Chapitre 29

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Holly

En me réveillant ce matin, le lourd bras de Kerian posé sur ma poitrine me fait presque frémir. C'est étrange, je ne pensais pas que me retrouver avec lui, dans un lit, pouvoir de nouveau observer son joli minois encore endormi me ferait tant de bien. Je me surprends à redessiner à l'aide de mon simple regard les multiples tatouages couvrant son sublime corps d'Apollon. Sa peau noirci par toute cette encre en demeure d'autant plus attirante, j'ai l'impression de découvrir un nouveau tatouage à chaque coup d'œil, l'impression de redécouvrir cette chaire que je connaissais pourtant parfaitement quelques années plus tôt. Zieutant son torse se surélever puis s'abaisser au rythme de sa douce respiration, j'ai la vague impression de retrouver cet être innocent, de retrouver en lui cet aspect minaudier que j'aimais tant. Son éternelle vulnérabilité dès lors que le beau blond se trouve endormie m'avait manqué. J'aime imaginer de quoi le blondinet pourrait bien rêver. Et c'est, de la manière la plus égocentrique qui soit, que je me surprends à penser que je pourrais peut-être occuper son esprit.

- Te surprendre en train de me mater au réveil m'avait manqué, glousse-t-il.

Sa voix rauque me transperce de l'intérieur, figeant jusqu'à la plus petite parcelle de mon corps. Elle est bien plus rauque qu'à l'époque, un petit détail étrangement excitant.

- Je crois que ça m'avait manqué aussi.

Il esquisse un petit sourire avant de passer délicatement sa langue sur ses lèvres, ouvrant difficilement ses adorables yeux d'un vert émeraude.

- Tu ne vas pas être en retard au travail, Jensen ?

- Mon patron m'a donné ma journée pour me remercier du baby-sitting.

Il se marre avant de bondir du lit, enfouissant sa main dans un des tiroirs de la chambre pour en extirper une feuille de papier noircie par un dessin.

- Donne-le au gosse quand tu le reverra, ou à son père.

Kerian me tend un sublime dessin de rose, la même que celle ancrée sur son avant bras. Je n'en reviens pas, je ne peux pas croire qu'il ait réellement fait ce dessin à Henry !

- Tu l'as fait ? Je n'en reviens pas !

Je bondis du lit, me postant face à son imposant corps uniquement vêtu d'un caleçon. Je ne peux m'empêcher de glousser en le voyant me reluquer de haut en bas à la seconde ou je me trouve face au blondinet, mon corps uniquement couvert par un long tee-shirt lui appartenant. Ce désir dans son regard m'avait également tant manqué. J'aurais payé cher pour le revoir chez Leo lorsque j'ôtais mes vêtements, ça n'est jamais arrivé, et retrouver Kerian après toutes ces années semble faire ressortir comme à leur paroxysme tous les défauts de cette relation avec le grand brun.

- Je lui avait promis.

- Monsieur Kerian Duchemin respecte ses promesses ? C'est une première.

Bien que j'ai prononcé cette phrase sur un ton purement ironique, une certaine froideur dans ma voix semble faire comprendre à Kerian que ceci ne s'avère pas seulement être une plaisanterie.

- En ce moment j'essaye ce nouveau truc qu'on appelle sincérité, il parait que ça peut s'avérer bénéfique.

Tout en prononçant ces mots, ce dernier empoigne mes hanches, me rapprochant de lui autant qu'il est possible de le faire. Mon corps frais est collé à sa chaire brûlante, si brûlante que toute cette chaleur semble me transpercer de plein fouet, enveloppant mon corps d'un impressionnant halo bouillonnant.

- Et si j'acceptais ta proposition d'avant-hier soir, comment est-ce que tu occuperai ma journée pour me convaincre que je ne suis pas en train de faire une grosse erreur ?

- Suis-moi et tu verras, je vais te faire passer une journée si incroyable que tu douteras toi-même d'avoir déjà passé tant de temps ici.

- Tu es très sûr de toi !

- Je suis un petit con égocentrique et bien trop confiant, tu te souvient ?

J'explose de rire en suivant du regard Kerian, se couvrant d'un jean noir assorti à un tee-shirt de même couleur. Et une fois son manteau enfilé, il me conduit jusqu'à mon appartement ou je prends le temps de me changer.

