Chapitre 21

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Holly

La mine renfrognée de monsieur Davis alors que j'arrive devant son bureau ne me plaît pas. Et s'il avait changé d'avis vis-à-vis de moi ? S'il pensait que je n'étais plus à la hauteur de cet article ? Mon cœur s'emballe, ce dernier retrouve cependant un allure à peu près normale en voyant l'homme au cheveux bruns bougeant ses lèvres, puis mon regard est rapidement attiré par l'oreillette qu'il porte. Il est au téléphone. Je souffle intérieurement. En revanche, mon regard ne peut quitter la grande chaise face à son bureau, elle semble bouger toute seule, comme si un enfant était assis dessus. Le dossier couvrant complètement la chaise ne me permet malheureusement pas d'avoir une réponse à mon hypothèse.

— Entrez, Holly, souffle-t-il à travers la porte.

Sa mine ne s'est pas radoucit, il semble ennuyé par quelque-chose.

— Vous souhaitiez me voir, monsieur ?

Alors que j'ouvre la porte pour rejoindre seconde chaise face au bureau de mon supérieur, la première se retourne dans un horrible grincement, laissant apparaître un adorable blondinet au yeux d'un sublime bleu azur. Sa coupe au bol lui apporte un adorable côté enfantin tandis que je dois me retenir pour ne pas exploser de rire à la vue de son pull de Noël. Je ne lui donne pas plus de sept ans.

— Tu es la fille de la photo !

  L'enfant affiche un large sourire, affichant quelques dents manquant à l'appel. Il est adorable. Sa réplique me reste cependant en tête, de quelle photo est-ce que cet enfant peut-il bien pouvoir parler ?

— Henry, je t'en prie.

  Monsieur Davis m'autorise à m'asseoir tandis qu'il tapote machinalement sa bague de fiançailles.

— Holly, j'aurai besoin de votre article ce soir. Vous pensez être en mesure de me le rendre ?

  Son ton agacé me prend aux tripes.

— Oui... bien-sûr, il me reste à faire quelques corrections et...

— Bien. Je suis fier de vous.

  Son compliment semble plus faux que jamais. Mais qu'est-ce qu'il peut bien lui arriver ? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire de mal ?

— Monsieur ? Excusez mon indiscrétion mais... tout va bien ?

  Il se laisse tomber sur le dossier de son siège tandis que le petit garçon ne me quitte pas des yeux, il semble absorbé par mon visage.

— Papa, je te dis que c'est elle.

— Ma femme et moi devions fêter notre anniversaire de mariage ce soir mais notre baby-sitter vient tout juste de nous faire faux-bons. La grippe.

  Il lance un regard noir à son fils alors que le petit blondinet bondit de la chaise pour courir dans les bras de son père. La mine renfrogné de l'homme semble s'apaiser à la seconde où son fils saute sur ses genoux pour finalement le prendre dans ses bras. Qu'est-ce qu'ils peuvent être adorable, et la ressemblance entre monsieur Davis et le petit Henry est stupéfiante.

— Je suis vraiment désolée.

— Vous ne connaîtriez pas une jeune femme ou un jeune homme libre ce soir ? Vous me sauveriez la vie mademoiselle Jensen !

  J'hésite un moment, jouant machinalement avec une mèche de mes longs cheveux tout en observant l'adorable minois du petit garçon.

— Je n'ai rien de prévu ce soir. Je veux dire... si vous avez vraiment besoin d'une baby-sitter...

— Vous êtes un ange tombé du ciel Holly !

  Il frictionne la chevelure de son fils tout en s'esclaffant. Le voir si joyeux empli mon cœur de joie. Je donnerai cher pour être si heureuse de passer la soirée avec la personne partageant ma vie, ressentir cette même joie à la simple idée de passer du temps avec ma moitié.

— C'est l'amoureuse du monsieur tatouer qui va me garder, papa ?

  Monsieur Davis déglutit tandis que je manque de m'étouffer. Le monsieur tatouer ? Il ne peut faire référence qu'à Kerian. C'est évident. Alors comment ce petit bonhomme peut-il bien connaître mon ex petit-ami ?

— Henry, souffle son père.

— J'ai pris une photo avec lui dans l'avion, le monsieur tatoué de l'émission. Il m'a montré une photo avec son ancienne amoureuse. Et c'était toi !

  Le petit à la coupe au bol me pointe du doigt, un large sourire aux lèvres. Je ne peux pas y croire, alors Kerian a gardé une photo de nous deux ? Mon cœur s'emballe et je dois me retenir pour ne pas laisser une larme perler le long de ma joue. Un torrent de sentiment semble me heurter de plein fouet.

— Henry, qu'est-ce que tu dirais d'aller te chercher des bonbons au distributeur ?

  Le petit bondit de joie tandis que son père lui tend une poignée de billets. Et une fois le petit blond sorti du bureau, je me laisse à mon tour tomber sur le dossier de ma chaise. Je ne parviens plus à y voir clair, alors Kerian ne mentait pas, il n'a réellement jamais réussi à passer à autre chose, sinon pourquoi est-ce qu'il aurait cette photo près de lui ? Pourquoi est-ce qu'il l'a montrerai à des inconnus dans un avion ? Je dois réfréner ma soudaine envie de lui passer un coup de téléphone pour finalement le rejoindre, je ne peux pas, c'est bien trop tôt.

— Je vois que ce cher garçon ne vous a pas totalement oublié, Holly.

— Je le remarque un peu plus de jour en jour.

— Vous savez, parfois deux personnes sont vouées à se revoir. Parfois le destin vous rassemble pour une raison bien précise.

  La mine agacée de monsieur Davis a laissé place à un large sourire. Il ne peut pas comparer son histoire avec la mienne, ça n'a rien à voir. Kerian n'a fait que me mentir depuis le début de notre relation et il m'est impossible de passer une nouvelle fois l'éponge, je ne peux pas effacer toute cette souffrance d'un revers de main, pas avec de simples excuses et quelques larmes.

— C'est bien plus compliqué. Kerian et moi ne faisons que nous détruire depuis le début de cette relation. Ça ne peut plus continuer.

— Tu sais ce que ma femme a toujours dit de l'amour ?

  Je secoue ma tête de gauche à droite, le priant du regard pour qu'il continue.

— Qu'il n'est qu'un somme de deux éléments explosifs ayant autant la capacité de s'autodétruire que de se sauver pour se maintenir en vie. L'amour est une fine limite entre la joie et la souffrance, un infime entre-deux que seuls deux âmes-sœurs sont capable de maîtriser.

  Ses mots résonnent comme un écho dans mon cerveau tandis que je ne peux m'empêcher de me repasser en boucle toute mon histoire avec Kerian. Je ne peux m'empêcher de me repasser mentalement tous nos moments de joie, de rire et de bonheur, tous nos moments de colère, de disputes et de haine. A cette époque, nous nous détestions autant que nous nous aimions, je le détestais de m'avoir fait tomber sous son charme tout en aimant ce que je devenais près de lui. Alors c'est peut-être ça, notre juste milieu, notre infime entre-deux.

Soulmate - Tome 3Where stories live. Discover now