Soulmate - Tome 3

Chapitre 22

Kerian

En sortant du taxi pour rejoindre l'aéroport, une putain de haine persiste en moi. En sortant de chez Holly je ne suis parvenu à faire qu'une chose : rentrer dans ce foutu hôtel pour faire mes valises et pouvoir enfin me tirer d'ici. Je ne supporterais pas de voir une seconde de plus de connard au bras d'Holly, j'ai bien failli le buter ce matin et au fond de moi je regrette de ne pas l'avoir fait, j'en aurais été débarrassé une bonne fois pour toute. Putain, je n'aurais jamais dû revenir ici, ou me tirer à la seconde où je l'ai revu. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que j'agisse comme un foutu faible dès lors qu'elle se trouve dans les parages ?
Ma main sert si fortement la lanière de mon épais sac cabine que je prie intérieurement pour ne pas la réduire en miettes. J'ai un insoutenable besoin d'enfoncer mon poing dans quelque-chose, la gueule de ce con de Leo serait la meilleure alternative, et sûrement celle qui me canaliserait le plus. Comment est-ce qu'elle a pu me faire ça ? Putain, comment est-ce qu'elle a bien pu donner sa chance à ce connard d'opportuniste. Il l'a dit lui-même; il a toujours attendu que je parte pour sauter sur elle et ainsi se l'approprier. Je ne peux pas croire qu'Holly se soit fait berner si facilement. Tout ce qui l'a toujours intéressé était de me la voler, s'emparer du cœur d'Holly et qu'elle me déteste par la même occasion. Cette petite merde n'est jamais parvenu à le faire en ma présence et il lui a fallu attendre mon départ pour avoir les couilles de le faire, je le hais d'autant plus d'avoir attendu que je me casse; et je me hais par la même occasion d'avoir laissé cette relation se former. J'aurais dû être là, j'aurais dû la protéger de ce connard et rester à ses côtés, quitte à repousser mon rêve parisien de quelques années.

— Kerian, attend.

Une voix aiguë m'arrête alors que je m'apprête à donner mon passeport à la femme face à moi. Je fais volte-face, tombant nez à nez avec une Rachel à bout de souffle.

— Je me tire, je ne resterai pas ici avec ce connard dans le coin.

— S'il te plaît, tu n'es là que depuis quelques jours, je t'en prie, Kerian.

Mon air résigné la fait grogner. Sa main jolie ment manucurée se saisit de mon bras avant de m'extirper de la file avec une force inhumaine. J'ignorais que ma frangine avait tant de force !

— Et puis quoi encore, je vais dîner avec toi, Holly et ce connard au restaurant, on parlera du bon vieux temps ! Tu sais le temps où je cassais la gueule de ce connard une fois par semaine. Ça me manque, peut-être qu'à lui aussi. Je peux retourner lui demander si...

— Ferme-là, Kerian.

Son beuglement fait se retourner quelques personnes toujours dans la file d'attente.

— Tu n'es qu'un con. A quoi est-ce que tu t'attendais ? A ce qu'elle t'attendre bien sagement ?

— Je ne m'attendais pas à ce que cette petite merde prenne ma place.

Elle glousse.

— Tu penses vraiment qu'il a pris ta place ?

— C'est lui qui passe ses nuits avec elle maintenant. Ce connard a pris ma place et Holly l'a laissé faire.

— Qu'est-ce que tu peux être borné, siffle-t-elle.

Il faut que je fasse volte-face, que je me tire avant qu'elle ne parvienne à me convaincre de rester. Je ne resterai pas ici, pas avec Leo dans le coin, pas si je dois croiser Holly accompagnée de ce connard. Elle mérite mieux, elle mérite un type qui sache ce qu'elle vaut vraiment, un type ayant la capacité de l'évaluer à sa juste valeur; pas un putain de connard incapable de faire jouir sa meuf.