Chapitre 17

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Kerian

Je n'arrive pas à le croire, pourquoi est-ce qu'elle a bien pu accepter d'entrer ? Putain, il ne faut surtout pas que je déconne. Et puis d'ailleurs, qu'est-ce que je compte faire maintenant qu'elle est entrée ? Discuter avec elle comme si de rien n'était ? Je ne suis de toute évidence pas en état d'avoir une conversation sérieuse, et elle le sait. J'ai l'impression que le contact de nos deux mains l'a complètement bouleversée. Je revois encore toute la souffrance dans son regard lorsqu'elle a enlacée sa main dans la mienne. Pourquoi cette soudaine proximité ? Putain, il faut vraiment que j'arrête de me poser tant de question, voilà que je commence à lui ressembler !

— Merci de m'avoir ramené.

Je me laisse tomber sur mon pieu sans pour autant la quitter des yeux. Son petit legging moulant ainsi que son sweat-shirt oversize lui vont à la perfection. Putain, elle est divine dedans. Je pourrais admirer des heures ses petites fesses rebondies à l'intérieur de ce legging rouge.

— L'habitude.

— Quoi ?

— J'ai bien dû aller te chercher une bonne dizaine de fois dans ce bar, à Miami ! C'était un réflexe.

Même si elle tente tout son possible pour que sa voix paraisse naturelle, je la sens tremblante. En fait, je peux sentir qu'elle pourrait s'effondrer à tout moment. Je n'ai aucune envie de la faire chialer encore une fois. J'ai été con ce matin et je m'en veux terriblement.

— Désolé pour ce matin.

— Je sais ce que tu essayais de faire.

— Je sais. Tu me connais mieux que n'importe qui.

Elle ferme les yeux et là, ses jambes se mettent à trembler. C'est mauvais signe. Putain, pourquoi est-ce que je l'ai ramené ici ? Pourquoi est-ce que je l'ai appelé ? Elle aurait dû ignorer mon appel ou bien me laisser devant l'hôtel. Qu'est-ce que je peux être con.

— C'est aussi ce que je croyais. J'ignorais qu'un jour tu partirais sans prévenir. Il faut croire que je te connaissais moins bien que ce que je ne croyais !

Son faux ton enjoué me blesse. Pourquoi est-ce qu'elle essaye encore d'agir comme si elle n'était pas blessée ? Je déteste cette nouvelle facette d'Holly. Je déteste la voir cacher ses sentiments alors que je peux lire en elle comme dans un livre ouvert.

— Ça aurait été trop dur que tu m'accompagnes là-bas.

— Alors tu t'es dit qu'une lettre suffirait à amenuiser la tristesse ? C'est... stupide !

J'ignore pourquoi mais avoir cette discussion me fait du bien. Je l'ai toujours appréhendé, je me suis toujours dis que je resterai muet sur le sujet. Et j'ignore pourquoi ce soir mon cerveau en décide autrement. Je mettrais ça sur le compte de l'alcool !

— Je sais. Et je l'ai regretté à la seconde où j'ai pris l'avion. Mais c'était trop tard. J'ai voulu revenir, je te le jure, et puis quand Owen m'a raconté ce que tu vivais à cause de moi, j'ai pas osé. J'avais honte et je me suis promis de ne plus revenir. Pas pour te voir souffrir.

— Tu sais ce qui me réconforte ? C'est de savoir que même les promesses faites à toi même, tu te débrouilles pour ne pas les respecter.

Je bondis du lit en la voyant quitter la pièce. Ma main agrippe son avant bras si violemment que, l'espace d'un instant, j'ai envie de m'en mettre une. Putain de merde, pourquoi est-ce que je me comporte comme ça ? Je devrais la laisser s'en aller, je devrais lui laisser la chance de se reconstruire. Putain, qu'est-ce que je peux être égoïste. Je tire à nouveau Holly jusqu'à l'intérieur de la chambre avant de fermer la porte et me planter devant. Quitte à être égoïste, autant l'être jusqu'au bout. Son bras rougit par la force de ma poigne me déchire le cœur. J'aurais dû y aller plus doucement. Mais elle ne semble pas le moins du monde effarée par ma réaction. Je dois être sacrément prévisible.

— Reste.

— Pourquoi ? Pour que tu continues à me balancer des saloperies à la figure en attendant que je réagisse ? J'en ai assez, Kerian. Je veux rentrer.

— Et moi je veux que tu restes avec moi. Putain, Holly, je suis désolé.

Elle fait deux grands pas en arrière lorsque je tente de me rapprocher d'elle. Et encore une fois, mon cœur saigne. Je le mérite. Je mérite cette réaction de sa part, et je m'y attendais. Mais je ne pensais pas que ce serait si douloureux de la voir à nouveau m'échapper.

— Je te déteste, Kerian. Je te hais plus que tout au monde, sanglote-t-elle.

Ses paroles sonnent faux. Je vois bien que prononcer ces mots la blesse au plus profond d'elle-même.

— C'est faux, Holly. Tu le sais autant que moi.

— Je devrais. Je devrais de détester après tout ce que tu m'as fait. Tu n'es qu'un horrible menteur. Un immonde...

— Mais tu n'y arrive pas.

Ses yeux sont désormais bordés de larmes et je sens une certaine fureur monter en elle.

— Tu sais pourquoi tu n'arrives pas à me détester ?

Qu'est-ce que je suis en train de déblatérer ? Je n'ai aucune putain d'idée de ce que je m'apprête à dire.

— Parce que tu es amoureuse de moi, Holly. Tu pourras faire mine de me détester tant que tu veux, tu pourras sortir avec n'importe quel autre connard et prétendre être heureuse dans ta putain de vie bien rangée ; la vérité, c'est que tu ne le seras jamais complètement. Pas sans moi. Il y aura toujours un putain de trou, un vide dans ton cœur. Et tu peux le nier tant que tu veux, mais tu sais pertinemment que je suis la seule personne à pouvoir le recouvrir.

Les larmes coulent désormais à flots sur son sublime visage. Elle est si belle, comment quelqu'un peut-il être si magnifique tout en pleurant ? Comment est-ce qu'Holly peut bien parvenir à garder ce petit côté féroce alors que ses joues sont trempées de larmes ?

— Et tu sais pourquoi j'en suis si sûre, Holly ? Parce que toi et moi, on est pareils.

  Elle ne répond pas. Dans un moment d'assurance, je daigne enfin m'approcher d'elle et voyant que cette dernier ne me repousse pas, j'attrape ses frêles épaules pour la rapprocher de moi et ainsi la serrer contre mon corps brûlant. Sentir son corps près du mien me procure un bien fou, comme si je retrouvais peu à peu mon souffle. Serrer son adorable corps contre le mien m'avait manqué et je suis tout bonnement comblé en me rendant compte que cette dernière ne rechigne pas. Si seulement je pouvais arrêter le temps je voudrais que ce moment dure pour l'éternité. Sentir sa chaleur corporelle gagner la mienne, pouvoir à nouveau humer son doux parfum fruité, caresser sa douce chevelure. J'ai attendu ce moment durant si longtemps que je suis tout bonnement effrayé à l'idée de tout gâcher encore une fois. Mais pour le moment, l'éternité semble nous appartenir, le temps semble s'arrêter et mon cœur se ravive un peu plus en entendant ses pleurs s'amenuiser et en sentant mon sublime ange s'apaiser.

Soulmate - Tome 3Where stories live. Discover now