Point de vue Harry
Son regard était planté dans le mien. J'avais envie de la rassurer, lui dire que ce n'était rien, que l'on ne faisait que discuter mais c'était faux. J'aimais Charlie, depuis le premier jour où je l'avais vu. Je me mentais à moi-même en disant que c'était innocent, j'avais envie de que ce soit innocent parce qu'autrement ça voulait dire que ces deux ans passés à essayer de l'oublier étaient vains. Je ne voulais pas régresser, j'avais fais un long chemin avant de me décider à laisser une chance à Anna. La dernière chose que je voulais était de lui faire du mal, elle ne méritait pas ça, elle méritait mieux. Beaucoup mieux que ce que je lui donne maintenant.
Je n'arrivais pas à bouger, même cligner des yeux était compliqué, j'avais peur qu'elle sache, qu'elle le devine sans que je n'ai prononcé un mot. J'avais envie de m'expliquer, de me justifier, même si j'étais en tord, même si elle avait tous les droits de me détester. Mentir une nouvelle fois n'allait pas m'aider, je devais être honnête avec elle, même si ça voulait dire la blesser. C'était la dernière chose que je voulais, je l'aimais, peut-être pas du même amour que celui que j'avais pour Charlie, mais elle était importante dans ma vie, et ce, depuis le jour où l'on s'était embrassé. De toute façon, rien n'était comparable à ce que je ressentais pour Charlie. Je pris une grande inspiration.
- Je ne veux pas te mentir Anna, elle ferma les yeux, j'allais continuer mais elle me stoppa de la main.
- Tu aurais pu être honnête plus tôt, tu aurais du être honnête dès le début, elle était étrangement calme, elle ravala un sanglot, si j'avais su j'aurai pu comprendre, mais tout ce que tu as fait c'est me cacher la vérité en espérant que je ne découvre rien. Sa voix se brisa, elle dû s'éclaircir la gorge. Si tu l'aimes, dis lui, soit sûr que c'est ce que tu veux, si c'est elle, d'accord, je ne ferais pas de crise, de toute façon tes mensonges m'ont déjà brisé. Elle tourna la tête vers Charlie qui avait fait quelques pas en arrière sans que je m'en rende compte. Je sais que tu n'as rien voulu de tout ça, je n'aurai pas dû m'en prendre à toi, on ne se connait pas.
Elle essuya ses joues et nous fit un triste sourire. J'avais envie de lui dire quelque chose, n'importe quoi qui pouvait lui ôter un peu de cette peine, mais rien ne sorti de ma bouche. Elle ferma les yeux et nous laissa tous les deux dans un silence de plomb.
C'était le moment de parler, à Charlie, lui dire que je l'aimais peut-être. Elle va fuir une nouvelle fois. Je ne savais jamais comment agir avec elle, c'était comme marcher sur des œufs en permanence. C'était comme ça avant, cela faisait un an que nous ne nous étions pas vu, son état d'esprit avait peut-être changé. Je savais que moi j'avais changé, je n'étais plus le même gamin égoïste que j'étais lorsqu'elle était partie il y a deux ans.
- Charlie, commençais-je. Elle se tourna vers moi, faisant voler sa natte.
- Non, répondit-elle, je fermais les yeux tandis qu'elle avançait de quelques pas. Tu es l'une des meilleures choses qui me soient arrivé dans la vie, mais je pense qu'en étant la meilleure tu as aussi été la pire. Elle prit une inspiration. C'était compliqué avant, ça l'est toujours maintenant, est-ce que ça va s'arrêter ? Elle haussa les épaules. On ne peut pas oublier ce qui nous est arrivé, pour être honnête j'ai du mal à me pardonner ce qu'il est passé, cette situation aurait pu être évitée si j'avais su comment agir face à mes propres sentiments. Elle lâcha un rire ironique. C'est incroyable, j'ai fais des heures de thérapie pour essayer de mettre des mots sur toutes mes difficultés, à m'imaginer des discussions que l'on aurait pu avoir, à ce que je t'aurai dit si j'avais eu le courage de le faire il y a deux ans. Elle se retourna et j'eus l'impression qu'elle allait partir sans en dire plus, mais alors que je la suivais elle fit demi-tour rapidement. Je vais te le dire maintenant d'accord ? Elle attendait une réaction de ma part, je me contentais d'hocher la tête, je n'allais pas dire non à un peu de vérité. Je me suis perdue dans l'amour que j'avais pour toi, je ne contrôlais rien, et ça m'a fait flipper. J'aime les choses organisées, même si elles ne le sont pas pour les autres, c'était plutôt clair dans mon esprit. Sauf avec toi, il a fallut que tu sois la seule variable que je ne contrôlais pas. Pendant un moment je me suis dit que c'était de ta faute, que tu n'étais qu'un con parce que tu m'avais donné de l'espoir, l'espoir d'être heureuse en tout point. Le truc c'est ce que je fais avec cet espoir, j'aime bien le broyer. Mes psys m'ont dit que c'était parce que je me sentais coupable d'être trop heureuse, parce que quand je le suis, mon père s'évapore un peu alors je me rends misérable parce que je ne veux pas l'oublier. C'est complètement con pas vrai ? Elle avait un débit de paroles que je n'arrivais pas toujours à suivre. Je suis sûre que mon père voudrait que je sois heureuse, qui ne le souhaite pas après tout. Alors je m'en suis voulu, parce que c'est moi qui ait tout fait foiré, une fois, deux fois et trois fois je n'ai pas voulu t'écouter, tu sais comment je suis, têtue et toujours sûre d'avoir raison. Je dois le dire maintenant, partir c'était pas ma meilleure idée, parce que même si tu n'étais pas là physiquement, je pensais à toi tout le temps. Je me suis fracassée la gueule de ton amour et je crois même que je ne m'en suis toujours pas remise. C'est triste, pas vrai ? Tout ce que je voulais dans le fond c'était quelqu'un qui m'accepte comme je suis et qui ne soit pas mon sang. C'était toi, cette personne. Elle marqua une pause, ses yeux dans les miens, elle eut un sourire. Peut-être que j'ai menti finalement, peut-être que malgré tout je suis contente que tu aies fait parti de ma vie, parce que pendant quelques semaines, c'était mieux, mieux que les jours d'avant. La vérité c'est que te voir ne me rappelle pas seulement ce que j'ai gâché mais aussi l'amour qu'il y avait, c'était brouillon et flou, mais c'était innocent, on ne peut plus dire la même chose maintenant.
