Chapitre 65

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Holly

J'aide Rachel à porter ses lourdes valises jusqu'à l'extérieur de l'aéroport sans réellement prendre conscience que je ne reviendrai plus ici avant un bout de temps. Je n'arrive pas vraiment à savoir si New-York va me manquer. Après tout, j'ai adoré la folle ambiance nocturne des quartiers new-yorkais, les flocons de neige hivernaux ainsi que l'éternelle bonne ambiance entre collègues régnant au Times. A vrai dire, je crois même que le comportement enfantin de Cherry me manquera ! Mais en réalité, c'est bel et bien cette colocation avec Rachel que je vais le plus regretter ici. Et bien qu'elle ai bondit de joie en apprenant la nouvelle de cette opportunité de travail à Miami, je ne peux me retirer de la tête le fait qu'elle ait sûrement fait ça dans le but que je ne distingue pas chez elle une certaine tristesse.

- L'appartement que je dois visiter est adorable, tu verras !

Je ris, elle cache visiblement affreusement bien son jeu !
Rejoignant Rebecca jusqu'à sa voiture, je hisse nos quelques valises dans le coffre avant de me glisser à l'intérieur de la voiture, plus que ravie de revoir la femme de mon patron. Je ne sais pas vraiment si je peux considérer Rebecca comme une amie, mais après tout, elle m'a aidé et soutenu sur tant de choses, acceptant même de me loger le soir du réveillon. J'ai définitivement une dette envers elle !

- Je veux tout savoir ! Glousse-t-elle en démarrant.

- Il m'a fait sa demande. Kerian et moi allons nous marier !

Elle freine brutalement, faisant pousser un petit cri suraiguë à ma meilleure-amie.

- Ouais, moi aussi ça m'a fait un choc ! Se marre-t-elle d'ailleurs.

- Comment ? Pourquoi ?

- J'ai eu un accident en sortant de chez toi. Une voiture... m'aurait percuté, peu importe, je me suis réveillée à l'hôpital et... il était là.

- A l'hôpital ? Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas appelé ?

- Je... je n'en sais rien. Je vous avait déjà assez dérangé. D'ailleurs, je t'ai ramené ta veste, elle n'a rien.

Rebecca pouffe de rire.

- Tu viens de me dire que tu as eu un accident en sortant de chez nous et que tu as fini à l'hôpital et toi... toi tu me parles de ma veste ! Je comprends pourquoi Ian a décidé de te prendre sous son aile !

- Ah oui ? Pourquoi ?

- Parce-que tu es mon portrait craché !

Le portrait craché de Rebecca ? C'est impossible, jamais je ne pourrais ressembler à une telle âme si douce et aimante. La sublime blonde à ma gauche est un ange tombé du ciel tandis que je n'en suis qu'une piètre réplique indécise et candide.

- Trêve de discussion si sérieuse ! Le fait est que ma meilleure-amie se tire pour vivre avec mon imbécile de frère. Et je ne m'en doutait pas le moins du monde. Sérieux, je lui en veux sacrément qu'il ait tenu au courant Jil et Sandy mais pas sa propre sœur !

- Il ne te l'a pas dit parce qu'il savait pertinemment que tu ferais une gaffe, Rachel !

Nous gloussons toutes les trois tandis que Rebecca accélère un poil.

- J'aurai pu y mettre ma main à couper, souffle d'ailleurs cette dernière.

- Il faut dire que Ian avait tout prévu dès le premier jour !

Cette idée me fait rire. Je n'arrive toujours pas à me mette en tête que ce n'est autre que mon patron qui a causé ses retrouvailles ! S'il n'y avait pas mis son grain de sel, peut-être que, Kerian tout comme moi, continuerions de vivre tout en prétendant avoir trouvé le bonheur. Je me serais peut-être fiancée à Leo tout en continuant de réprimer les sentiments pour Kerian me hantant encore.

En arrivant enfin chez les Davis, le petit Henry accourt dans mes bras, fou de joie. Sa petite chemise hawaïenne accompagné de son adorable short bleu me font fondre. C'est drôle, il semble avoir grandi depuis la dernière fois.

- Holly ! T'as vu, je suis habillé comme à Miami ! Je vais bientôt à la mer !

Son ton plus enjoué fait d'autant plus fondre mon petit cœur. Il est évident que le climat risque de bien plus lui plaire que celui de New-York !

- Tu sais quoi ? Je connais une superbe boutique ou ils vendent d'énormes bouées gonflables, je t'y emmènerai un jour !

En quittant mes bras, il se met à hurler de joie tout en courant de part et d'autre du couloir. Je ne peux m'empêcher d'exploser de rire.

- J'ai un cadeau pour toi Henry.

- Ah oui ? Qu'est-ce que c'est ?

J'extirpe de mon sac à main une petite pile de dessins confiée par Kerian avant mon départ. Cette attention venant du beau blond m'a touché en plein cœur. A vrai dire, j'ignorai même qu'il se souvienne de la promesse qu'il avait fait au petit Henry !

- Kerian m'a donné ça pour toi. Ce sont des dessins. Il y a la rose que tu voulais et quelques autres. Tu dois en prendre bien soin, Kerian y tient !

- Waouh ! S'égosille-t-il en se saisissant des dessins qu'il se met à épier un à un.

Le voir analyser chacun des dessins avec un œil presque sûr me fait rire. Peut-être que, sans le savoir, Kerian vient d'éveiller en ce petit bonhomme une vocation de tatoueur !

- Qu'est-ce qu'on dit, Henry ? Gronde Rebecca.

- Merci ! Merci Holly, et... Kerian, tu lui diras, hein ?

- Bien-sûr, dès que je l'aurai au téléphone.

Encore une fois, il sautille de joie, accourant jusqu'à sa chambre, les dessins à la main, manquant de percuter monsieur Davis au passage.

- Holly ! Je suis heureux de te voir. Et... tu dois être Rachel.

Mon amie serre la main de mon patron, un large sourire aux lèvres avant de se tourner vers moi arborant une mine ravie. Je dois me retenir pour ne pas laisser échapper un ricanement, je connais sans doute mieux Rachel qu'elle ne se connaît elle-même, et je peux voir que mon patron ne la laisse pas insensible. Autrement dit, il ne serait pas marié, elle aurait sans doute sauté sur l'occasion de le séduire !

- Merci de nous avoir invité ce midi !

- Aucun soucis, suis-moi dans mon bureau. Il faut que nous parlions du job.

Ainsi, je suis mon patron jusqu'à l'imposante pièce faisant office de bureau. Quelques affaire semblent d'ors et déjà empaquetées dans d'imposants cartons jonchant le sol. J'imagine qu'ils doivent avoir hâte de quitter New-York !
Tandis qu'il me fait asseoir, monsieur Davis aborde les rouages de l'entreprise tout en m'assurant que ma place serait bel et bien garantie. Et après m'avoir donné les quelques instructions ainsi que les ficelles du métier, ce dernier s'attaque au sujet du salaire ainsi qu'aux horaires visiblement semblables à celles auxquels je m'étais habituée au Times.
J'ai l'impression d'être dans un rêve, un rêve complètement fou dans lequel je parviens à réussir tout ce que j'entreprends, un rêve utopique dans lequel déception, tristesse et colère semblent s'être évaporés. Tout ça est surréaliste. En moins d'un mois je suis parvenue à me fiancer avec l'être que je haïssais le plus sur terre, être mutée à Miami et pour finir, à approcher une maison d'édition. Et si tout s'écroulait du jour au lendemain ? Si tout ce bonheur, cet excès de chance venait à voler en éclat en moins de deux ? Mais je ne veux pas y penser, je ne veux pas penser à demain et encore moins au retour de bâton de ce violent bonheur me percutant soudainement sans prévenir. Tout ce que je veux, c'est profiter, profiter de ma chance ; la chance de pouvoir tout reconstruire comme si jamais la moindre once de malheur n'avait daigné m'effleurer.

Soulmate - Tome 3Onde histórias criam vida. Descubra agora