Chapitre 56

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Kerian

Une très bonne idée ? Son putain de ton ironique ne me plaît pas, mais je me calme en sentant la main d'Holly se contracter. Elle veut que je me calme. Putain, comment est-ce qu'elle peut bien faire pour toujours voir le bon chez les autre ? Je suis sûr que ce type lui faisait du rentre dedans, c'est évident, sinon il aurait appelé une putain d'infirmière pour l'aider à prendre cette douche.

- On va aller à la douche, je grogne de manière insistante.

Mon unique but est de le faire se casser. Sa petite reflexion sur la foutue porte de la chambre de ce connard de chauffard ne m'as pas plu. J'ai mis une bonne heure pour que cette abominable secrétaire ne crache enfin le morceau, et me rendre compte que le type au volant n'était qu'un petit merdeux n'ayant même pas le permis m'a mis en rogne. Je n'ai plus l'âge pour ces conneries, mais je dois bien avouer que de filer un bon poing dans la gueule de cet abruti de dix-sept ans m'a fait un bien fou, un soulagement qui semble s'être répercuté sur la porte !
Le médecin quitte enfin la pièce, riant à gorge déployée.

- Ce n'est qu'un médecin, Kerian !

Sa mine amusée me soulage à moitié, son sourire m'avait manqué.

- Ce type te draguait !

Elle se met à rire tout en se redressant.

- J'ai vraiment besoin d'une douche, alors aide moi s'il te plaît.

Je n'y crois pas, le dégoût que je pouvais distinguer dans son regard la veille semble avoir tout bonnement disparu, elle semble même désormais heureuse de me voir là, auprès d'elle. Peut-être que mon éternelle humeur changeante semble enfin se répercuter sur elle !
Contournant le lit pour enfin l'aider à marcher jusqu'à la salle de bain, je ne parviens pas à détourner mon regard de sa lèvre fendue et des bleus parsemant son sublime visage. J'ai toujours détesté la voir dans un tel état, j'ai toujours détesté voir son si beau visage couvert de pareilles balafres.
En atteignant enfin la salle de bain, j'assied le frêle corps d'Holly sous la douche.

- Il faut que tu me retires mes vêtements.

Je dois cacher une certaine once d'amusement à l'entente de sa voix presque suppliante. Je dois me retenir, je ne peux pas lui sauter dessus au beau milieu d'un hôpital. Putain, j'avais oublié ce problème qu'Holly et moi avions pour les salles de bains !
Retirant son affreuse blouse, je dois détourner mon regard de son sublime corps pour ne pas me laisser aller à mes pulsions. Mais la vue du bleu béant couvrant son bassin ainsi que le haut de sa cuisse, tout désir sexuel s'évapore pour laisser place à une insoutenable colère. Putain, si je ne l'avais pas laissé repartir à New-York tout ça ne serait jamais arrivé.

- Merci, murmure-t-elle tandis que son visage vire au cramoisie.

- Pour quoi ? La douche ou m'être pointé ici ?

- Les deux. Pourquoi est-ce que tu es venu ? Je veux dire... avant de savoir pour l'accident ?

J'allume l'eau de la douche, m'accroupissant face à la blondinette face à moi tout en lui tendant la pomme de douche.

- Pour te ramener à Miami. C'était à moi de partir, pas à toi, pas alors que tu t'apprêtes à devenir tata.

Elle glousse.

- Owen te l'a dit ?

- En fait, c'est Maddie.

Alors qu'elle passe sa tête sous l'eau, ses lèvres semblent m'appeler. Non, je ne peux pas, c'est loin d'être le bon moment, mais avant que je n'ai le temps de suivre cette idée, mes lèvres s'écrasent contre les siennes. J'ai l'impression de les redécouvrir, comme si je n'avais pas eu le plaisir de les effleurer durant bien trop longtemps. C'est peut-être le cas, bien que notre dernier baiser ne date que de deux jours, j'ai l'impression que cela remonte à une éternité. C'est peut-être lié au fait qu'elle se trouve assise dans cette cabine de douche, nue face à moi !
  Bien que nos lèvres demeurent collées, je n'ose pas déposer mes mains sur son corps dénudé de peur de la blesser un peu plus. Et à la seconde où je trouve enfin la force de décoller mes lèvres des siennes, je remarque son état d'essoufflement. L'intégralité de son corps tremble tandis que ses yeux demeurent fermés. Putain, qu'est-ce que je viens de faire ?

- Je... je suis désolé.

  Ses yeux sont suppliants à la seconde où elle les ouvrent de nouveau. Mais qu'est-ce qu'elle attend de moi ?

- Je vais me tirer, je reviendrai demain pour te ramener chez toi, je...

- Non...

- Quoi ?

- Reste. Je... je crois que j'ai envie que tu restes.

  Je n'y crois pas. Je dois être en train de rêver, je dois être au beau milieu d'un putain de rêve. La bipolarité semble l'avoir bien plus consommé que ce que je ne pensais ! Elle devrait me détester, elle devrait me haïr tandis que je ferais tout pour qu'elle m'accorde une énième chance. Les choses ne sont pas censées se dérouler si facilement. Je parviens encore à revoir le dégoût dans son regard à la seconde où je lui ai raconté la vérité, à la seconde où elle a appris pour Luna et moi, et il est impossible que tout ce dégoût ait été si vite balayé de son esprit. Ce doit être le choc, je ne vois rien d'autre, et à la seconde où elle recouvrera ses esprit, alors elle me haïra de nouveau. C'est évident !

- T'as eu un gros choc, Holly. Tu n'as aucune envie que je sois là, t'aurais dû... me repousser quand je t'ai embrassé.

- Je ne l'ai pas fait.

  Elle se relève difficilement avant que je ne lui tende une serviette dans laquelle elle s'enroule rapidement. Enroulée dans cette serviette blanche, ses longs cheveux blonds ébouriffés et cette adorable mine enfantine scotchée à son doux minois, elle est le portrait même d'un ange, un ange tombé du ciel. Je pourrais passer des heures à observer la pureté se reflétant en elle, ses sublimes yeux en amande transpercent dangereusement mon être tandis que l'adorable teint rosâtre des ses lèvres semble m'appeler. J'ai beau cherché, je ne parviens pas à trouver un seul défaut à lui assigner ; à cet instant précis, pas même ses quelques balafres ne semblent atténuer sa somptueuse beauté.

- Pourquoi est-ce tu ne m'as pas repoussé ?

- Parce que j'en ai assez de me disputer avec toi. Je veux... je ne sais pas... aller de l'avant. Alors reste. S'il te plaît.

J'acquiesce finalement d'un signe de tête tandis qu'elle couvre de nouveau son corps de cette horrible blouse bleu. Et à la seconde où elle termine d'attacher cette affreuse tenue, sa main se glisse dans la mienne, me conduisant jusqu'à son lit. Sa démarche peu assurée à un certain côté touchant, cette volonté de se débrouiller seule sans mon aide pour atteindre son lit est touchant.

- Prend-moi dans tes bras, s'il te plaît.

Je retire instantanément mes pompes alors qu'elle se glisse sous ses quelques couvertures puis la rejoint quelques secondes plus tard. Ce doit être la pire des idées, je maintiens mon idée que cette étrange réaction provient du choc de l'accident, mais cette idée s'éteint à la seconde où mon corps se glisse enfin contre le sien. Sa tête déposée sur mon torse, je parviens à sentir sa douce respiration par dessus mon teeshirt. J'aimerai la serrer du plus fort que mon corps me le permet, et je l'aurai sûrement fait si elle n'avait pas été blessée, alors je me contente de déposer mon bras gauche sur le sien, caressant son cuir chevelu de ma main droite.
Je voudrais que ce moment ne s'arrête jamais. Je voudrais passer le restant de mes jours allongé auprès d'elle, pouvoir sentir tout le soulagement émaner de son corps, ressentir cet état de plénitude, l'absolue satisfaction de pouvoir la serrer de nouveau dans mes bras. J'aimerais la serrer contre moi comme si je la voyais pour la dernière fois.

- Je t'aime, Kerian. Je t'en prie, ne me mens plus.

Son murmure me prend aux tripes. Je ne la mérite pas, madame Jensen avait raison, je ne l'ai jamais méritée, et pourtant je persiste à avoir l'égoïsme d'y croire, de croire que je pourrais peut-être un jour mériter cette divinité ailée s'offrant à moi. Et cette fois, je ne la laisserai pas s'en aller.
La conversation que j'ai eu avec Jil et Sandy me revient soudainement en mémoire, le fameux compromis que j'avais exigé ! Plus les jours passaient, et plus je me demandais si je pourrais encore avoir le cran d'aller jusqu'au bout de mon idée. Désormais allongé auprès d'Holly, j'en ai la certitude, la certitude que ce que je m'apprête à faire d'ici quelques jours est tout bonnement insensé, fou et invraisemblable ! Mais plus que tout, j'ai l'intime conviction que cela sera meilleure décision que je n'ai jamais eu à prendre. Après ça, Holly et moi pourrons dire au revoir à tous ces problèmes, à tous ces mensonges, toute cette souffrance. Après ça, je pourrais enfin croire, croire en un avenir à peu près normal !

- Je t'aime, Holly Jensen.

Soulmate - Tome 3Onde histórias criam vida. Descubra agora