lançais-je, mon ami hocha la tête sans être vraiment convaincu par ce que je lui disais.
J'essayais de ne rien laisser transparaître, je devais rester de marbre et ne pas penser à Charlie. Raté. Louis n'était pas dupe mais il me laissait tranquille. Je savais qu'elle n'allait pas rester seule, elle était bien trop jolie, mais c'était beaucoup trop inattendu. Je n'arrivais pas à l'accepter tout simplement parce que je n'étais pas d'accord. Je voulais me battre pour elle, lui prouver qu'on avait eut tord, qu'une erreur n'allait pas définir notre relation. J'avais besoin d'elle, même si je lui avais dit le contraire, même si j'avais mis du temps à l'admettre. Et je voulais qu'elle admettre avoir besoin de moi, je savais que c'était vrai. Je me levais pour me resservir un verre j'avais besoin de boire pour oublier tout ceci.
Quelques heures plus tard, j'étais saoul, complètement saoul. Je me cognais une nouvelle fois contre le mur de la cuisine et riais. Je voyais flou mais je savais que je n'étais pas le seul. J'avais croisé Liam qui était dans le même état, Sarah l'avait emmené dans sa chambre. Je devais rentrer mais comment ? Je traversais le salon pour sortir par devant, je titubais et bousculais les gens sans m'excuser. Je m'en foutais. Je sortis mon téléphone et essayais de me concentrer pour voir correctement. Je cherchais dans mes contacts et trouvais enfin la bonne personne, je n'étais pas apte à écrire un message, je l'appelais.
Deux sonneries, j'entendis sa voix et eut un sourire. Je grommelais des excuses pour l'appeler si tard et lui demandais de venir me chercher. Je m'asseyais tant bien que mal dans l'herbe humide et attendis mon taxi. Ma tête était lourde et mes idées mélangées. Je n'arrivais pas à savoir ce qui était réel ou non. J'avais envie de croire que cette journée ne s'était pas passée ainsi. Charlie m'a accueilli avec un grand sourire, elle m'a même avoué ses sentiments... Mais dans ce cas là, où est-elle ? Non. Elle m'a dit qu'elle avait besoin de temps face à l'immense déclaration que je lui ai faite. Non plus. Je soufflais bruyamment pour signifier mon mécontentement envers moi-même.
- Harry, debout, me demanda une voix en tirant mon bras, je relevais la tête et vis Aubrey, visiblement irritée par mon comportement avant même que je n'ouvre la bouche.
- T'es là, lâchais-je avec un sourire immense sur le visage.
Je n'avais jamais été aussi content de la voir. Je réussis après plusieurs essais à tenir sur mes jambes malgré la douleur que ça me provoquait.
Le siège passager de la voiture d'Aubrey me parut instantanément plus confortable que n'importe quel lit au monde. Je me contentais de fondre dedans avec un sourire béat. Mon taxi attrapa la ceinture de sécurité et me l'attacha. Je pouvais sentir son parfum, un mélange d'agrumes et de menthe, ça avait pour effet de me rassurer – même si je savais qu'Aubrey ne me voulait aucun mal. J'essayais de décrypter son expression mais je voyais trop flou pour ça, je devinais seulement son énervement. Je ne lui avais pas donné de nouvelles depuis notre baiser, je ne savais absolument pas comment agir face à ça pourtant elle était bien la première personne à appeler en cas de problème. J'avais besoin d'elle.
