Chapitre 2

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Holly

  Lorsque mon réveil sonne aux alentours de six heures trente, j'ai tout le mal du monde à me lever de mon lit. Les vacances me manquent, et je ne me rappelle pas en avoir eu depuis que j'ai commencé à travailler pour le Times en Janvier dernier !
New-York, je ne parviens toujours pas à croire que nous ayons réussi, je ne parviens toujours pas à croire que Rachel et moi ayons réalisé notre rêve de gamines. Voilà bientôt quatre ans que nous avons emménagé et je ne remercierai jamais assez ma tante Marry d'avoir comme vieil ami, le directeur du Times !
Entendant de la musique dans le salon, je me décide enfin à me lever tout en observant une vieille photo sur ma table de chevet ; Rachel et moi avons tant changé depuis le début du lycée, si bien physiquement que mentalement. Mes longs cheveux sont désormais bien plus clairs tandis que Rachel a opté l'an dernier pour un châtain foncé. Ses cheveux courts dessinent à la perfection son joli visage et ses formes pulpeuses lui donnent l'occasion de côtoyer les plus beaux partis de la ville ! Et dans le monde de la mode, c'est un réel atout.
Lorsque je gagne le salon, j'explose de rire à la vue de ma meilleure-amie, dansant en plein milieu du salon, un bol de céréales à la main et sa petite cuillère dans l'autre.

– Qu'est-ce qui te rend si heureuse de si bon matin ?

– Victoria vient de m'envoyer un mail, elle me laisse mes deux semaines de vacances pour rentrer à Miami !

Je sautille de joie. Bien que la patronne de Rachel soit un réel tirant et une garce sans cœur, Rachel doit tout de même s'estimer heureuse d'être sa petite protégée ! Après tout, ce n'est pas donné à tout le monde d'être repérée par une étoile montante de la mode lors de sa première année d'étude !
Si seulement je pouvais avoir la même opportunité. J'ignore depuis combien de temps je ne suis pas revenue à Miami, mais le climat me manque.

– Il faut que tu lui demande aujourd'hui, tu dois demander à Ian aujourd'hui pour tes vacances !

– Monsieur Davis n'acceptera jamais de me donner deux semaines, Rachel.

Elle se laisse tomber sur le canapé tout en ronchonnant.

– Bien, j'irais le voir aujourd'hui ! Il m'a convoqué dans son bureau ce matin de toute manière, je lui en toucherai deux mots.

– Pourquoi est-ce qu'il t'a convoqué ?

– Je dois écrire un article sur un de ces nouveaux écrivains new-yorkais pour la semaine prochaine, j'imagine que c'est en rapport avec mon interview avec lui.

Après une courte douche, un léger petit-déjeuner et une bonne demi-heure de préparation, je suis enfin prête à partir. Voyant la neige tombant à l'extérieur je me décide à prendre un taxi pour rejoindre le bureau. Je déteste conduire sous la neige, bien trop effrayée à l'idée d'avoir un accident.
Une fois devant les grandes portes de l'immeuble, je ne peux m'empêcher de me remémorer mon premier jour ici, ma terreur et mon appréhension à l'idée de ne pas être à la hauteur de ce poste. Tout ce stress me parait désormais bien loin, je me suis si bien intégrée ici qu'il m'arrive parfois de me dire que ce job était bel et bien ma vocation.
Je déboutonne mon épais manteau noir laissant apparaître un joli pantalon bleu marine moulant à taille froncée accompagné d'un adorable nœud ainsi qu'une jolie chemise blanche rehaussée d'une veste de tailleur de même couleur que le pantalon. Mes petits talons blancs me font déjà mal au pied, je rigole en me remémorant le nombre de chutes dont j'ai failli être victime depuis le début du mois de décembre ! J'ai toujours haï le verglas !

– Mademoiselle Jensen ! M'interpelle monsieur Davis en plein milieu du couloir.

– Monsieur Davis, je m'apprêtais justement à venir vous voir.

– Bien, j'allais me chercher un café, vous n'avez cas m'attendre devant mon bureau.

J'exécute un hochement de tête accompagné d'un large sourire avant que l'homme aux cheveux d'un noir charbon ne se décide à faire volte-face pour se diriger en direction des machines à café. Pendant ce temps, je me dépêcher de déposer mon manteau ainsi que mon sac sur mon bureau avant de me diriger à nouveau en direction du bureau de mon boss. Je ne peux m'empêcher d'observer mon reflet dans la vitre près de la porte de son bureau. Mes cheveux attachés ainsi que mes petites lunettes noires me font paraître bien plus vieille que je ne le suis, j'ignore encore si ce conseil de la part de Rachel dans le but d'apparaître plus « sérieuse » porte ses fruits.

– Mademoiselle Jensen, c'est toujours un plaisir de vous recevoir dans mon bureau ! M'interpelle l'homme incroyablement grand tout en fonçant dans son bureau.

J'esquisse un léger sourire tout en prenant place sur la petite chaise en bois face à son imposant bureau. J'ai la vague impression de me retrouver dans le bureau du principal comme à la bonne vieille époque du lycée.

– Malheureusement, je crains que ce plaisir ne soit pas partagé cette fois-ci.

Il souffle bruyamment avant de se laisser tomber lourdement sur sa chaise de bureau. Instantanément, les pires scénarios me viennent en tête. S'il me renvoyait ? A deux semaines de Noël, je ne pourrais pas imaginer pire cadeau ! Sans dire un mot, j'observe l'homme aux cheveux bruns avec une mine inquisitrice. Il fronce les sourcils avant de tournoyer distraitement sur sa chaise de bureau. Bon Dieu qu'il crache le morceau !

– Je me suis entretenu avec Cherry il y a quelques minutes, et je sais à quel point cette entrevue avec cet écrivain vous fascinait mais... je suis dans l'obligation de permuter vos deux entrevues.

Là, je vois rouge. Cherry, encore une fois ! Je pensais qu'une fois avoir quitté le lycée, je serais loin de toutes ces petites garces uniquement motivées par l'idée de faire mal aux autres. Visiblement, je me suis mis le doigt dans l'œil ! Il n'y a pas vraiment de raison fondée à sa haine envers moi hormis le fait que je sois arrivée au Times une semaine après elle. Mais apparemment, cette raison semble assez importante pour me retirer des mains les sujets m'important réellement ! Et dire que j'ai essayé de copiner avec elle à mon arrivée ! J'ai désormais ses courts cheveux châtains ainsi que son visage faussement angélique.

– Quoi ? Pourquoi ?

Mon cri étouffé fait à nouveau soupirer monsieur Davis qui triture désormais distraitement son alliance.

– Elle a un empêchement, une urgence et... le sujet de son entrevue a bien insisté sur le fait qu'elle se ferait ce soir ou jamais.

Génial, en plus de laisser passer ma chance d'avoir une entrevue avec un jeune écrivain extrêmement prometteur, je vais me coltiner un râleur de première.

– Je n'ai pas la moindre question à lui poser, je ne sais ni de qui il s'agit ni...

– Un chauffeur vous attendra devant la porte, la fiche de questions sera à l'intérieur. Je suis désolé de vous infliger ceci, Holly, je vous redevrai ça, vous me sauveriez la vie.

Je souffle bruyamment avant de ma laisser tomber sur le dossier de la chaise en bois. Est-ce que j'ai vraiment le choix ? Pas vraiment, tout le monde doit avoir du travail à faire à l'heure qu'il est. Et dire que je pensais passer une journée à me la couler douce à mon bureau en attendant patiemment mon entrevue de demain matin. C'est raté pour cette fois !

– Bien. J'imagine que vous n'avez pas d'autres choix que moi. J'irais.

– Non, Holly. Je vous donne ce sujet à vous pour une raison bien précise.

– Laquelle ?

– Vous êtes une journaliste très prometteuse. Et si vous réussissez à mener à bien cette entrevue, alors, qu'importe vos prochains articles, vous réussirez avec brio.

Je dois avouer commencer à angoisser. Est-ce que cette personne est tant à craindre que ça ? Je vois bien à la mine renfrognée de monsieur Davis que m'envoyer à cette entrevue ne lui plaît pas vraiment.

– Comment est-ce que je le reconnaitrai ?

– Oh vous le reconnaitrez Holly, faites-moi confiance là-dessus... Vous n'aurez cas chercher un type tatoué ! Tenez vous prête pour dix-huit heures trente.

Soulmate - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant