CHAPITRE XXXII - « Shakespeare »

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Je me rendis à l'adresse indiquée par Harry. Je fus surprise qu'il me propose que l'on se voit au parc du Golden Gate, ce n'était pas un endroit familier mais peut-être que pour lui ça l'était. J'avais enfilé une robe et fais un effort de présentation mais je me sentais stupide. C'était un de ces moments dans les films romantiques où la jeune femme attendait l'homme qu'elle aimait, c'était ridicule. Je me sentais mise à nue, faible et absolument terrorisée à l'idée qu'il débarque soudainement. J'avais essayé pourtant, je m'étais répétée la phrase de Maya en boucle 'tu pourras entamer un nouveau chapitre de ta vie'. Sauf que je ne voyais pas ma vie sans lui, même sans être là physiquement pendant deux ans, il avait été dans mes pensées, peut-être pas tous les jours mais je pensais à lui.

Un craquement se fit entendre et je sursautais. Personne. Sûrement un animal. J'étais tellement angoissée que je ne regardais même pas en face de moi. Je regardais mon téléphone une nouvelle fois pour être sûre d'être à l'endroit exact qu'il m'avait envoyé, je suivis aveuglément le GPS et levais les yeux devant un grand portail. Une inscription était éclairée sur le dessus : Shakespeare Garden. Mon cœur s'emballa rapidement.

- Tu es venue, entendis-je derrière moi. Je me retournais pour faire face à Harry. J'ai pensé que c'était l'endroit approprié.

Je le regardais longuement, comme si je n'y croyais pas. Il s'avança jusqu'au portail fermé et l'ouvrit avec une clé de sa poche.

- Parce que tu as cité Shakespeare une fois ? Répliquais-je soudainement d'humeur moqueuse.

Il me laissa pénétrer en premier dans le parc avec un sourire sur le visage.

- Visiblement tu t'en souviens, me dit-il en fermant le portail derrière nous.

- Tu m'as surprise ce soir là, répondis-je en avançant vers la statue plantée au milieu du jardin.

- J'espère que c'est toujours le cas, lâcha-t-il doucement. Je ne me retournais pas, préférant regarder la statue dans la pénombre. Charlie...

- Tu n'aimes toujours pas les raviolis ? Demandais-je soudainement.

J'avais envie de repousser l'échéance le plus possible, je voulais simplement passer du temps avec lui sans prise de tête, comme lorsqu'il m'a rapporté ma robe.

- Toujours pas, répondit-il.

Je levais enfin la tête vers lui il avait ce sourire si typique de lui. Il savait ce que j'étais en train de faire : gagner du temps. C'était amusant de voir qu'il ne m'en empêchait pas, peut-être que lui aussi avait besoin de ce temps de répit.

- Mais tu sais ce qu'il y a de différent ? demanda-t-il, je secouais la tête avec un léger sourire. Je sais rouler maintenant.

Il s'installa sur l'un des bancs, visiblement fier de lui. Je m'approchais, sans m'assoir.

- Prouve-le !

Il rit et me montra ses mains vides. Je lui lançais ma pochette où il y avait tout le nécessaire.

- Je vois qu'il y a certaines choses qui ne changent pas, lâcha-t-il avec un petit sourire moqueur.

Si tu savais.

Je l'observais alors qu'il sortait tout ce qu'il fallait. Seuls quelques animaux et insectes faisaient du bruit autour de nous, c'était une belle nuit pour observer les étoiles mais je ne pouvais pas détacher mon regard de lui. Il était encore plus beau dans la pénombre. Son visage s'animait de temps à autre parce qu'il n'arrivait pas à plier la feuille comme il le voulait, je devais avoir l'air ridicule à le regarder se débattre avec un sourire niais sur le visage. Il releva la tête vers moi avec un sourire si fier que l'on aurait cru un enfant qui avait gagné une médaille. Il s'approcha rapidement de moi et me tendit le joint – un peu tordu.

Hidden Feelings - H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant