Chapitre 33

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Holly

La tempête à l'extérieur de la voiture fait virevolter sur le pare-brise de ma voiture une tonne de neige, rendant la conduite de Kerian affreusement dangereuse. Je suis tout bonnement tétanises, je peux sentir les pneu glisser sur la neige et le verglas et je peux sentir toute la crainte émaner de son corps robuste.

- Je crois qu'on va devoir s'arrêter. Ta voiture ne tiendra pas plus longtemps avec ce temps.

J'acquiesce d'un signe de tête tandis que nous passons tout juste devant le panneau de la ville de Miltown. Kerian n'a pas dû conduire plus d'une heure mais je le sens déjà épuisé. Il faut dire que conduire sous ce temps n'est pas de tout repos.
Le beau blond s'arrête enfin devant un hôtel en plein centre-ville, et je peux de nouveau respirer. Il fronce les sourcils en observant mon corps tremblant puis descend de la voiture pour courir jusqu'à l'intérieur de l'hôtel. Faisant de même, je ne peux m'empêcher d'admirer le calme impressionnant de la rue. Elle est déserte. Il faut dire que peu de personnes seraient prêts à braver cette tempête !

- Deux chambres, grogne Kerian à l'homme face à nous.

J'aurais sûrement assigné un petit coup d'épaule à Kerian, l'obligeant à se comporter de manière plus agréable avec cet inconnu, si cet homme ne m'avait pas lancé un regard tout ce qu'il y a de plus lubrique à la seconde ou je me suis trouvée face à lui.

- Etant donné la période il ne me reste qu'une chambre disponible.

Kerian me lance un regard inquisiteur, comme s'il attendait d'avoir mon approbation pour opter pour cette unique chambre.

- Ça fera l'affaire.

Le large sourire lubrique de l'homme me rappelle vaguement celui de cet horrible Mayers, si bien que l'inconnu rachitique parvient à me donner des frissons.
Ce dernier nous tend la clé avant que Kerian n'agrippe fermement mon bras, me tirant jusqu'à l'ascenseur.

- J'aurais dû casser la gueule à ce connard, grogne-t-il.

- Kerian !

- Quoi, putain, tu n'as pas vu la manière dont ce connard te regardait ?

Au fond de moi, l'excès de jalousie de Kerian me fait presque plaisir ! J'ai toujours aimé voir la manière dont il se comportait avec n'importe qui ayant le malheur de poser les yeux sur moi !
M'approchant doucement de son corps robuste, je me mets à caresser son torse couvert d'un simple tee-shirt. Il doit être gelé. Mais cette simple caresse semble le faire virer au cramoisie, et je dois me faire violence pour ne pas pouffer de rire.

- Et si on profitait juste de cette nuit sans se prendre la tête, je murmure, levant la tête pour pouvoir admirer les adorables yeux du beau blond.

Passant sa langue sur sa lèvre inférieure, j'ai tout le mal du monde à me contenir de lui sauter dessus pour l'embrasser. Nous sortons enfin de l'ascenseur tout en nous dirigeant vers la chambre.

- Ne me tente pas, Jensen.

Sa voix suave me prend aux tripes avant de redescendre agréablement jusqu'à ma fleur.
Et alors que nous entrons enfin dans la chambre, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à la vue du lit ridiculement petit entreposé dans la pièce.

- Je... dormirai sur le fauteuil si tu veux, glousse Kerian tout en pointant du doigt un horrible fauteuil au tissu jaunâtre.

- Non.

- Quoi ?

- Je veux que tu dormes avec moi.

Ma voix semble suppliante, je dois paraître ridicule !

- D'accord.

C'est cependant sa mine faussement inexpressive qui me fait rire. Je sais pertinemment qu'à cet instant précis, il voudrait rire aux éclats tant il est heureux de ce que je viens de lui confier. Et pourtant, le grand blond aux tatouages reste planté là, comme insensible. Visiblement Kerian n'a pas changé, il est toujours un piètre menteur !

