C'était tellement plaisant. Je ne pouvais pas décrocher ce sourire de mon visage. Elle m'avait tellement manqué. On s'appelait souvent mais ce n'était pas pareil, les relations humaines sont faites de contact physique et je n'arrivais pas à me détacher de son étreinte. Toutes mes angoisses s'étaient envolés dès l'instant où j'avais vu son sourire. Mon dieu, j'aimais trop cette fille.
- Tu sais que tu vas m'étouffer si tu continues à me serrer si fort ? Lança-t-elle en riant.
Je lâchais ses épaules mais pas ses mains.
- Tu n'imagines même pas comment j'avais hâte que tu arrives.
Je l'emmenais avec moi. J'avais besoin de lui parler et surtout qu'elle me raconte sa vie. On s'installa sur une des terrasses du premier étage.
- C'était une bonne soirée hier ? Me demanda-t-elle avec un sourire, je haussais les épaules.
- Avec toi ça aurait été mieux, même si les filles sont très sympas, les conversations n'étaient pas au top niveau, Sarah eut un sourire, n'empêche que je me suis bien amusée, j'ai perdu mes chaussures et Louis a du me porter jusqu'au taxi, c'était très drôle.
Elle rit.
- J'aurai aimé être là, elle prit une inspiration et regarda ses mains mal à l'aise, j'aurai aimé te le dire tu sais, mon visage se ferma, elle attrapa ma main, je sais que tu ne veux plus parler de tout ça mais j'aurai préféré que tu l'apprennes de moi. Je secouais la tête en souriant.
- Je ne suis pas une petite chose fragile, c'est Harry je savais qu'il allait retrouver quelqu'un c'était évident, je lâchais sa main pour me lever, ma vie ne peut pas se résumer à Harry. Je sortis une cigarette et l'alluma. J'ai l'impression que c'est toujours la même chose, quand vous êtes tous ensemble, c'est comme si j'étais encore cette gamine affreuse de l'hôpital.
Sarah se leva pour me prendre par les épaules. Ma voix n'était pas montée, je ne voulais pas m'énerver contre mon amie, mais j'en avais marre d'être considérée comme quelqu'un à protéger. Je n'ai besoin de la protection de personne. Ils n'avaient pas été là durant ces deux ans, pas physiquement, ils n'avaient pas vu mon évolution. Peut-être était-ce Harry le problème, lorsqu'il était là toutes mes actions étaient scrutées. Les siennes aussi probablement.
- Tu ne peux pas nous empêcher de nous inquiéter, ses yeux marron me scrutaient.
- Vous n'êtes pas mes parents, ce n'est pas votre rôle, lâchais-je doucement, ma vie ne tourne pas autour d'Harry et la vôtre ne devrait pas tourner autour de notre relation non plus. Elle souffla.
- Je veux juste que tu sois heureuse.
Je pris son visage entre mes mains.
- Je suis heureuse. J'embrassais son front. Il fait beau, ma meilleure amie est arrivée, mon frère se marie demain, que demander de plus ?
Sarah se contenta de cette réponse même si je savais qu'elle avait l'impression que je lui cachais quelque chose, ce n'était pas le cas – j'étais heureuse et pour Harry aussi. Elle me serra la main et me fit signe qu'elle rentrait dire bonjour à tous le monde. Je restais là, seule sur la grande terrasse. Toutes ces questions sur Harry devaient cesser, je savais de toute façon que les deux seules personnes capables de m'en parler librement – Sarah et Louis – l'avait déjà fait, j'étais donc tranquille jusqu'à nouvel ordre.
Je descendis les marches jusqu'à la piscine, enleva mes tongs et enfonça mes jambes dans l'eau tiède. Je m'allongeais sur le béton et fixait les nuages qui bougeaient lentement. J'avais besoin de détente, de paix. Je savais que ce long week-end ne serait pas de tout repos mais ça avait déjà été plus que ce que je pensais. J'étais heureuse pour Harry, Anna avait l'air d'être une personne bien. C'est tout le malheur que je lui souhaite. Je sentais que le pire était à venir.
