- Charlie, ça va ? Me demanda mon frère en s'asseyant sur la table basse devant moi.
- Il m'a dit qu'il m'aimait, lâchais-je sans le regarder, comment il a pu dire une chose pareille ? Théo fronça les sourcils, il ne comprenait pas de quoi je parlais, même si c'était pas très difficile. Putain, mais il est incroyable, d'abord il me dit qu'il ne veut pas perdre l'autre blonde et après il me dit qu'il m'aime, comme ça, comme si c'était normal. Je faisais de grands gestes, ça me rendait folle. Il est complètement taré, c'est lui qu'à un problème, je ne vois pas d'autres explications.
Je posais ma tête sur mes mains, Théo attrapa mes poignets pour que je le regarde.
- Respire.
Je me rendis compte alors que j'avais arrêté de respirer, j'étais comme en état de choc, mon cœur battait à toute vitesse, mes mains tremblaient. Ces paroles m'avaient beaucoup plus touché que ce à quoi je m'attendais. Je mis quelques minutes à reprendre mon souffle.
- C'est complètement fou, articulais-je après avoir repris mes esprits. Théo entoura mon visage de ses mains, il m'apaisait radicalement.
- C'est l'amour, répondit-il avec un sourire.
Je secouais la tête et me défit de son emprise pour me lever. Ce n'était pas une raison, ni une excuse, c'était rien, il n'y avait plus rien, il était censé ne plus rien avoir.
- Je ne veux pas de ça, si ça rend les gens fous, je ne vois pas en quoi c'est une bonne chose.
Théo s'approcha de moi et posa son menton sur mon épaule. J'observais par la fenêtre les gens marcher, des couples, des amis, je n'étais pas comme eux. Je ne me sentais pas spéciale, mais j'étais différente, mes attaches n'étaient pas les mêmes, ce n'était pas pure. C'était dur, complexe, maladroit et ça me rendait folle.
- Tu ne sais pas gérer tout ça Charlie, me chuchota mon frère, c'est ce qui t'a fait peur la première fois, je fus surprise que mon frère comprenne avant moi que c'était bel et bien la raison de mon déraillement, tu ne vois pas les relations humaines comme la plupart des gens, c'était quelque chose que je ne comprenais pas chez toi, tu as toujours mit une distance infinie entre toi et l'amour. Il m'attrapa les mains pour que je le regarde. Tu viens de comprendre à travers les mots d'Harry que tout ça ne t'étais pas étranger, tu n'es pas insensible, tu es humaine, tu as peur et c'est normal. Il eut un sourire de compassion, je fermais les yeux et me mis à rire. C'était un rire nerveux qui entraîna Théo avec moi.
On resta là à rire un petit moment avant que les garçons se lèvent eux aussi. On traîna tous ensemble quelques heures, mais j'étais toujours obnubilée par les paroles d'Harry. C'était un cercle sans fin dans ma tête, je revoyais son visage si innocent, si persuadé par ce qu'il disait. Je ne voulais plus en parler pourtant je savais que rien ne serait clair tant que je n'aurais pas une véritable discussion avec Harry.
Jenx était présente, elle m'observait de loin, je me doutais qu'elle savait qu'il y avait quelque chose et qu'elle voulait que ce soit moi qui brise la glace. Je n'étais pas prête à lui en parler, même si c'était ma meilleure amie, même si elle était capable de comprendre, je savais ce qu'elle dirait, elle me dirait d'aller le voir et de me confronter à l'inconnu. Il fallait que je suive son non-dit conseil, elle en avait toujours de bons, et même si elle n'avait pas prononcé un mot elle était quand même là. Je le sentais un peu mal de lui avoir caché mes pensées, je lui devais des explications, qu'elle aurait une fois les choses réglées.
Je quittais la fraternité et pris ma voiture en direction de l'appartement d'Harry. J'étais stressée, je ne savais pas ce que je dirais, j'étais dans le flou je voulais seulement des réponses à mes questions – et il y en avait beaucoup.