- J'ai besoin d'une douche brûlante.

- Et moi de bouffer quelque-chose. Je vais voir ce qu'ils ont dans leur foutu distributeur.

Je laisse Kerian quitter la pièce et file enfin dans la salle de bain. En retirant mes vêtements, je ne peux m'empêcher de serrer entre mes mains mon collier, enfin, celui de Kerian. Je me demande encore pourquoi je n'ai jamais trouvé le courage de le retirer. Peut-être est-ce finalement l'image que j'ai de lui dans ce fichu lit d'hôpital qui m'en a toujours empêché. De longues années ont passées, et pourtant cette image semble rester implantée dans mon crâne. Je peux revoir toutes ces balafres, toutes ces machines autour de lui, les larmes de madame Duchemin, j'ai l'impression de pouvoir l'entendre murmurer à nouveau mon prénom et distinguer sa faible voix prononcer un adorable "je t'aime".
En entrant enfin sous l'eau brûlante de la douche, mon corps entier s'empli de joie et le moindre de mes muscle semble se relâcher. L'espace d'un instant, j'ose espérer que Kerian me rejoigne sous cette douche. Je peux encore sentir ses mains posées sur mes hanches frêles et son souffle caresser ma nuque alors qu'il me rejoignait sous la douche pour la première fois chez moi. Je peux encore voir son impressionnante musculature se coller à la mienne tandis que sa main glissait le long de mon sexe. J'ai la vague impression de pouvoir à nouveau sentir ses mains le caresser, et je me surprends à penser que toutes ces sensations me manquent. Je ne peux pas nier le fait que j'aime cet étrange côté gentleman, le fait qu'il n'ait pas voulu abuser de moi alors que j'étais saoule l'autre soir, mais sa fourberie et son côté légèrement obsédé commence à me manquer ! Et alors que mon esprit continue de se remémorer tous ces souvenirs, je sens ma main se glisser sur ma fleure, je me sens virer au cramoisie à la seconde ou ma main a le malheur d'effleurer mon sexe. Mais ce sentiment de honte est rapidement balayé par une folle envie de ressentir à nouveau du plaisir. Glissant délicatement un doigts dans mon sexe, je ne peux que m'imaginer qu'il s'agisse de Kerian, je ne peux qu'imaginer qu'il soit là, face à moi, empoignant ma hanche d'une main tandis que son autre menotte serait occupée à me donner du plaisir. J'accélère la cadence en imaginant le beau blond dévorant ma lèvre inférieur. J'ai l'impression de sentir son souffle caresser ma nuque pour couler le long de ma colonne vertébrale, l'impression de l'entendre me murmurer des mots osés à l'oreille, de sentir son sexe caresser délicatement le mien. Je sens mes jambes flancher et rester silencieuse s'avère de plus en plus compliqué.

- C'est pas vrai, qu'est-ce que tu fais, Holly, je murmure à voix haute en trouvant enfin la force de sortir de sous cette douche.

Balayant la pièce du regard, je ne parviens à trouver aucune serviette, c'est pas vrai.

- Kerian, j'ai besoin d'une serviette, je beugle à travers la porte sans obtenir aucune réponse.

Je dois bien attendre deux bonnes minutes avant d'enfin me décider à quitter la salle de bain, totalement nue, pour me mettre en quête d'une serviette de bain. Mon corps est désormais gelé mais ma respiration en demeure saccadée. Il ne doit pas être dans la chambre, il doit être sorti pour chercher quelque-chose à se mettre sous la dent. Et c'est ainsi que ma main empoigne la poignée de la porte avant d'ouvrir en grand, le corps tremblant et les joues toujours rougies pas l'envie. Mais à la seconde ou mon regard se pose sur le blondinet, assis sur le rebord du lit, une petite photo à la main, mon cœur s'arrête. C'est pas vrai, qu'est-ce qu'il fait là ? Je le pensais sorti.

Soulmate - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant