Chapitre 5

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Holly

  J'ai à peine le temps de troquer mon sublime tailleur bleu pour la robe de cocktail rose que je dois me presser de rejoindre mon chauffeur aux portes de l'imposant immeuble abritant les bureaux du New-York Times.

– Madame Jensen ?

– Mademoiselle !

  Le chauffeur incroyablement propre sur lui exécute un large sourire avant de démarrer. L'homme d'un certain âge me jette un regard dans son rétroviseur. Je peux sentir un regard compatissant se poser sur moi.

– Scoop de dernière minute ?

– On peut dire ça ! On ne vous a pas laissé une... enveloppe ?

– A votre gauche, mademoiselle Jensen !

  Je remercie l'homme avant de me saisir de la petite enveloppe marron sur le siège d'à côté. Elle est bien trop petite pour contenir un dossier complet sur l'homme que je m'apprête à voir.

– Cap sur la cinquantaine huitième! Plaisante-t-il en enfournant une sucette de couleur rouge dans sa bouche.

  La cinquante huitième ? Cette ville est truffée d'hôtels, si bien qu'il m'est impossible de deviner dans lequel je m'apprête à débarquer, je devine cependant que nous nous rendons près de central parc. Un endroit sublime, d'autant plus en hiver, bien-sûr lorsque les touristes n'envahissent pas les quatre coins du parc !
  Je me sens incroyablement mal pour Leo, il semblait tellement déçu que je ne puisse pas l'accompagner tout de suite jusqu'au restaurant. Il se plaint souvent de ne pas assez me voir à son goût, mais à vrai dire, je ne me sens pas prête à emménager avec lui tout de suite. Je veux dire, Leo et moi sommes bien ensemble, mais je ne me vois pas encore poser mes valises dans son appartement et devoir passer jusqu'à la dernière soirée de mon existence avec lui ! Je lui en suis si reconnaissant, il a fait parti, ces dernières années, des personnes les plus présentes pour moi. Et ne pas lui donner tout ce qu'il souhaite me chagrine un peu. Mais c'est plus fort que moi.

— Ian Davis est une personne très intelligente, mademoiselle Jensen.

— Pardon ? Vous le connaissez ?

— C'est un ami de longue date, en effet. Il sait ce qu'il fait.

— Je n'en doute pas.

  L'homme de la cinquantaine affiche un large sourire avant de jeter un œil dans le rétroviseur intérieur.

— Cette robe risque bien de faire tomber parterre la personne que vous vous apprêtez à interviewer !

  Je glousse.

— Merci ! Mais j'ai un petit-ami.

— Excusez ma remarque déplacée alors.

  Il roule silencieusement jusqu'à la destination avant de finalement s'arrêter devant l'hôtel Plaza. Mon cœur s'emballe à la seconde même où le chauffeur met descend de la voiture pour m'ouvrir la portière passager.

— Vous avez besoin d'un taxi pour rentrer ?

— Non. Mon petit-ami viendra me chercher. Merci beaucoup.

— Bien, puis-je vous donner un dernier conseil ?

— Oui ?

— Vous ne devriez pas cacher votre joli visage avec de fausses lunettes de vues.

  Là-dessus, il exécute un large sourire avant de finalement entre à nouveau dans son taxi et démarrer quelques secondes plus tard, le laissant seule, livrée à moi-même devant l'immense hôtel.
  Il me faut dix bonnes minutes avant de finalement trouver le courage d'entrer. Je n'ose même pas lire les questions que je compte poser au tatoueur, mon corps a du mal à bouger et mon cœur, du mal à se calmer. J'ignore si je reste plantée là parce que je suis frigorifiée par le froid ou bien si c'est tout bonnement la peur qui me tétanise, mais je dois me faire violence pour finalement entrer dans le luxueux hôtel.

— Je peux vous aider ?

  La voix portante de la femme derrière le comptoir attire mon regard.

— Je suis ici de la part du New-York Times. J'ai un rendez-vous avec l'un de vos clients.

— Bien, il vous attend dans le restaurent de l'hôtel. Je vais vous montrer le chemin.

  Je suis la femme vêtue d'une robe très chic de couleur beige jusqu'au restaurant de l'hôtel, mes mains tremblent et une boule au ventre me saisit de plein fouet à la seconde où nous entrons dans la salle. La femme n'a pas besoin de m'indiquer la table pour que je devine de laquelle il s'agit, je repère de loin le dos d'un grand blond vêtu d'un teeshirt noir. Ses bras nus laissent entrevoir quelques tatouages.

— Il est là-bas. Bon courage à vous.

  Bon courage ? Pourquoi est-ce qu'elle me souhaite bon courage ? C'est pas vrai, voilà que je deviens paranoïaque maintenant ! Bien décidée à en finir avec cette trouille, je marche d'un pas décidé jusqu'au type et une fois à sa hauteur, je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux d'un sublime vert émeraude manquent de me faire m'effondrer sur le sol. Je reconnaîtrai entre mille la forme en amande de ses yeux, le blond de ses cheveux, ses lèvres pleines et son petit nez légèrement pointu. J'ai du mal à respirer, si bien que je me trouve rapidement dans l'obligation de m'asseoir avant de ne finir étalée sur le sol. Mon cœur semble battre à plus de mille pulsations par minutes et ma gorge se noue. La moindre parcelle de mon corps se met à trembler tandis que je dois me retenir de ne pas fondre en larme au beau milieu du restaurant. Mes yeux peinent même à rester ouverts tant cette scène me paraît irréaliste. C'est impossible, c'est tout bonnement impossible, je vais sûrement me réveiller d'un moment à l'autre. Je ne peux pas être là, face à lui après toutes ces années de silence, après toute cette souffrance, après tout ce qu'il m'a infligé.

— Kerian ?

  Mon murmure le fait frémir tandis que sa bouche s'ouvre à moitié. Je peux voir ses mains trembler et son visage virer au cadavérique. La surprise est également totale pour lui visiblement.

— Holly ?

Soulmate - Tome 3Where stories live. Discover now