Chapitre 31

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Kerian

  En la voyant débouler dans la voiture, je me marre. Putain, je savais qu'Owen ne réussirai pas à lui faire boire cette foutue boisson concoctée par un petit génie du cours de sciences.

- Jensen ?

  J'exécute une fausse mine surprise tout en fusillant Owen du regard. Il faut que ça paraisse crédible.

- Ferme-là et démarre, grogne Owen.

  Il s'avachit au fond du siège, le visage renfrogné. Je n'arrive pas à croire que je m'apprête à obéir à Peter en piégeant Holly. Putain, si elle l'apprend, elle ne me le pardonnera jamais. Cette soirée n'est qu'une putain de ruse, Jil est dans le coup depuis le début. Je lui au moi-même demandé de parler de cette soirée devant Rachel, je savais pertinemment que ma frangine ne voudrait rater cette petite fête sous aucun prétexte. Mais je savais aussi qu'elle serait un foutu frein à la réalisation de mon pari si elle s'y pointait.

  En arrivant devant la baraque de Jil, je ne peux quitter des yeux ma petite blondinette. Je ne peux pas le faire, plus les secondes passent et plus je me sens mal de me servir d'elle de la sorte. Fait chier, Peter va me le payer. Mais une chose est sûre, je préfère encore agir tel un connard avec Holly plutôt que de la laisser coucher avec cet petite merde. Et à la seconde ou Owen et moi descendons de la voiture, je n'ose plus jeter un seule regard à sa cadette. Si je croise ses sublimes yeux verts, alors je ne trouverai pas la force de le faire. Si je me retrouve face à son adorable visage, je serais incapable de me servir d'elle comme je m'apprête à le faire.

- Alors, prêt pour ce soir, roucoule Peter à la seconde ou Owen et moi arrivons à la porte.

  Le ton amusé de cette petite merde me fait virer au rouge. Putain, s'il ne ferme pas sa gueule, je le bute. Hors de question qu'Owen soit au courant de cette foutue histoire.

- Owen, tu devrais entrer, il te rejoindra, chantonne à son tour Jil.

  Je n'aurais jamais dû la mettre dans la confidence, je n'aurais jamais dû ouvrir ma gueule.

  Owen s'exécute sans même poser de questions, suivant un groupe de deux nanas à l'intérieur de la baraque.

- Ferme ta gueule, Peter, je grogne tout en bousculant l'épaule de ce con.

- Calmez-vous les garçons. Ecoute, Kerian. Quand j'appellerai pour le jeu, toi, tu arriveras comme un foutu sauveur. Le tour sera joué.

- Sauf si je m'en occupe avant.

  Sa voix rauque me fout la gerbe.

- J'ai changé les règles, ajoute-t-il.

- Quoi ?

- Pourquoi est-ce qu'on se contenterai de la baiser quand on peut la faire tomber amoureuse ? C'est bien plus amusant, et je double la mise.

- Tu fais chier, Peter.

  En me réveillant en sursaut, j'ai une effroyable envie de gerber. Putain, je n'avais plus repensé à cette soirée depuis bien longtemps. Comment est-ce que j'ai pu faire une chose pareille ? Holly a toujours cru que je l'avais sauvée ce soir là, mais la vérité, c'est que cette soirée n'était qu'un foutu jeu, un plan dans le seul et unique but de la mettre en confiance. Et là voilà, sept longues années plus tard, prête à me pardonner pour la énième fois.
  En bondissant de ce foutu lit d'hôtel, mon cœur se resserre. Je ne peux pas croire que j'ai accepté de retourner à Miami. Mes parents doivent me détester et les Jensen me haïr. Tandis que j'enfile des affaires prise au hasard dans ma valise, je ne peux arrêter de repenser à ce foutu rêve. Et si je n'étais pas allé jusqu'au bout, si j'avais refusé dès le début, ou est-ce qu'Holly et moi pourrions bien être à cette heure-ci ? Non, putain, je n'ai pas le droit de penser que ce pari était peut-être une bonne chose, je n'ai pas le droit de penser cette connerie.
  Chassant brusquement cette idée de ma tête, je termine de me préparer avant de quitter l'hôtel, rejoignant le grand centre commercial Macy's. En plus de me pointer à l'improviste, je ne peux pas me pointer sans rien. Mais j'ai à peine fait deux magasins que, dans une bijouterie, mon regard est subitement attiré en direction d'un grand brun à la foutue mèche tombante. C'est pas vrai, dites moi que c'est une putain de blague ! Voir son visage couvert de bleus me fait presque marrer. Il l'a mérité. Il n'avait pas à toucher à Holly.

- Putain.

  Mon grognement lui fait faire volte-face, plongeant son regard empli de colère dans le mien.

- Qu'est-ce que tu fous là ? Grince le brun à la sale gueule.

- Je ne suis pas venu te casser la gueule, rassure-toi.

  Il me repousse à l'extérieur du magasin, attirant quelques regards inquièts dans notre direction.

- Moi je venais acheter des cadeaux pour les Jensen. Tu sais pourquoi ? Parce-que contrairement à toi, ils m'apprécient. Madame Jensen a tout de suite vu que tu n'étais pas pour Holly.

  C'est pas vrai, il cherche la merde, et cette fois je n'y suis pour rien. Voir qu'il tente de me tenir une nouvelle fois tête me fait cependant marrer. Il savait à quoi s'attendre en sortant avec Holly, il savait pertinemment que je lui tomberai dessus à la seconde ou je le saurais, et il savait pertinemment ce qu'il était pour elle, une simple foutue manière de m'oublier.

- Et il est même probable que cette chère madame Jensen t'aime bien plus qu'Holly n'en a jamais été capable.

  Mon gloussement le fait virer au rouge. Quoi ? Est-ce qu'il veut vraiment en venir aux mains ici ? Au beau milieu de ce centre commercial ? J'ai du cogner cette petite merde bien plus fort que ce que je ne pensais parce qu'il est évident qu'il semble avoir perdu la tête.

- Tu penses pouvoir te tirer sept ans et revenir baiser ma copine comme si de rien n'était ?

  Encore une fois je me marre. Le beuglement de cette petite merde de Leo a fait se retourner bon nombre de personnes dans notre direction, attirant quelques commères désireuses de connaître le fin mot de cette histoire.

- Premièrement, Holly n'est plus à toi. Ensuite, je ne l'ai pas encore baisé. Même quand elle s'est pointée en sous-vêtements à ma chambre d'hôtel. Et tu sais quoi, petite merde ? J'ai décidé de l'accompagner à Miami. Comme ça je pourrais m'assurer que tu gardes tes sales pattes loin d'elle. Et là-bas, j'aurais tout le loisir de me faire pardonner. A moins que ça soit déjà fait !

  Il me repousse violemment en arrière, me faisant reculer de deux grands pas. Ma colère monte en flèche et je dois me faire violence pour ne pas lui en foutre une. Je ne me retrouverai pas au poste pour avoir cassé ma gueule de ce connard pour la énième fois. Pas devant tout ces gens, j'ai encore en horreur la mine apeurée d'Holly lorsque j'ai réglé ce compte à la petite merde face à moi, et je ne veux plus jamais discerner ce regard sur le beau visage d'Holly.

- Peut-être qu'elle en a eu marre de ce taper un type qui ne savait pas se servir de sa queue !

  Tous les inconnus autour de nous se tordent de rire tandis que Leo blêmit.

- Ferme ta gueule, Kerian.

- Ou bien peut-être qu'elle a décidé de me laisser une énième chance parce qu'elle ressent pour moi ce qu'elle n'a jamais réussi à ressentir pour toi, morveux. Malgré tous tes efforts, toutes tes tentatives pour qu'elle parvienne à m'oublier avec toi, elle n'a jamais réussi à passer à autre chose. Je pense que tu sais ce que ça veut dire ; Holly ne t'a jamais aimé, et elle ne t'aimera jamais. Holly ne sera jamais à toi, et si tu t'approches encore d'elle je m'arrangerai pour que tu disparaisses de cette foutue planète.

  Il recule d'un pas, comme résigné. Est-ce que j'aurais réussi à faire voir les choses en face à ce morveux ?

- Tu la fera souffrir, comme tu l'as toujours fait.

  Il ne me laisse pas le temps de répondre et tourne les talons pour accourir, furieux, vers les portes du centre commercial.
  Il ne peut pas avoir raison, et je compte le prouver à toutes ces foutues personnes qui nous entoure. Je montrerai à Holly que je peux être celui qu'elle a toujours attendu. Jamais je ne lui parlerai de ce que j'ai fait à Paris, jamais je ne lui parlerai de ce qu'il s'est passé là-bas, parce que si elle l'apprend ; alors je la perdrai à jamais.

Soulmate - Tome 3Where stories live. Discover now