Elle leva les yeux vers moi après plusieurs secondes de silence, je ne voulais pas la forcer à me dire quelque chose qu'elle ne voulait pas, mais à l'instant j'étais bien trop perturbé par tous ces sous entendus pour rester dans l'ignorance. Elle essaya à nouveau de forcer le passage, mais je ne bougeais pas. Je ne pouvais même pas dire quelque chose, elle m'avait embrouillé l'esprit et je ne savais pas quoi faire pour y remédier. Elle se déplaça vers le fond de la cuisine et s'appuya sur le meuble en face de moi en croisant les bras.
- Harry, fais quelque chose, demanda-t-elle doucement.
Je ne savais pas quoi dire, elle souffla, cette situation n'était facile pour personne d'autant plus quand je ne comprenais rien.
- Qu'est-ce que je suis censé faire ? Je veux que tu restes, tu es la seule sur qui je peux vraiment compter, même si je suis parfois débile et que je ne comprends pas du tout ce qu'il se passe, j'ai besoin de toi.
Son expression était impassible, je n'arrivais pas à savoir si ça lui faisait plaisir, si elle était énervée, malgré tout elle décroisa ses bras et s'avança vers moi.
- Tu ne sais pas ce que tu veux et c'est bien ça le problème, tu penses avoir besoin de moi mais tu ne penses pas à moi.
Une fois encore je ne savais pas ce que ça signifiait, elle était beaucoup trop mystérieuse pour moi, peu importait à quel point je voulais la connaître, elle continuait de faire des sous entendus. Je secouais la tête.
- Parle avec des mots Aubrey, je ne comprends rien à ton charabia, lançais-je, il faut dire les choses telles qu'elles sont parce que dans mon état actuel je suis incapable de communiquer avec toi si tu continues éternellement le jeu de la fille mystérieuse.
Ses grands yeux bleus de baissèrent l'espace d'un instant, elle prit une grande inspiration comme si elle s'apprêtait à faire une grande révélation mais à ma grande surprise elle fut plus rapide et quitta la cuisine en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Elle s'installa sur le canapé en tailleur et m'indiqua la place à côté d'elle. Tout ceci commençait sérieusement à me faire peur. Je m'installais en silence sans vraiment la regarder, elle se tourna pour être en tailleur en face de moi, ses genoux touchant ma jambe.
- J'ai envie que tu aies besoin de moi, commença-t-elle en jouant nerveusement avec ses doigts, je ne sais pas vraiment pourquoi, elle marqua une pause et prit une inspiration, enfin si je sais, tu n'es pas un ami à mes yeux, tu es plus que ça, je comprenais enfin, elle posa ses mains sur mon bras, tout ceci n'est pas réciproque, je le sais je ne suis pas stupide, depuis le premier jour je sais que c'est Charlie qui compte et malgré tout ça, je suis restée, je t'ai aidé et je sais que tu es reconnaissant pour ça. Je voulus parler mais elle leva son doigt en l'air pour me signifier qu'elle n'avait pas fini. Je ne cherche pas à être mystérieuse, je veux me préserver, parce que je ne veux pas tomber amoureuse de quelqu'un qui en aime une autre. Malgré tout, je serais là aussi longtemps que tu en auras besoin, parce que pour toi je suis ton amie et je respecte ça.
Je restais sans voix, moi qui voulait de vraies explications c'était clair mais je n'étais pas prêt à entendre de telles paroles. Tout ce qu'elle disait était vrai, j'étais reconnaissant parce que si elle n'avait pas été là, j'aurai sombré bien plus bas. Malgré tout, je me sentais coupable de ne pas avoir vu ses sentiments venir, j'aurai du le sentir. Peut-être que Charlie avait vu juste depuis le début, mais je ne voulais pas croire qu'Aubrey avait tout fait pour nous séparer, je savais que ce n'était pas le cas. Ou du moins, elle le faisait de façon subtile. Elle était lucide sur la situation, mais ça me dérangeait quand même, je ne voulais pas qu'elle tombe amoureuse de moi, je ne voulais pas lui faire de mal. Je ne l'avais jamais vu comme ça, elle avait soudainement l'air si fragile, j'avais envie de la prendre dans mes bras mais je me retenais, par respect.