Après être sortis de l'appartement, le beau blond, incroyablement sûr de lui nous conduit jusqu'à Central Park. Je saute de joie en comprenant que ce dernier m'a emmené patiner, j'ai beau être ici depuis quelques années, je n'en ai jamais eu l'occasion. Si bien qu'une fois les patins chaussés, il m'est affreusement difficile de me tracter jusqu'à la patinoire. M'élançant sur la glace tout en serrant la main du beau blond à ma gauche, je ne peux qu'être impressionné par sa dextérité monstre. Manquant de m'affaler sur le sol de la patinoire une bonne dizaine de fois, la glace a finalement raison de moi au bout de la onzième. Et, attirant Kerian dans ma chute, nous nous retrouvons bientôt les quatre fers en l'air, riant aux larmes tandis que nous tentons d'esquiver les patins de toutes ces personnes s'en donnant à cœur joie sur la bien connue Wollman Rink.
Nous arrêtons le massacre au bout d'une bonne heure de patinage sous le froid New-new-yorkais et abandonnons nos patins pour les troquer contre deux grandes tasses de chocolat chaud. J'ai la vague impression d'être une gamine visitant New-York pour la première fois, une adolescente et son petit-ami visitant la grosse pomme sous ce froid glaçant, et plus les heures passent en sa compagnie, plus j'ai l'impression de me retrouver sept ans plus tôt, lorsque ce dernier m'avait promis ce voyage en sa compagnie. Près de lui, j'ai la brève impression de redécouvrir la ville dans laquelle je vis désormais. Et après avoir longuement flâné le long de Times Square, prenant une quantité innombrables de photos tel de vulgaires touristes, Kerian s'est décidé à m'emmener voir un match des Knicks de New-York contre les Heat de Miami. L'ambiance incroyable régnant lors de ce match de basket m'a fait regretter de ne pas y avoir assisté plus tôt. Une certaine fierté personnelle nous a même transpercé lors du coup de sifflet final, annonçant les Knicks perdant à cent-quatorze contre cent-vingt-neuf points ! Après ce match, le blondinet m'a conduit jusqu'au Rockefeller Center ou nous avons pu, avec amusement, rejouer la scène du film maman j'ai encore raté l'avion !
Flânant ensuite le long du pont de Brooklyn nous n'avons pas vu la nuit tomber, et le soleil s'est intégralement couché lorsque nous arrivons enfin devant l'Empire State Building. Je n'ai jamais eu l'occasion d'observer la sublime vue de l'édifice de nuit, et je ne peux pas croire que Kerian termine cette journée avec un lieu si sublime. Tous mes rêves semblent se réaliser aujourd'hui, et tout ça grâce à Kerian.

- Cette journée te plaît ? souffle-t-il à mon oreille tandis que l'ascenseur atteint enfin le quatre-vingt-sixième étage.

- C'est incroyable, Kerian. Comment est-ce que tu as pu organiser tout ça en si peu de temps ?

Il glisse sa main dans la mienne alors que nous pouvons enfin nous poster devant les incroyables fenêtres livrant une parfaite vue de la ville. Toutes ces lumières se répercutant divinement à l'intérieur de la pièce semblent me pénétrer de plein fouet pour envelopper tout mon corps d'une impressionnante chaleur.

- A la seconde ou je t'ai offert ce cadeau de Noël j'ai décidé de faire une liste, les lieux que tu rêverai de visiter. J'ai gardé cette liste dans mon portefeuille depuis toutes ces années. On ne sait jamais, au cas ou le destin me remette subitement sur le chemin de celle que j'aime.

Mon cœur est, à cet instant précis, si empli de joie qu'il pourrait exploser à tout moment. Les yeux luisants de Kerian rivés sur moi semblent m'ensorceler, comme s'il m'était tout bonnement impossible de m'en détourner. Comme si ses impressionnants yeux émeraudes sommaient à mes lèvres de s'en aller s'écraser contre les siennes. Et je semble tout bonnement assujettie à ce regard, à cette lueur envoûtante parvenant même à ralentir brusquement les battements de mon cœur. Et c'est finalement sans lutter face à cette force émanant incroyablement de son être, que mes lèvres s'en vont se déposer contre les siennes, alimentant mon corps de petit papillons bourdonnant agréablement contre mon estomac.

Soulmate - Tome 3Where stories live. Discover now